El Bahdja retrouve sa blancheur…
Comme par miracle, des travaux d’embellissement sont en train d’être effectués dans la capitale et ses banlieues. C’est cela la magie des élections…!
Mieux vaut tard que jamais! Alger fait peau neuve. En effet, les quartiers de la capitale sont en train de subir des travaux d’embellissement. Les trottoirs sont refaits à neuf, les routes asphaltées, les murs badigeonnés, les mobiliers urbains renouvelés et même des arbres sont miraculeusement sortis de terre. Un petit tour dans la capitale permet vite de le constater. À Tafourah, les trottoirs jouxtant les arrêts de bus retrouvent leur lustre. Tout comme certaines parties de la chaussée. Comme vous avez dû le remarquer, c’est également le cas de plusieurs autres quartiers d’Alger. Même la banlieue algéroise a eu droit à ce «lifting» printanier. A Zéralda, dans la banlieue Ouest, les mêmes travaux sont entrepris. Trottoirs, routes et même places publiques connaissent des travaux de rénovation. Tout comme dans la banlieue Est à Rouiba où la ville retrouve quelques couleurs. Comme par enchantement, les poubelles et toutes sortes de détritus qui noyaient la ville ont disparu. Que dire alors de la chaussée, elle qui, depuis des années, est la bête noire des automobilistes! Eh bien, dans certains quartiers, elle a tout bonnement vu son asphalte complètement rénové. Un tapis! Les trottoirs ont également fait leur apparition dans ce nouveau décor d’Éden. Ces trottoirs ont aussi été agrandis et sont sur le point d’être bitumés. Une nouvelle route est même sur le point de voir le jour. Le constat est le même à Bab Ezzouar où la route menant à Dar El Beïda a vu son éclairage refait. Cerise sur le gâteau, des palmiers ont été plantés pour embellir cette route. La rocade Sud a elle aussi eu droit à ses palmiers. Au milieu des glissières centrales d’autoroute, de beaux palmiers ont été plantés, ce qui donne à celle-ci, jadis morose, une touche californienne. Mais à quoi doit-on ces petits miracles dans des villes abandonnées à leur triste sort depuis belle lurette?
Le Cinquantenaire de l’Indépendance, les festivités du 8 Mai 1945 ou tout simplement une prise de conscience des responsables qui font enfin leur… travail? De l’avis des riverains, la réponse est tout autre. «Cela est tout simplement dû aux élections législatives», affirme Hafid, un jeune résident à Alger. «Vous croyez que c’est un hasard que ces travaux ont, pour leur majorité, commencé au début de la campagne électorale?», s’interroge-t-il. «C’est juste pour entretenir l’illusion de responsables qui font leur travail», dit-il. «Chaque élection ou visite officielle d’un responsable, c’est le même scénario! Nos villes subissent des travaux de rénovation», assure pour sa part, Djamil. «Mais ce n’est que du bricolage. Ces travaux ne durent jamais. Passé l’événement en question tout redevient comme avant, même pire», peste t-il. «Car ce n’est que de la poudre aux yeux», poursuit-il. Faycal, lui, ne comprend pas l’obsession des responsables à refaire à chaque fois…les trottoirs. «C’est toujours le même scénario de mauvais goût. Et hop! on refait à tort et à travers des trottoirs en bon état et qui n’ont rien demandé», ironise-t-il. «Pourquoi on s’acharne toujours sur ces pauvres trottoirs qui sont toujours les boucs émissaires?», enchaîne-t-il. «En plus, l’Algérie est le seul pays au monde avec du carrelage sur ses trottoirs. Pourquoi gaspille-t-on ainsi l’argent du contribuable?», s’indigne-t-il. «Il y a un dicton algérien qui dit: ‘Que veut le pauvre en guenilles? Une bague de sultan ». Voilà, ça résume bien ces travaux électoraux», relève Fayçal. «Tout cela, n’est qu’illusion! Les villes et villages algériens sont en ruine, immeubles dévastés, routes avec option nids-de-poule, ordures dans chaque coin de rue, pas de parking! Nouveau quartier version Kaboul, aucun respect des normes d’architecture, pas d’espaces verts, pas d’aires de jeux…et nos responsables gaspillent notre argent dans des travaux qui ne sont pas là pour durer», énumère-t-il tout en s’interrogeant sur le fait que ces travaux ne durent pas, n’est pas voulu? «En tout cas, c’est déjà ça, on peut vivre dans de belles villes le temps d’une… campagne électorale», conclut-il. Voilà donc que la magie des élections est en train d’opérer sur Alger qui se fait belle pour accueillir ses nouveaux députés. Pourvu que ce miracle perdure après le 10 mai…