La nomination de l’architecte Jean Nouvel pour la restauration de la Casbah d’Alger a suscité la colère des experts locaux et l’indignation des citoyens.
La wilaya d’Alger a répondu dans un communiqué aux critiques contre son choix porté sur l’architecte Jean Nouvel pour la restauration de la Casbah.
Cette décision n’a pas fait l’unanimité auprès des experts locaux. “J’estime que Jean Nouvel n’a pas d’expérience et de références dans le domaine de la restauration d’un patrimoine tel que la Casbah d’Alger. Pour restaurer la Casbah, il faut d’abord comprendre la sociologie algéroise dont la caractéristique essentielle pour ce site s’illustre par des fenêtres intérieures”, nous a confié hier Adelhamid Boudaoud, président du collège national des experts architectes.
Il a expliqué qu’au sein de la Casbah, la lumière est généralement desservie par le patio et moins fréquemment par une fenêtre donnant sur la rue, car la maison algéroise typique se veut centrée vers l’intérieur, en l’occurrence la cour, un espace de convivialité pour les familles, qui sont plusieurs à occuper la maison.
Pour l’architecture islamique et d’urbanisme des médinas arabo-berbères, on devrait “à la limite confier la restauration de la Casbah à des Turcs pour s’inspirer de la rénovation des Bayazids, ou aux Grecs, Espagnols”, estime M. Boudaoud. À noter que plus de 400 signataires des deux rives de la Méditerranée ont adressé, jeudi dernier, une lettre ouverte à Jean Nouvel lui demandant de se désister de la convention tripartite, que celui-ci a paraphée avec la wilaya d’Alger et la Région de l’Ile-de-France pour “revitaliser” la Casbah d’Alger. “Toute modification de la Casbah qui ne viendrait pas directement de ses habitants doit ainsi faire preuve d’une connaissance et d’un respect sans faille de son passé et son présent, bien au-delà des instructions que la wilaya d’Alger puisse elle-même fournir ou comprendre”, ont argumenté les signataires.
En réaction à cet appel, la wilaya d’Alger a rappelé que “les travaux de la restauration de la Casbah, lancés fin 2016, sont menés par des compétences algériennes à travers 14 bureaux d’études et 17 entreprises mobilisant plus de 200 universitaires entre architectes, techniciens supérieurs et main-d’œuvre 100% algériennes de plus de 1200 ouvriers qualifiés”.
Le coût global de l’opération de mise en œuvre du plan permanent et de la mise en valeur du secteur sauvegardé de la Casbah est de 26 milliards de dinars, dont 24 milliards sont prélevés sur le budget de l’État et 2 milliards de dinars sur le compte de la wilaya. “Le rôle de Jean Nouvel est de fournir des idées et des conseils en matière de la revitalisation de la Casbah et de veiller à l’harmonisation des travaux d’aménagement de la baie d’Alger qui s’étale de la Grande mosquée jusqu’à la Basse-Casbah” répliquent les services de la wilaya d’Alger. Dans le même communiqué, il est en outre précisé que les frais liés aux prestations de l’architecte Jean Nouvel seront pris en charge totalement par le Conseil régional d’Ile-de-France.
Nissa H.