Destruction des biens publics et privés, de nombreux citoyens indignés

Destruction des biens publics et privés, de nombreux citoyens indignés

De nombreux citoyens ont déploré vendredi la manière dont des groupes de jeunes ont protesté contre la hausse des prix de produits de première consommation, estimant que les manipulations sont « toujours possibles avec cette frange de la population « .

« Dans bien des pays en développement ou industrialisés, des augmentations, voire des mesures très sévères comme en Grande Bretagne, Portugal, Grèce , n’ont pas provoqué de violences », a relevé un enseignant en retraite, M. Rachid B, visiblement étonné par ce brusque mouvement de protestation même si la « malvie » touche un pan important de cette jeunesse.

« Quand on parle de flambée des prix, je vois des travailleurs manifester et non pas forcément des jeunes », a-t-il ajouté, notant que dans ces pays « soumis à l’approbation populaire, les mesures d’austérité, de diminution des salaires, et certaines prestation sociales exceptionnellement impopulaires et drastiques, n’ont nullement provoqué autant d’actes de violence ».

« La vie est de plus en plus chère, certes, mais nos jeunes n’avaient vraiment pas besoin de s’exprimer de cette manière », affirme M.H Mourad, chauffeur de taxi.

« J’ai parfois l’impression qu’ils sont inconscients », a-t-il poursuivi, relevant que brûler un bus ou casser un candélabre d’éclairage public c’est « surtout pénaliser le commun des citoyens des bienfaits de la vie citadine ». « Il faut occuper nos jeunes en renforçant la création d’emplois et multiplier les centres de loisirs » , a renchéri une cliente de ce taxi, assurant qu’elle sait « de quoi (elle) parle », étant psychologue en OSP (orientation scolaire et professionnelle). Les jeunes « ont le droit d’exprimer leur mal-vie, mais surtout pas de cette manière violente qui d’ailleurs ne mène à rien » . « Il leur faut une occupation, une occupation, une occupation…C’est tout » , a-telle martelé.

Destruction d’une usine à Baraki: 300 emplois perdus

Au marché d’El-Harrach où chacun s’improvisait analyste de situation, un commerçant de fruits et légumes laissa choir qu’il ne voyait pas « de lien apparent entre la flambée , dans le monde, des prix du sucre, et ces mouvements de jeunes qui cassent plus qu’ils ne construisent « . « Je ne sais ce qu’il y a dans leur tête, la jeunesse d’aujourd’hui étant imprévisible, mais j’ai une envie de leur faire comprendre que saccager et piller » les biens d’utilité publique « n’est pas la solution ».

« C’est simple, le résultat est que moi qui n’y suis pour rien dans le prix du sucre, je suis victime car je ne peux pas utiliser le bus, la poste, la mairie que mon pays a mis à ma disposition » , a-t-il dit. Il s’est demandé comment peut-on admettre de tels actes lorsque, par exemple à Baraki, la destruction de l’usine Continental, spécialisée dans le montage de téléviseurs, a fait perdre 300 postes d’emploi. La destruction d’un musée à Sidi M’hamed (Alger) a eu également pour conséquence la perte d’un nombre important d’emplois.

Des réactions similaires ont été recueillies à Staoueli , Cheraga, Ain Benian, et Alger–centre où un fonctionnaire a, lui aussi, insisté sur la nécessité de se pencher davantage sur les fléaux qui minent la jeunesse, et améliorer leur cadre de vie. « Certes l’Etat déploie d’énormes moyens pour satisfaire les besoins de la jeunesse, mais ne peut cependant répondre à moindre coût à ces attentes spécifiques en termes de logement et d’emplois mais aussi de qualité de vie » , a-t-il ajouté, notant que « l’accumulation des retards est telle qu’il est difficile de tout satisfaire en une période somme toute très courte dans la vie des nations ».

Un économiste D. Mouloud, a affirmé que « les recette pétrolières affichées font illusion et on oublie un peu trop rapidement que toutes les recettes des hydrocarbures de cette année ne représentent que le chiffre d’affaires d’une seule grande multinationale » . Il a poursuivi que  » rien que pour son développement, une société d’un pays asiatique émergent, bien connue chez nous, a décidé de consacrer plus 30 milliards de dollars uniquement pour améliorer ses produits existants ».

« Les investissements colossaux engagés, comme en attestent les organisations financières internationales , ont permis un redécollage du développement économique et social du pays », a-t-il ajouté.  » Imaginez un peu où nous en serions si ces barrages, ces routes, ces millions de logements et autres infrastructures socio-éducatives, n’avaient pas été réalisées ces dernières années.

On oublie que, le premier quinquennat du début de cette décennie, n’a bénéficié que moins de 10 milliards de dollars ». « Ce n’est que ces 5 dernières année, que l’Etat a bénéficié de recettes exceptionnelles qui ont tout de même permis de résorber une grande partie des retards accumulés, et ouvert des perspectives historiques inédites, pour un vrai décollage économique et social du pays », a-t-il dit. De son côté, un sociologue illustre ces propos en relevant que « la construction d’un barrage prend de nombreuses années avant sa mise en service, et nécessite des milliards de dollars pour sa réalisation, mais dès lors qu’on a de l’eau courante, personne ne s’intéresse à ce qu’elle coûté à la collectivité ». « Il reste, a-t-il soutenu, que c’est dans la nature des Hommes de toujours souhaiter plus et plus vite. Les acteurs de la société civile et politique, en retrait par rapport aux enjeux de l’heure, doivent s’impliquer, et faire comprendre que tout peut s’acheter sauf le temps », a-t-il conclu.