Un véritable carnage a été évité de justesse durant la nuit de lundi, dans la ville de Bouira. Deux bombes dissimulées dans des sacs en plastique ont été désamorcées à temps par les services de sécurité alors que la ville grouillait encore de monde en cette 16e nuit de Ramadan.
La première bombe a été découverte, dissimulée sous un véhicule touristique, stationné à quelques mètres du siège de la Wilaya, au niveau du grand boulevard, face à une cafétéria où des dizaines de familles, hommes, femmes et enfants, étaient attablées, savourant des glaces et autres boissons fraîches.
L’engin suspect a été remarqué par des citoyens avant que les policiers, qui étaient en faction sur les lieux, ne prennent les choses en main en bouclant le périmètre et avisant les artificiers de la Gendarmerie nationale qui n’ont pas tarder à se manifester. Cela s’est passé aux environs de minuit et les artificiers ont usé de tout leur art en tirant l’engin, un sac en plastique, à l’aide d’une corde avant de le déposer minutieusement dans un véhicule et le transporter vers un terrain vague situé à la périphérie ouest, près du stade Opow pour le faire exploser. La déflagration qui a eu lieu aux environs de 2 heures du matin a été entendue par tous les citoyens de la ville et ses environs. Quelques heures plus tard, vers 3 h du matin, un autre engin explosif a été découvert devant le siège de la 2e Sûreté urbaine. Là aussi, l’endroit est très fréquenté par des centaines de citoyens, notamment des familles qui se déplacent depuis le quartier populaire de l’Ecotec vers la cité Ouest et le boulevard principal de la wilaya, qui a failli être quelques heures plus tôt le théâtre d’un véritable carnage.
Les artificiers de la Gendarmerie nationale ont réussi à déplacer l’engin explosif vers le terrain vague où il fut explosé, avec le même effet que le premier mais cette fois-ci, aux environs de 4 heures du matin, soit quelques minutes avant la fin du shour. L’information concernant ces deux bombes, qui ont été désamorcées et découvertes à temps grâce à la vigilance des citoyens et des policiers qui se sont déployés en nombre depuis le premier jour du Ramadan, a fait le tour de la ville, jetant l’émoi parmi la population. La question de la sécurisation de nos villes mais également celle de la finalité de ces actes barbares qui visent une population qui croyait en avoir fini avec le terrorisme et ses malheurs et qui ne demandait qu’à vivre heureuse dans son propre pays sont relancées. Ainsi, depuis le début de cet été, et grâce à la réalisation d’un grand boulevard le long du siège de la Wilaya et l’installation de plusieurs buvettes et autres cafétérias, le lieu est devenu l’attraction première des familles bouiries qui n’hésitent plus à sortir le soir pour se permettre un moment d’évasion et de goûter aux glaces et autres fraîcheurs servies en plein air. Des habitudes que les familles bouiries commençaient à adopter pour sortir du carcan moyenâgeux dans lequel le terrorisme voulait les installer durablement.
Cependant, au niveau de la wilaya, l’information faisant état de présence de groupes terroristes qui rôdaient dans les campagnes isolées, et qui faisaient même, comme c’est le cas pour le village Ouled Aïssa, à Kadiria, payer aux humbles habitants, la zakat, ajoutée à l’acte odieux dont a été victime le jeune citoyen de la commune d’Aomar égorgé par des terroristes, mercredi dernier, et à l’opération kamikaze qui a ciblé le commissariat de Tizi Ouzou samedi dernier, qui a été largement commentée ici à Bouira, n’étaient pas pour rassurer une population peu encline au discours officiel qui a toujours sous-estimé les capacités de nuisance des terroristes. Pour rappel, la ville de Bouira avait connu par le passé des actes terroristes dont le dernier en date remonte au 20 août 2008 où deux opérations kamikazes, commises devant l’hôtel Sofy, où résidaient les travailleurs de l’entreprise canadienne Lavalin, et le secteur militaire, avaient fait 14 morts et plus de 33 blessés.
Rappelons, enfin, que durant toute la journée d’hier, une réunion du conseil de sécurité présidée par le wali a eu lieu pour évaluer la situation et, probablement, prendre des mesures supplémentaires pour faire face à cette nouvelle donne. En attendant, la population est comme tétanisée, surtout que les sorties nocturnes commençaient, comme nous l’avons évoqué plus haut, à devenir habituelles, au grand bonheur des femmes. Quelle sera la réaction après ces deux tentatives terroristes ? La réponse, nous l’aurons dans les jours à venir.
H. M.