Deux algériens sont toujours en détention dans la prison de Guantanamo Bay, de l’enclave américaine à Cuba 14 ans après son ouverture. Dans une dernière liste rendue public, avant-hier, par le ministère américain de la défense (Pentagone) , 115 détenus en majorité des yéménites et des saoudiens sont toujours incarcérés dans le camp X-Ray à Guantanamo.
Selon la transcription américaine de cette liste nominative, Il s’agit de Abdelrezak Ali Bakhouche, identifié sous le code d’incarcération ISN685 et Sofiane Barhoumi identifié sous le code ISN694.
Dans le portait qui accompagne chaque nom, Bakhouche est présenté comme un ancien porte-parole du gouvernement des Talibans en Afghanistan et un fonctionnaire de ce gouvernement. Il aurait même occupé un poste ministériel. Arrêté en 2002 suite à l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, il n’a jamais été reconnu coupable de terrorisme. Aucune charge officielle ne figure dans son dossier. Il est désigné sous le vocable de « combattants ennemi ».
En janvier 2010, un juge fédéral du Pentagone a ordonné son jugement qui n’a jamais eu lieu. Toutefois, le 23 juin 2011, un juge fédéral ordonna son maintien en détention. Barhoumi quant a lui, a été jugé le 3 septembre 2009 puis maintenu en détention par trois juges fédéraux de Washington DC le 22 juin 2010 suite au refus de son recours.
Ces algériens sont les derniers d’une liste de 25 qui ont été incarcérés depuis novembre 2001 à Guantanamo dont six kidnappés de Sarajevo en janvier 2002 par la CIA le jour de leur relaxe par la cour suprême suite à des accusations de préparation d’attentats contre l’ambassade des Etats-Unis.
Au total, 779 pensionnaires dont 60 mineurs sont passés par ce sinistre établissement pénitencier entre 2002 et décembre 2008. Il en restait 209 à la mi-juin 2009 puis 115 à ce jour.
Ces prisonniers, arrêté en Afghanistan, Pakistan ou ailleurs ont été considérés par l’administration Bush comme des « combattants ennemis « non protégés par les Conventions de Genève sur les prisonniers de guerre.
Une vingtaine d’entre eux est en cours de jugement devant les commissions militaires de Guantanamo. Neuf détenus sont morts à Guantanamo, le dernier en date étant Adnan Fahran Abdul Latif.
De nombreux témoignages de torture ont été rapportés, et des membres de l’administration ont parfois avoué des sévices. Tous les algériens libérés ont révélé avoir subi des tortures permanentes dont Belkacem Bensayah, l’un des six algériens enlevés en Bosnie, avait eu trois côtes et les doigts fracturés.
Suite à une visite effectuée à Guantanamo Bay par des représentants du ministère de la Justice en 2007, les autorités algériennes avaient accepté d’accueillir 17 pensionnaires algériens de la prison américaine. Neuf sont retournés en Algérie et les autres ont préféré se rendre en France, Albanie ou la Bosnie. Le Pentagone ne précise pas si les deux algériens restant ont été acceptés par l’Algérie ou s’ils avaient refusé cette destination.
Toutefois, les autorités avaient évoqué avoir rencontré des problèmes pour établir la véritable identité de certains détenus. La majorité des prisonniers de Guantanamo avaient contesté leur détention. Des lors, plus de 200 de requêtes d’habeas corpus ont été déposés par des détenus de Guantanamo pour contester leur détention arbitraire.
L’administration de l’ex-président George Bush leur a refusé ce droit, arguant que la base de Guantanamo n’était pas sur le territoire américain et que les lois américaines ne s’appliquaient donc pas à eux ; tandis que leur statut inédit de combattant ennemi leur interdisait toute protection des Conventions de Genève. Toutefois, l’Algérien Lakhdar Boumedienne, l’un des six enlevés en Bosnie, avait porté plainte contre Bush devant les tribunaux pour détention illégale. Son affaire avait défrayé alors la chronique judiciaire en 2007 et suite à laquelle il a obtenu sa libération.
Il a constitué la brèche qui a permis à beaucoup de prisonniers de retrouver leur liberté. En juin 2006, la Cour suprême des États-Unis a déclaré illégales les procédures judiciaires d’exception mises en place à Guantánamo. Le président Barack Obama avait promis sa fermeture, une décision qui n’a pas encore été entérinée à ce jour.