Les opérateurs du secteur de l’automobile ne respectent plus aucune borne et ne reculent devant rien. Ni éthique, ni technique, ni commerciale, tirés par une demande sans cesse croissante.
Mais que des véhicules d’origine non identifiés circulent sur nos routes, c’est le comble. C’est pourtant ce qu’a bien reconnu aujourd’hui sur les ondes de la radio le directeur général de l’Etablissement national de contrôle technique automobile (ENACTA), Abdellah Laghrieb.
« Ces véhicules sont importés d’un peu partout et nous ignorons l’origine de leur montage. Aujourd’hui, si nous n’arrivons pas à les entretenir correctement, cela aura fatalement des répercussions », a-t-il confié. Selon lui, ces véhicules qui se chiffrent en centaines présentent des défaillances techniques qui mettent en danger de mort leurs acquéreurs et leurs vis à vis. Tout cela a été rendue possible à cause d’un manque de rigueur dans le contrôle au niveau des ports, les concessionnaires, moyennant grosses commissions pour les agents douaniers, arrivent à faire passer n’importe quoi, mettant du coup la vie des citoyens en danger.
Mais à en croire le DG de l’ENACTA les choses vont changer. En effet, un nouveau dispositif règlementaire devant permettre le suivi et la traçabilité des véhicules soumis à contre-visite ou en sursis, à la suite du contrôle technique obligatoire, est en cours d’élaboration au ministère des Transports. “On est en train de travailler au ministère des Transports sur un dispositif règlementaire pour assurer et s’assurer que les véhicules en sursis soient effectivement retirés de la circulation et qu’ils ne seront remis sur voie qu’une fois les réparations recommandées par l’agence de contrôle seront effectuées”, a-t-il déclaré.
Un ficher “intra-ministère” des transports, a-t-il poursuivi, doit être élaboré, ciblant les véhicules qui ont fait l’objet, soit de contre-visite, soit d’immobilisation suite au contrôle technique obligatoire. Sur la base de ce fichier, “les véhicules sont immédiatement signalés aux services de sécurité qui ont vocation d’arrêter ou de retirer les documents des conducteurs incriminés”, a-t-il ajouté.
Le premier responsable de l’ENACTA est revenu à l’occasion sur le dispositif coercitif de contrôle technique obligatoire pour les véhicules des activités réglementées mis en place en avril 2013, indiquant que quatre mois après son application, le taux de sanction a été multiplié par deux. De janvier à octobre 2013, 4.983 véhicules ont été retirés soit pour contre-visite, soit mis en sursis sur 40.000 automobiles contrôlés, a-t-il précisé.
Sur 21.238.111 automobiles contrôlées entre le 1er février 2003 et le 31 août 2013, 556.459 véhicules ont été soumis à contre-visite et 218.608 ont été immobilisés, soit quelque 775.067 unités soumises totalement ou partiellement à l’immobilisation. Par ailleurs, 35 agences de contrôle ont été sanctionnées sur l’intervalle 2003- 2012, alors que pour les seuls 8 premiers mois de 2013, 18 agences ont subi le même sort, soit plus de 50% par rapport à la période sus-citée.
En ce qui concerne les contrôleurs, 110 ont été sanctionnés entre 2003 et 2012, et 56 l’ont été de janvier à août 2013. Pour l’année en cours “les chiffres sont appelés à évoluer avec la clôture de l’exercice 2013″, a souligné M. Laghrieb. La finalité étant que le “ministère des Transports veille à sévir et faire en sorte que le contrôle technique ait un minimum de crédibilité et participe à l’effort national de réduction des accidents de la route et assurer le confort et la qualité de service au citoyen”, a assuré le DG de l’ENACTA.
S’il n’est pas permis de douter de la bonne foi des propos de M. Laghrieb, il est aisé de convenir que la volonté politique, de mettre de l’ordre dans ce secteur de l’importation de véhicules qui brasse des milliards de dinars, n’existe pas. C’est comme dans le secteur du médicament, on sait qu’il se passe des choses innommables, mais les responsables intermédiaires n’ont, au mieux, que leur conscience pour désapprouver, car il y a des complicités en haut lieu.