Désopilant. L’équipe nationale de football, brillamment qualifiée à la phase finale de la Coupe du monde baigne depuis quelques jours dans un véritable esclandre .Une situation surréaliste quasi-fatale de par le choc psychologique qu’elle provoque auprès de ses principaux catalyseurs, en l’occurrence ses joueurs, à six mois du grand rendez- vous.
De fait, une campagne de dénigrement inouïe est lancée contre le sélectionneur Vahid Halilhodzic. En vérité, une telle cabale s’est seulement amplifiée, faisant son lit autour d’une mésentente entre le coach national et son employeur, le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, concernant des dispositions plus superficielles que foncières.
Car pour l’observateur averti, Halilhodzic était attendu au tournant depuis …son intronisation à la tête de l’EN en 2011, en remplacement de Rabah Saâdane.
Au demeurant, ce sont là des moeurs typiques au football national caractérisant ce qui est appelé «opposition» dans le jargon et consistant à démonter systématiquement, par des moyens souvent pernicieux et suivant des canaux insoupçonnés, «l’autre» tant que «moi je n’y suis plus».
Mais ce qui reste atypique, voire indécent est que de telles attitudes arrivent à fouler au pied le sacro saint de la chose ; en le cas cette sélection nationale qui met en transes les franges les plus larges d’une société qui trouve par là un exutoire thérapeutique à un marasme temporel ayant la peau dure.
C’est dire un peu l’importance de ce spectre large et populaire du onze national dont le devenir échappe, par axiome, à toute emprise restreinte fusse-t-elle celle de décideurs en place.
Ainsi, apprentis sorciers et leurs commanditaires ont sonné la charge pour dresser la potence à un sélectionneur national pourtant impérial de professionnalisme et de know how. Dans ce sens, le pic a été allégrement atteint la semaine finissante, par un quotidien national, se prétendant d’envergure, mais versant outrancièrement dans l’intox et la désinformation.
Voulant frapper les esprits d’un coup très fort et usant d’un subliminal à peine voilé, le journal affichait en grosse manchette le portrait de l’exsélectionneur, Rabah Saâdane, le donnant comme imminent nouveau coach, suivant les desideratas de décideurs politiques de haut rang.
Rien que cela ! Un tel navet médiatique nullement innocent, Saâdane étant une icône vénérée dans le groupe médiatique du journal en question, fait suite à une campagne- cabale entamée depuis longtemps et suivant les mêmes motivations occultes mais abjectes.
Des cercles précis n’ont jamais pardonné à Halilhodzic sa réussite à la tête des Verts. Une réussite qui n’allait pas forcément sans lever le voile sur certains côtés de la véritable foire d’empoigne qui prévalait en E.N. avant le bosnien et du coup, révéler la faillite sur bien des aspects de ceux qui la géraient, se cachant derrière le trompe-l’oeil d’une qualification au Mondial 2010.
Dans ce registre, il y a lieu de relever des observations , lesquelles sans être exhaustives n’en restent pas moins d’importance, s’agissant de comprendre aujourd’hui, toute cette danse du scalp autour de Halilhodzic.
Professionnel jusqu’au bout des ongles et charismatique dans et en dehors de l’EN, le bosnien s’est délesté d’emblée, à l’entame de sa mission, de quelques «sénateurs en poste» sur lesquels pesaient des suspicions de «chikour » de la maison verte et que pourtant stigmatisaient à l’époque certains relais , aujourd’hui reconvertis à la danse du ventre.
Ziani, Belhadj, Matmour, Ghezzal, chacun à différents degrés et mobiles, passaient à la trappe. Mauvais élève, Boudebouz a frôlé le même sort, de même que Belfodil, à un degré moindre.
Maître de son art, Halilhodzic réussissait la moralisation d’une institution ouverte à tout vent de par un professionnalisme, fondamental pourtant. Les appels du pied de Ziani et de Belhadj auxquels le sélectionneur national à opposé une fin de non recevoir diplomatique tout en restant intransigeant boostèrent la vindicte de ses détracteurs.
