Des yeux crevés et des amputations à cause des pétards

Des yeux crevés et des amputations à cause des pétards

Le Mawlid Ennabaoui célébré dimanche soir n’a pas fait que des heureux, puisque, nombreuses ont été les familles qui ont passé la nuit dans l’un des hôpitaux de la capitale. Des fêtes qui ont aussitôt viré au cauchemar.

L’inconscience et l’irresponsabilité des parents ont fait environ 147 blessés dont 4 graves. À Alger seulement.

Ainsi, les mises en garde des autorités quant aux risques que pouvait engendrer l’utilisation des pétards à l’occasion de cette fête religieuse n’ont visiblement servi à rien. Et les nombreuses saisies, effectuées par les services de sécurité, n’ont pas empêché les fans des produits pyrotechniques de se ravitailler, on ne sait comment ? Résultat : des blessés et des dommages matériels qui se sont considérablement accrus en l’espace d’une soirée, avec notamment deux incendies fort heureusement maîtrisés par les services de la Protection civile. Bien qu’il n’y ait pas eu mort d’homme, heureusement d’ailleurs, un nombre important de blessés graves a été enregistré dont principalement des enfants âgés entre 11 et 15 ans. Les urgences médicales ne savaient plus où donner de la tête face à ces nombreux blessés qui affluent tout au long de la soirée. Des yeux arrachés, des doigts et des mains amputés sans parler des plaies abdominales et des brûlures à différents degrés. Si la plupart des blessés ont pu regagner leur domicile, d’autres par contre ont été carrément contraints de passer la nuit à l’hôpital.

L’hôpital de Béni-Messous a enregistré un bon nombre de blessés dont un cas a été amputé de la main. Il s’agit d’un jeune garçon âgé de 15 ans qui n’a pas eu le temps de jeter son pétard à temps. Un moment d’inattention a valu à ce malheureux garçon un handicap.

Au même moment dans le service de chirurgie infantile un enfant se faisait recoudre les doigts coupés par un gros pétard dit double bombe. Le service d’ophtalmologie et le Centre de chirurgie infantiles (CCI) de Béni-Messous ont enregistré 31 cas et la liste reste ouverte, selon l’un des responsables de l’hôpital.  Par ailleurs, le CHU Lamine-Debaghine de Bab El-Oued (ex-Maillot) a, quant à lui, enregistré 15 cas, 12 en service orthopédie et 3 cas en service d’ophtalmologie. Des cas moins graves avec généralement de légères brûlures aux mains et à l’abdomen. “Je peux vous dire que nous n’avons pas traité un nombre important cette année. Il s’agissait généralement de petites brûlures soignées sur place”, a souligné un urgentiste de l’hôpital. Le CHU de Kouba n’a pas été en reste avec un bon nombre de blessés soignés aux urgences. Ils étaient 24 blessés à se rendre pour des soins rien que pour la soirée du Mawlid. “Notre service a connu un va-et-vient incessant de jeunes souffrant de différentes brûlures et plaies. Cela dit, aucun cas grave n’a été enregistré”, nous a déclaré un infirmier du service des urgences.

Mais c’est l’hôpital d’Hussein-Dey (ex-Parnet) à qui revient la palme d’or avec 77 blessés. Un nombre effarant dont trois cas ont perdu chacun un œil et d’autres traumatismes convulsifs constatés. Des garçons en majorité âgés entre 13 et 15 ans ont vu leur soirée se terminer aux urgences. Le service ophtalmologique n’a pas chômé durant toute la nuit du 8 mars. Si certains se sont eux-mêmes infligés leurs blessures, nombreux ont été seulement victimes de l’inconscience de leurs camarades dans ce jeu qui devient dangereux d’année en année. Malgré les dangers que représentent ces produits pyrotechniques, les jeunes et moins jeunes font tout pour se les procurer à n’importe quel prix. Même au péril de leur santé. Se pose aujourd’hui, comme ce fut le cas l’année dernière, la question de savoir si les parents sont conscients de cette situation à moins qu’ils considèrent que leur rôle se limite au simple fait d’enfanter.