Ces gens-là ont une soif incroyable du sang humain. Ils ne supportent pas la vie lorsqu’il n’y a pas mort d’hommes.
Il est temps de se rendre compte de l’appropriation de la religion, chez nous, par certains ignorants qui ne savent pas faire la différence entre ce qu’ils sont et ce qu’il ne pourront jamais être. Il est nécessaire de reprendre la religion à ces êtres qui nuisent à l’Islam et aux hommes et qui, plus ils sont obscurs, infâmes et au comportement archaïque, plus ils en sont fiers et ils l’assument.
Nous avons cru passée, pour toujours, cette terrible période où chaque «cheikh» autoproclamé lançait des fetwas déplacées et des appels au meurtre contre tout le monde mais voilà que, sorti d’on ne sait quel puits de l’horreur, un imam abandonné sur les rivages de la monstruosité appelle à la condamnation de Kamal Daoud. Non, il n’a pas fait cet appel depuis une casemate d’un maquis retiré, il ne l’a pas fait depuis les rangs d’une armée de l’Etat islamique sillonnant le désert d’un autre pays, il l’a fait d’ici, de chez nous et, en plus, contacté par certains organes de presse, il assume ses paroles fort de l’impunité dont jouissent ses semblables dans ce pays.
Certain de détenir, comme ses semblables, la vérité sur les hommes et sur Dieu lui-même, il est arrivé à la conclusion que Kamel Daoud mérite la mort. Rien que cela! Mais comment en est-il arrivé à cette conclusion? L’a-t-il vu, une mitraillette à la main en train de tirer sur des musulmans innocents? Non! L’a-t-il vu, une torche à la main, en train d’incendier des mosquées? Non! L’a-t-il vu, une ceinture explosive autour du corps en train de faire sauter des fidèles lors d’une prière de vendredi ou à la sortie de cette prière? Non! L’a-t-il vu en train de pilonner à coups de canon des populations innocentes d’un village reculé? Non! L’a-t-il vu en train de violer des femmes et des enfants qu’il aurait kidnappés? Non et non et non! Ceux qui ont fait cela chez nous et ceux qui le font encore chaque jour que Dieu fait en Libye, au Mali, en Tunisie, en Syrie, en Irak, au Liban, au Yémen, au Pakistan, au Nigeria et ailleurs, notre étrange imam n’a jamais pensé à les condamner parce qu’il s’en sentirait peut-être proche et qu’il les soutiendrait sans doute en son for intérieur. «L’écrivain apostat, mécréant, ´´sionisé´´, criminel, qui insulte Dieu», c’est ainsi qu’il qualifie Kamel Daoud qu’il juge ne pas mériter de vivre. Mais Dieu, d’où nous sortent donc ces fous et ces ignorants? Si l’on ignore d’où est-ce qu’il a tiré tous ces qualificatifs, on sait cependant pourquoi il l’a fait. Ces gens-là ont une soif incroyable du sang humain. Ils ne supportent pas la vie lorsqu’il n’y a pas mort d’hommes. C’est pour cela qu’ils se débrouillent toujours pour trouver excuse pour tuer ou pour faire massacrer.
Et qui est donc cet «imam» supposé pour déclarer apostat ou mécréant qui il veut? D’où tient-il la certitude qu’il est chargé d’épurer l’univers? Sur quels fondements de son ignorance s’appuie-t-il donc pour émettre des avis sur la relation, trop intime, des gens avec leur Dieu? Aurait-il reçu une mission divine quelconque ou bien se prendrait-il lui-même pour le créateur des mondes? Si la situation n’était pas trop sérieuse, on en aurait ri à rouler par terre, mais malheureusement lorsque c’est aussi sérieux, on ne peut rire.
Notre religion n’est pas une religion de criminels pourtant. Notre Islam est, de loin, une religion de paix, d’amour et de respect. Ceux qui croient, un seul instant, que notre religion est une religion de va-t-en guerre contre les innocents ou contre les non-musulmans pour le seul fait de leurs croyances est un ignorant. Comment peut-on alors évoquer la religion pour justifier des appels au meurtre contre des musulmans? Tout compte fait, les mécréants, ce sont ceux qui réclament le sang des innocents et les apostats, ce sont ceux qui, au nom d’une religion ou d’une autre, trempent cette même religion dans du poison pour la servir aux autres. Descendez donc du minbar, libérez nos mosquées et éteignez vos microphones!
Il appartient au ministère de la Justice de se saisir, au plus vite, de cette affaire et de poursuivre l’ignoble personnage afin de mettre fin à ces comportements incroyablement ridicules, haineux et en total déphasage par rapport à notre quotidien et il appartient aussi au ministère des Affaires religieuses d’interdire à ce genre de personnage de monter sur le minbar ou d’avoir accès à la parole dans nos mosquées.
Le comble c’est que le prétendu «imam» serait le chef d’un parti qui aurait déposé une demande d’agrément, certainement avec le souhait caressé en secret de faire de notre Algérie, le pays de rétrogrades et d’obscurantistes.
Il est du devoir des intellectuels et de tous les Algériens de se démarquer et de dénoncer cet appel au meurtre parce que la bête immonde semble respirer à nouveau. Elle semble revenir à la vie après un long moment de silence. L’université d’été de Jijel n’est pas un bon signe, l’appel de ce prétendu imam encore moins. A quoi auraient servi tous les morts et la terrible décennie que nous avons vécue?