Les panneaux réservés à l’affichage des listes des candidats sont toujours «vierges»
Les candidats sillonnent les différentes wilayas du pays pour tenter de convaincre un électorat désabusé.
La campagne électorale pour les élections législatives du 10 mai ne freine pas des quatre fers, mais de trois. Le deuil national de 8 jours décrété suite au décès du première président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, les intempéries qui empêchent un libre mouvement des candidats et une campagne d’affichage intense et enfin les mouvements de grève qui se manifestent un peu partout à travers les quatre coins du pays, sont autant d’arguments qui font que cette campagne peine à «décoller». Pourtant, jamais un nombre aussi important de partis politiques en lice n’a été enregistré par le passé. Et le désintérêt qu’affiche la population à l’égard des élections législatives du 10 mai prochain affecte les partis politiques. Cela se ressent à travers les campagne d’affichage après deux jours après du début officiel de la campagne électorale. Les panneaux réservés à l’affichage des listes des candidats sont toujours «vierges». Si le FLN, le RND et l’Alliance verte ont, dès les premières heures placardé leurs affiches, ce n’est pas le cas pour les 41 autres partis qui ont décidément d’autres chats à fouetter. Dans certaines communes, les panneaux sont carrément arrachés par les citoyens pour exprimer leur mécontentement et leur rejet des élections. Car, ces élections interviennent dans un contexte social tendu qui encourage les citoyens à bouder les urnes.
Et pour cause! Pour amener les citoyens à accomplir le devoir électoral, il faut qu’un ensemble de conditions soient réunies. A commencer par le confortement de leur pouvoir d’achat qui ne pourrait se faire qu’à travers la maîtrise de l’inflation et l’accessibilité aux produits de large consommation.
Ce qui n’est pas le cas dans les marchés gérés par la spéculation et dont les prix donnent le vertige même aux plus nantis.
En effet, les prix des fruits et légumes ont pris des allures ascendantes ces derniers jours à telle enseigne que les marchés sont devenus infréquentables, notamment pour les faibles et moyennes bourses. La pomme de terre est vendue à 100 dinars le kilo, la tomate verte à 140 dinars, la courgette à 150 dinars. Autant d’éléments qui plaident pour le boycott des élections notamment lorsqu’on sait que les citoyens parlent plutôt de la promotion sociale de 462 individus que de vote.
La campagne électorale coïncide également avec une ébullition dans plusieurs corporations qui vivent au rythme des mouvements de protestation. Le secteur de l’éducation et celui de la santé sont secoués par des grèves cycliques initiées par les syndicats autonomes. Les travailleurs des communes sont appelés, eux aussi, par leur syndicat à une grève générale de trois jours à compter du 23 avril prochain. Une grève qui intervient au moment où la campagne électorale devait battre son plein.
L’autre élément à prendre en considération dans cette timidité du début de campagne est que celle-ci intervient en plein deuil national. Le chef de l’Etat a décidé, en effet, d’observer huit jours de deuil en raison du décès du premier président algérien, Ahmed Ben Bella.
C’est, en effet, la première fois que l’Algérie aborde une campagne électorale en plein deuil national.
Tous ces éléments font que ces premiers jours de la campagne électorale sont maussades.
Cependant, il y a d’autres facteurs qu’il faut prendre en considération. Il est tout de même étonnant que parmi tous les partis qui composent la scène politique algérienne, seul un parti a un avis différent des autres. Le RCD est l’unique parti qui a pris la décision de boycotter les élections alors que 44 autres formations ont décidé d’y participer.
Le FLN qui a débuté la campagne en pleine crise fait face à une contestation même en France où huit partis demandent l’exclusion de sa liste.
Le parti de M.Belkhadem n’hésite pas à utiliser les symboles de la Révolution pour ses fins, ce qui est interdit par la loi. Sur ses affiches électorales, on peut lire cette phrase: «Front de libération, on vous a fait une promesse». Pour rétorquer aux partisans de la remise du FLN au musée de l’Histoire, les dirigeants du parti expliquent que le FLN d’aujourd’hui n’est pas celui de 1954-1962. Il n’empêche, que le FLN d’aujourd’hui récupère à son compte les engagements faits au FLN d’hier. Pourvu que ça vote!