Des tonnes de semoule,d’huile et de sucre passent la frontière est du pays,Le spectre d’une crise alimentaire plane

Des tonnes de semoule,d’huile et de sucre passent la frontière est du pays,Le spectre d’une crise alimentaire plane
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Les observateurs tirent déjà la sonnette d’alarme et soutiennent que cette pénurie risque de s’étendre à tout le territoire national.

A l’est du pays, les signaux sont au rouge. Des pénuries de produits de première nécessité commencent à apparaître et à devenir des plus inquiétantes pour les autorités locales dans ce contexte social fragile.

Tebéssa, Souk Ahras, et El Oued sont les plus touchées, mais cette pénurie a déjà atteint les grandes agglomérations comme Constantine, Batna et Biskra. Des produits alimentaires de première nécessité comme la semoule, l’huile et le lait, subventionnés par l’Etat, sont acheminés frauduleusement vers la Tunisie et la Libye, deux pays en proie à des crises sociales graves. Des millions de personnes se trouvent ainsi otages des contrebandiers sans foi ni loi.

De nombreux citoyens ne comprennent pas pourquoi cette «aide» aux frères tunisiens et libyens transitent par des circuits informels et des réseaux mafieux, et pourquoi n’est-elle pas organisée en caravanes comme cela se fait de par le monde? Dans une déclaration récente, le ministre du Commerce, Mutapha Benbada, a évoqué cette question, mais n’a donné aucun détail sur la riposte de l’Etat à ce grave phénomène. Dans le contexte actuel, la Tunisie ne semble pas près de sortir de sa crise et le départ du colonel libyen risque d’aggraver la situation en Libye. L’Egypte qui subit elle aussi une grave crise et donc incapable de répondre aux demandes des populations fuyant la guerre civile, ce sera encore l’Algérie qui subira les contrecoups de cette crise.

Les répercussions étaient d’abord sécuritaires, militaires et ensuite alimentaires. Des millions de dollars, des milliers d’hommes ont été mobilisés pour accueillir les réfugiés et assurer la sécurité aux frontières avant que ce phénomène de contrebande alimentaire ne vienne assombrir davantage le tableau. Les observateurs tirent déjà la sonnette d’alarme et soutiennent que cette hémorragie qui commence à se sentir dans les wilayas de l’Est ne manquera pas de s’étendre au reste du pays. Une situation qui n’arrangera pas l’Algérie qui a réussi jusque-là à passer sereinement le cap des révoltes arabes. Mais qui a vraiment intérêt à ce que l’Algérie replonge dans une crise sociale aux lourdes conséquences?

Dans les chancelleries occidentales, on pense même qu’il s’agirait d’un alibi derrière lequel l’Algérie soutiendrait le régime libyen. Et dans tous les cas de figures, aucun grand pays ne semble se soucier des retombées sécuritaires et sociales du conflit libyen sur l’ensemble de la région du Maghreb. Il reste que si la situation s’aggrave aux frontières Est, les effets seront tout aussi graves sur l’Algérie. Les puissants du monde se rencontrent depuis le 26 mai dernier à Deauville en France.

Parmi les sujets qui sont mis sur la table, la crise financière en Europe, la sécurité nucléaire et la situation politique dans les pays arabes sont en tête des préoccupations. C’est dans l’ordre des choses. Ce qui l’est moins, c’est cette curieuse façon qu’ont les médias occidentaux à faire une fixation sur le cas libyen.

D’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, le sort du Guide libyen semble déjà scellé. Ni les propositions de cessez-le-feu émises par Tripoli, ni les bruits qui courent à propos d’un éventuel retrait d’El Gueddafi, n’ont pu peser sur les positions intransigeantes de l’Otan qui multiplie les frappes dans un silence assourdissant observé par la communauté internationale.

Fait curieux: malgré les nombreuses mises en garde qui s’élèvent un peu partout dans le monde quant aux risques d’une guerre civile en Libye, l’Occident persiste à mettre la pression et continue de réserver un traitement de faveur aux représentants du CNT.

Cela, en dépit des notes sécuritaires faisant état de la présence au sein de cette structure aux contours indéfinis et parmi les insurgés armés, de nombreux anciens militants djihadistes. La présence du Président Bouteflika à Deauville est certes en mesure d’apporter un nouvel éclairage, mais sera-t-elle suffisante pour infléchir l’arrogance occidentale?

Ikram GHIOUA