L’Algérie doit garder ses placements en devises aux Etats-Unis sous forme de bons de Trésor américains en dépit de l’abaissement de la dette de ce pays par l’agence de notation Standard & Poor’s, a estimé l’expert M. Abderrahmane Mebtoul.
« L’Algérie ne risque rien car ces placements sont garantis par les Etats et déposés dans les Banques centrales et elle a tout intérêt à les garder à terme », a expliqué cet économiste. Selon lui, l’Algérie risque la dépréciation de ces placements si elle décide de les revendre avant leur arrivée à terme sur un marché libre qui connaît actuellement une décote importante.
« Il se pose la question de la dépréciation (des placements) sur les marchés libres en cas de revente avant terme. Pour l’Algérie, il s’agit d’analyser les rendements, de voir si les placements l’ont été à court terme ou à moyen terme », précise-t-il. Et d’affirmer que « l’Algérie doit opter pour le statu quo en attendant au moins l’arrivée de ces placements à terme ». D’ailleurs, les plus grands créanciers des Etats-Unis, à savoir la Chine et le Japon n’ont pas décidé de retirer leurs placements, note M. Mebtoul. « Effectivement, il faut s’inquiéter de la dégradation de la note de la dette américaine, mais il faut éviter la sinistrose car si la Standard & Poor’s a dégradé la note américaine, après l’agence de notation chinoise (Dagong), elle n’a pas pour l’instant été suivie par des agences aussi importantes comme Fitch Rating et Moody’s », commente cet analyste. « Je ne crois pas à la faillite de l’économie américaine », car selon lui la situation de défaut de paiement que les Etats-Unis ont évité de justesse est interne et non pas externe.
En tant que premier investisseur mondial, les Etats-Unis sont en mesure de mobiliser des capitaux importants de par le monde », explique encore cet expert. Par ailleurs, l’impact de la dégradation de la note de cette dette va peser sur les taux d’intérêt appliqués sur la dette américaine. « La hausse prévisible des taux d’intérêts avec le risque d’un ralentissement des investissements porteurs à maturation lente, combinée avec la dépréciation du dollar entraînera une poussée inflationniste », aux Etats-Unis comme en Europe, prévoit-il. « Pour l’Algérie qui importe 75% de ses besoins (entreprises et ménages selon les statistiques douanières) cela signifie également la hausse de la facture des importations », met en garde cet expert. « Il faudrait entamer un débat serein sur les options d’utilisation des réserves de change pour éviter des rumeurs dévastatrices nuisibles à l’Algérie », préconise encore cet expert.