Des tonnes de pomme de terre déstockées, Mesures tardives pour juguler la spéculation

Des tonnes de pomme de terre déstockées, Mesures tardives pour juguler la spéculation

Plus de 35 000 tonnes de pomme de terre, stockées durant le mois de juillet dernier, ont été déstockées au niveau des marchés de la wilaya de Boumerdès. Cette mesure prise tardivement par les pouvoirs publics n’a pas permis de fléchir la courbe ascendante des cours de ce tubercule qui a atteint le prix le plus haut depuis quelques mois.

Dans tous les marchés et autres points de vente, le prix du kilo de pomme de terre a atteint les 100 DA. Afin de surmonter un tant soit peu la crise qui secoue actuellement la filière de la pomme de terre, le gouvernement a procédé au déstockage de quantité importante, mais reste tout de même insuffisante, puisque ça ne concerne pour l’instant que la wilaya de Boumerdès. La quantité destinée au marché a été stockée à partir du mois de septembre.

L’approvisionnement du marché en la matière se poursuivra jusqu’à la mi- novembre, avec le déstockage progressif de toute la quantité de pomme de terre stockée, estimée à 59 000 tonnes. La pomme de terre saisonnière produite à Mostaganem et Boumerdès sera mise sur le marché vers la fin du mois courant, a précisé la direction des services agricoles de la wilaya, à l’APS.

La décision prise sur le tard pour le déstockage intervient à une période où les prix ont grimpé au niveau national pour atteindre les 100 DA. Pourtant, les responsables du secteur sont unanimes à confirmer que ce produit est disponible et même en abondance. A noter que ces mesures n’ont eu aucun effet sur les prix de la pomme de terre à Boumerdès où ce tubercule continue à être écoulé, depuis octobre dernier, dans une fourchette de 80 et 90 DA le kg, voire même 100 DA chez les détaillants.

Ce qui favorise l’augmentation des prix de la pomme de terre, devenue hors de portée des ménages, est la spéculation qu’opèrent les commerçants qui seraient derrière cette hausse. Cette hausse inexplicable des prix est renvoyée également à la faille qui existe dans le circuit de distribution. Ainsi, le monopole qui engendre la spéculation demeure la première cause de l’effervescence qui a gagné les marchés depuis des années.

Le problème de stockage est également remis sur le tapis par les producteurs. Le stockage de surplus de la production n’est pas évident, compte tenu des capacités réelles de stockage relevant du secteur privé et public insuffisantes par rapport aux volumes destinés à l’emmagasinement. Cette situation suscite les appréhensions des producteurs, car ils craignent de se retrouver avec un surplus de production dont ils ne sauraient quoi faire pour cause de non disponibilité de chambres froides. Le problème se pose déjà, notamment dans les régions où on cultive la pomme de terre, mais où les chambres froides sont peu nombreuses pour contenir toute l’offre excédentaire.

Aujourd’hui, les pouvoirs publics et les citoyens reconnaissent que le marché est hors de contrôle. Face à cette situation, les instances concernées se rejettent la responsabilité sur les origines du problème. Toutes les mesures prises par les deux départements pour atténuer la crise se sont avérées vaines.

Le stockage de la pomme de terre est confié à un nombre d’opérateurs, dont l’Office national des aliments du bétail (Onab) d’Alger et l’Entreprise de réfrigération Essahel de Corso, qui ont la charge de signer des contrats en la matière avec des propriétaires des chambres froides, au titre du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), indique-t-on.

L. A. R.