Les grands préceptes managériaux en vogue chez les plus grands clubs du monde et auxquels coach Vahid semble avoir bien assimilé, démontrent que la sérénité d’un groupe, dans l’optique de la réussite, prime sans coup férir sur le gros talent d’un compétiteur boutefeux.
La libération de Eto’o ou d’Ibrahimovic n’a empêché en rien le Barça de Guardiola d’atteindre le firmament ! Mais là où ,sans aucun doute, Halilhodzic a exposé son flanc à la meute vociférante , sevrée d’avantages et de privilèges divers insoupçonnables et insoupçonnés pour le fan lambda- en fait le fan authentiquec’est quand il s’évertua a briser, avec grand bonheur d’ailleurs, la théorie que d’aucuns voulaient ériger en dogme irascible, à savoir le tout professionnel au détriment du produit du crû.
S’il n’est nul besoin de revenir dans le détail sur le mépris aussi bien de l’ex-sélectionneur que de son mentor- au moins dans cette affaire- le président de la FAF, il reste à souligner ce constat édifiant : Ce sont Hilal Soudani et Islam Slimani- évoluant à l’époque en championnat national- qui sont désormais les premiers baroudeurs d’une E.N. frappée depuis longtemps alors de stérilité offensive navrante. Ceci, sans évoquer d’autres capés locaux auxquels Halilhodzic accorde crédit.
L’autre point, non moins révélateur des motivations cachées pouvant être derrière la levée des boucliers contre l’entraîneur des Verts , réside dans cette approche des stages de préparation, diamétralement opposée à sa devancière : en effet , il reste troublant de voir qu’autant aucun stage quasiment ne s’est déroulé en Algérie du temps de Saâdane, autant Halihodzic n’a programmé de stage à l’étranger depuis sa prise en main de l’EN en 2011.
Tentant d’épingler le coach national sur les résultats techniques enregistrés à la CAN 2013 et tout récemment encore sur de pseudos caprices quant aux choix de sparring partners , les apprentis sorciers de tout bord, occultent sciemment un argumentaire objectif pour chacun des deux volets. En Afsud, le onze national est sorti prématurément de l’épreuve beaucoup plus pour des raisons extra sportives traduites par des penalties non accordées (Tunisie- Togo).
Toutefois, les verts ont fait montre d’un réel potentiel de jeu ostensible et d’une pugnacité inédite. Ils auront l’occasion de peaufiner de telles dispositions durant les éliminatoires de Coupe du monde qui allaient suivre. En tout état de cause, cette cuvée reste loin, en termes de statistiques , de sa devancière de 2010 où en deux matches elle encaissa 7 buts sans en rendre un seul (Égypte et Malawi).
L’autre grief tenu, contre tout bon sens, à Halilhodzic a trait à son refus de jouer le Portugal en amical. En d’autres termes, prendre le risque à quelques encablures du Mondial de rencontrer cette véritable machine à marquer des buts qu’est le galactique Cristiano Ronaldo et, éventuellement subir, une déculottée historique dont aucun joueur de l’E.N. n’aurait relevé la tête.
Enfin , et toujours dans le chapitre de la déraison, Raouraoua, qui n’a jamais assisté aux conférences de presse de Halilhodzic- contrairement à ses habitudes au temps de Rabah Saâdane- y est allé de son grain de sel : pour quelle raison vraiment objective, fixer un ultimatum au 31 janvier 2014, au sélectionneur national pour se prononcer sur son avenir après une échéance cruciale devant intervenir dans 6 mois ? Préparer la CAN 2015 ? Sornettes ! Des sornettes dont le fantasque bosnien ne s’en est pas laissé conter.
Aujourd’hui, il en sort triomphant et grandi quoique sérieusement écorné. La FAF vient de mettre fin à une polémique ( à son corps défendant ?) savamment entretenue par une partie de la presse dont le rôle a été stigmatisé dans le communiqué de la fédération . Oui mais qui a actionné cette presse ?
N. B.