Des travailleurs algériens de la cimenterie en colère

Des travailleurs algériens de la cimenterie en colère

Tensions avec des cadres égyptiens à M’sila

Les travailleurs de la cimenterie de Hammam Dalaâ, située à 30 km du chef-lieu de la wilaya de M’sila, où sont employés des expatriés égyptiens, ont exprimé leur colère à leur manière.

Les dépassements et les insultes proférées par les chaînes satellitaires et les officiels égyptiens, au lendemain de la défaite des Pharaons face aux protégés de Rabah Saâdane, continuent à susciter la colère et l’indignation des Algériens.

Ces derniers, blessés dans leur amour-propre, ont légitimement demandé des excuses de la part des officiels du Caire, notamment pour avoir touché aux symboles du pays et souillé la mémoire de 1 million et demi de martyrs. Les travailleurs de la cimenterie de Hammam Dalaâ, située à 30 km du chef-lieu de la wilaya de M’sila, où sont employés des expatriés égyptiens, ont exprimé cette colère à leur manière.

En effet, au moment où un accord pour la création d’une société algéro-égyptienne d’exploration et de production des hydrocarbures a été paraphé au Caire entre le groupe Sonatrach et deux sociétés égyptiennes, activant dans le domaine des hydrocarbures, Egas et EGPC, les ouvriers algériens de l’usine de ciment de Hammam Dalaâ ont refusé l’accès, et surtout le retour des ouvriers égyptiens qui travaillaient à l’usine ACC du ciment.

Le premier mouvement de protestation des travailleurs algériens a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi, quand 6 ouvriers de nationalité égyptienne, employés comme serveurs et cuistots dans le réfectoire de l’usine par la société Alex, chargée de la restauration et du ménage, ont été empêchés par des ouvriers algériens de reprendre le travail et sommés de quitter les lieux. Le lendemain, les Égyptiens ont été conduits à Alger. “On ne veut pas être servis par ces gens-là”, dira un ouvrier.

“Est-ce que pour faire ce travail de restauration ou de ménage on a besoin d’une technologie égyptienne ?” se demande un ouvrier, rencontré à la sortie de l’usine. “Pourquoi ramener un serveur d’Égypte ?” ajoute-t-il. Dans la nuit de samedi à dimanche, les ouvriers algériens reviennent à la charge après que 4 des 40 cadres égyptiens eurent voulu reprendre le travail. Là aussi, les travailleurs de l’usine ont exigé le départ de ces ressortissants égyptiens et refusent de travailler avec eux.

Pour les ouvriers algériens, cette mission et même les autres plus techniques sont assurées par des Algériens. D’ailleurs, l’usine fonctionne en plein régime, bien mieux qu’avec des techniciens et cadres égyptiens. La production a atteint les 14 000 tonnes/jours.

“Nous avons travaillé sans la présence des Égyptiens et l’usine fonctionne beaucoup mieux”, dira un autre ouvrier qui n’a pas hésité à rappeler les injures et le comportement des Égyptiens envers nos chouhada et l’Algérie. “Nous sommes un peuple généreux, fort et cultivé, mais on n’aime pas et on ne pardonne pas lorsqu’il s’agit de l’honneur de notre patrie”, précisent-ils sur la raison de ce refus de travailler avec les Égyptiens. “Malgré les avantages sans limite et les concessions très alléchantes, ils ont cédé l’usine aux Français sans aucun avis des 630 travailleurs algériens. Nous avons beaucoup de problèmes avec la DG. Nos droits de travail sont bafoués. Aucun dialogue avec la direction depuis longtemps”, a affirmé un syndicaliste.

Pour le représentant du syndicat (UGTA), chaque ouvrier qui a un contrat de travail a le droit de travailler, qu’il soit égyptien ou algérien. “Ce qui s’est passé est le résultat d’une révolte d’ouvriers.” Et d’ajouter : “L’usine fonctionne normalement et l’absence des Égyptiens n’a aucunement affecté la production.”

Le souhait des ouvriers que nous avons rencontrés sur les lieux est que les autorités algériennes doivent êtres présentes au moment de chaque investissement étranger. Elles doivent veiller à l’intérêt algérien et veiller sur l’application des lois algériennes.

Pour cette usine de ciment de M’sila, les ouvriers maintiennent leur demande et exigent le non-retour des ouvriers égyptiens. “Ali rah wa wala wach man bena khala’’ (celui qui est parti puis est revenu, quel goût a-t-il laissé ?) conclut un ouvrier qui a été notre guide de la journée.