Propos recueillis à Ouargla par : Neïla B.
La révision de la Constitution est « une nécessité », estime le recteur de l’université Kasdi-Merbah de Ouargla, le Docteur Ahmed Boutarfaia. « On constate après 50 ans d’indépendance, qu’il existe une maturité politique mais aussi sociale et économique. La future Constitution doit s’adapter aux changements et mutations de notre société », précise-t-il. Dans une wilaya touchée par le chômage, le recteur insiste sur la nécessité de prendre en charge les préoccupations des jeunes, surtout en matière de travail.
« Le travail, le logement, l’enseignement sont des droits constitutionnels qui doivent être protégés et respectés », précise-t-il. Le vice-recteur de la faculté d’économie à l’université Kasdi-Merbah, Docteur Mohamed Zouzou, constate lui aussi une prise de conscience dans la société algérienne et une « progression » de la vie politique dans le pays. « La révision de la Constitution est devenue une revendication populaire. La population réclame une vie meilleure. Pour ce faire, la future loi fondamentale doit prendre en charge cette donne en garantissant une vie meilleure et une stabilité à nos enfants », explique-t-il. Quant aux étudiants, ils réclament un débat au sein de l’université sur ce sujet.
Pour eux, une nouvelle Constitution ne peut porter ses fruits que si ses énoncés sont respectés et appliqués. « Je consulte les sites d’information pour avoir une idée sur les changements prévus en l’absence des détails sur ce projet. On appelle au lancement d’un débat profond sur la question au niveau des universités. Nous sommes la génération la plus concernée par cette révision et il est temps qu’on s’implique dans l’élaboration des décisions.
Nous sommes la force de la société et nous pouvons enrichir le débat », souligne Ahmed Achraf, 22 ans, étudiant en 3e année économie. Pour lui, il faut associer les associations estudiantines pour faire connaître leurs positions. Belkacem Goubi, étudiant dans la même faculté, revient sur les droits constitutionnels principaux qui ont une relation directe avec le citoyen. « La Constitution dit que tout Algérien a le droit au logement, au travail et à la santé mais sur le terrain, rien n’est appliqué », dit-il.Tout en remarquant l’absence de structures sociales, il souligne que « la population ne peut jouir des droits en l’absence d’infrastructures de ce genre ». Gamra, 21 ans, étudiante en biologie à l’université de Ouargla, plaide pour la promotion des droits de la femme. « Nous, les femmes du Sud, réclamons une vraie constitutionnalisation de l’égalité homme-femme, l’inscription des droits fondamentaux des femmes mais surtout la garantie de leur application », soutient-elle. Sa collègue Roqya, étudiante en informatique, estime qu’il faut d’abord « une réforme des mentalités ».
Ahmed, étudiant en dernière année en géologie pétrolière, plaide pour une révision constitutionnelle permettant aux cadres et citoyens de participer activement à la gestion et au contrôle des affaires publiques et ce, en leur permettant de choisir leurs représentants à travers des élections crédibles et transparentes. « On n’a plus confiance en nos élus et nos députés qui ne cherchent que leurs propres intérêts », lance-t-il. Pour Abdelhafid Teboughi, licencié en sociologie et qui travaille comme contractuel à l’université de Ouargla, la future Constitution doit consacrer l’indépendance de la justice et renforcer les prérogatives du Premier ministre. Et pour cause, « à Ouargla et dans le Grand Sud, des mesures ont été prises en faveur des jeunes chômeurs mais l’instruction de Sellal n’a pas été appliquée par nos responsables », affirme-t-il.
Les chômeurs du Sud : le travail, un droit constitutionnel
Les chômeurs de Laghouat et de Ouargla proposent, quant à eux, la création dans la future Constitution, « d’un organe indépendant pour le recensement des chômeurs et la collecte de demandes d’emploi », selon Salah, licencié en droit, en chômage depuis plus de trois ans. Pour lui, les droits fondamentaux dans la Constitution doivent être respectés, y compris le droit syndical.
N.B.