Deux ans après Moubarak, le pays en proie à la violence ,Où va l’Egypte de Morsi ?

Deux ans après Moubarak, le pays en proie à la violence ,Où va l’Egypte de Morsi ?
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Après l’euphorie la désillusion ? Pour l’heure en tout cas, le pays des Pharaons peine à trouver ses marques. Pire, il est déchiré par des heurts fratricides parfois sanglants. Islamistes et laïcs s’affrontent sans répit, chacun des deux camps voulant récolter le meilleur d’une révolution qui avait annoncé pourtant de belles couleurs printanières. Celles-ci se dessineront-elles un jour ?

Deux configurations distinctes : l’Égypte et la Tunisie. Mais parlons aujourd’hui de L’Égypte, où le président a décidé de jouer l’épreuve de force en maintenant son référendum sur une nouvelle Constitution.

Le président Morsi s’est adjugé les pleins pouvoirs pour faire adopter une nouvelle constitution accusée de menacer des droits pour lesquels les manifestants de la place Tahrir s’étaient battus, la liberté d’expression et l’état de droit, avec application de la loi islamique, au point que plusieurs journaux ont titré : «Non à la dictature».

Ce sont deux Égypte qui se heurtent violemment depuis quelques jours devant le palais présidentiel, celle des «Frères» et celle des libéraux et de la gauche. À l’intérieur de l’État, des fissures se font également jour, notamment dans l’appareil judiciaire que Morsi entend mettre au pas. Ce dernier veut passer en force même si, électoralement à l’épreuve du pouvoir, les islamistes ont déçus les espoirs de cette Égypte profonde sur laquelle il s’appuie. En clair : l’on est trop loin de cette liesse engendrée par un «printemps arabe» qui a vu la descente aux enfers de l’ancien Rais désormais entre la vie et la mort dans un centre de soins de la résidence de Charm el-Cheikh. L’Egypte de l’après-Moubarek est en ébullition depuis le 22 novembre dernier, date fatidique à laquelle Mohamed Morsi décida de s’octroyer des prérogatives qui le placent hors de tout contrôle judicaire et font de lui un dictateur virtuel. Une partie de ses compatriotes, ses coreligionnaires des frères musulmans, le soutient.

De l’autre côté, une autre partie décide de l’affronter et s’oppose à ce qui, à ses yeux, s’apparente à une trahison de la révolution de 2011 qui fit partir un Moubarak vomi de tous.

Dans cette crise qui fait se regarder en chiens de faïence deux pans de la société égyptienne, Morsi est désormais pris en sandwich.

Reculer lui semble pratiquement impossible : primo, il est trop avancé pour faire machine arrière, ce qui s’apparenterait, en tous points, à une bien piteuse débandade ; secundo, persister serait diabolique, tant les adversaires en face font preuve d’une ténacité frisant le jusqu’au-boutisme. L’homme ne sait plus sur quel pied danser, même s’il essaie de donner le change.

Au rythme où vont les choses dans ce pays qui ressemble désormais à un chaudron en ébullition, on ne voit pas quelle décision pourrait apaiser, comme par miracle, tant de passions à la fois contraires et exacerbées.

L’Egypte se trouve à la croisée des chemins, et malheureusement, il semble qu’elle ait autant de chances de récupérer de ce mal profond que de sombrer dans un abysse sans fond. Dans l’éventualité de la seconde possibilité, on se demande quelle aura été l’utilité d’avoir chassé Moubarak si c’était pour le remplacer par pire que lui.