Une enquête révèle la disparition de dizaines de milliards aux œuvres sociales du secteur des télécoms. Douze responsables poursuivis pour abus et détournement.
Une affaire sensible secoue de nouveau le secteur de Poste et de télécommunications. La Fédération nationale des travailleurs du poste et des communications révèle que des enquêtes menées par les services de sécurité ont mis au jour la disparition de dizaines de milliards de centimes provenant des œuvres sociales des travailleurs.
Ces fonds étaient gérés, durant plusieurs années, par la Mutuelle nationale des travailleurs du secteur. Douze personnes, occupant différents niveaux de responsabilité, seraient impliquées dans cette affaire qui fait grand bruit.
Alertes ignorées pendant des années
Selon le quotidien Echourouk, le secrétaire général de la Fédération, Mohamed Bourouba, a expliqué que la section syndicale d’Algérie Télécom, affiliée à l’UGTA, avait déposé une plainte officielle pour récupérer les fonds des œuvres sociales gérés par la Mutuelle nationale entre 2003 et 2015.
Il rappelle que, lorsqu’ils siégeaient dans le comité des œuvres sociales d’Algérie Télécom, les responsables de la mutuelle réclamaient la restitution de ces montants. Mais une fois devenus gestionnaires, la situation a changé : les fonds n’ont jamais été restitués et ont continué d’être utilisés par la mutuelle.
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Selon Bourouba, le président du comité des œuvres sociales a adressé plusieurs correspondances pour exiger la restitution des sommes, sans recevoir la moindre réponse.
Dans le même temps, le secteur du courrier a réussi à récupérer une première tranche d’environ huit milliards de centimes. Ce qui a poussé la Fédération à saisir officiellement les services de sécurité.
Enquête approfondie et accusations
Les investigations menées pendant plusieurs mois par la gendarmerie nationale ont confirmé la disparition de montants importants. Ces montants sont estimés à plusieurs dizaines de milliards de centimes.
Douze personnes ont été entendues et poursuivies pour des accusations graves. Parmi ces accusations : la trahison de confiance, l’abus de pouvoir et le détournement de fonds publics.
Pour Bourouba, la situation est d’autant plus préoccupante que les fonds destinés aux œuvres sociales sont considérés comme des fonds administratifs, alors que les ressources de la mutuelle appartiennent aux adhérents.
La confusion entre ces deux types de fonds a ouvert la porte à de nombreuses dérives.
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Relance de la mutuelle
À cause de ces dysfonctionnements, le ministère du Travail avait gelé l’activité de la Mutuelle nationale pendant plusieurs années. Les soupçons entourant la gestion des œuvres sociales figuraient parmi les motifs principaux de cette décision.
Aujourd’hui, la mutuelle a été réactivée. Des élections ont été organisées dans tout le pays, aboutissant à l’installation d’un conseil national de 65 membres. Celui-ci devra élire un nouveau conseil d’administration chargé de rétablir la confiance et d’assurer une gestion plus transparente.
Cette reprise d’activité permettra de rétablir les prestations sociales et sanitaires au profit de plus de 90 000 travailleurs et retraités.
La mutuelle couvre près de 50 % des dépenses liées aux opérations chirurgicales ainsi qu’aux examens médicaux. Mais elle couvre aussi les aides destinées au décès, au mariage, à la circoncision et à d’autres événements sociaux.
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