La visite officielle du chef de l’Etat en Allemagne peut être considérée comme un tournant qualitatif très intéressant de la coopération bilatérale.
Au cours de cette visite, l’on peut avancer que sur trois points, les deux parties ont tracé des perspectives prometteuses. D’abord, l’Algérie soutient la candidature de l’Allemagne, quatrième puissance économique mondiale, à occuper légitimement un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
Il est effectivement temps que l’Allemagne retrouve la plénitude des attributs d’une puissance mondiale. Ce sera une occasion d’assurer plus d’équilibre au sein d’une instance qui pratiquement « gère » les affaires mondiales. En outre, le monde entier se remémore la position de ce pays en refusant de s’engager dans la coalition militaire, sous la houlette des Etats-Unis, pour envahir l’Irak. Concernant le dossier du Sahara Occidental, l’Allemagne adhère sincèrement aux résolutions des Nations unies. Elle ne souffle pas le chaud et le froid et surtout elle ne pratique pas l’hypocrisie qui consiste à reconnaître du bout des lèvres les résolutions des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination et dans le même temps à soutenir le Maroc dans sa tentative de colonisation. C’est, malheureusement, cette attitude qui aggrave les tensions, décourage l’émergence d’un Maghreb intégré et empêche un peuple d’accéder à l’indépendance.
Il faut souligner que sur les grands dossiers de politique internationale, il y a une réelle convergence de vues entre l’Algérie et l’Allemagne qui ont toujours entretenu des relations de confiance, de respect mutuel et des liens économiques et commerciaux très solides. D’ailleurs, sur le plan économique, l’Allemagne a beaucoup contribué à la mise en place d’un tissu industriel conséquent dans les années 70. L’on peut dire, sans risque d’erreur, que c’est grâce à l’apport allemand que l’Algérie a pu bâtir une puissante industrie mécanique. Elle n’a pas hésité à favoriser le transfert de technologie et le know-how alors que beaucoup de pays rechignaient à le faire.
De plus, cette coopération se déroulait dans un monde caractérisé par la guerre froide. Cependant, ce qui est important à retenir de cette visite du président de la République en Allemagne est la détermination de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine économique. Les ambitions du programme 2010-2014 n’ont pas laissé indifférents les opérateurs économiques allemands. L’Algérie s’est montrée très intéressée par les investisseurs allemands qui ont en face d’eux un pays décidé à développer ses capactiés productives.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la décision de créer une commission mixte. Cette toile de fond permet de comprendre aussi et de mieux cerner les tenants et les aboutissants de l’adhésion de l’Algérie au projet Desertec. Ainsi, le président de la République a tranché et le débat qu’a suscité ce projet est clos. Tant mieux, car la décision de l’Algérie d’adhérer à ce projet aura un impact positif sur son développement futur. Car, après tout, il est tout simplement inconcevable qu’elle ne profite pas des retombées attendues de ce projet d’autant qu’elle a les meilleurs atouts. N’est-elle pas le plus grand gisement solaire au monde ? Demain, elle exportera de l’électricité ce qui lui procurera des ressources financières et ce, au moment où ses gisements en hydrocarbures seraient déclinants. Elle produira de l’énergie propre qui contribuera à satisfaire ses besoins et à en exporter.
C’est donc un moyen de limiter la dépendance à l’égard des hydrocarbures. En outre, elle économisera le gaz naturel qui lui sert actuellement à produire de l’électricité. Bien sûr, pour la réalisation de ce projet sur le territoire national, l’Algérie profitera du transfert de technologie et du know-how. Elle sera un partenaire actif et entreprenant. Car, le projet créera une très forte interdépendance entre les pays impliqués dans le projet Desertec.
Incontestablement, la décision du président de la République de faire adhérer l’Algérie au projet Desertec, piloté en particulier par l’Allemagne, pays ami, est d’une portée stratégique considérable. C’est l’une des plus grandes et prometteuses décisions de l’Algérie indépendante. Le projet permettra, sans aucun doute, l’emergence d’une économie densifiée, diversifiée et plus compétitive. Il est important de souligner que l’Algérie et l’Allemagne viennent de poser les bases d’un partenariat stratégique exemplaire.