Des témoignages qui font renaître l’espoir, « Je suis totalement guéri de mon cancer »

Des témoignages qui font renaître l’espoir, « Je suis totalement guéri de mon cancer »
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«Aujourd’hui j’ai 53 ans, je suis toujours en rémission, et je continue de croire que chaque jour qui passe est une victoire sur la maladie.»

Ils ont vu leur vie basculer en l’espace de quelques minutes, au moment où on leur a annoncé qu’ils étaient atteints du cancer. Alors qu’ils coulaient une vie normale, paisible, celle de père et mère de famille, fonctionnaires et actifs. Désormais une chose les réunit en plus de ce diagnostic.

Depuis qu’ils ont su que leurs examens faisaient le constat de la présence d’une tumeur maligne, ils n’ont plus la même vision de la vie, du monde et de la mort. Eux ce sont M’hamed, Lamia et Souad.

Aujourd’hui guéri ou en voie de convalescence, ils nous livrent le récit de leur pénible vécu.

Pour Souad âgée de 45 ans, le spectre du cancer du sein planait dans son environnement depuis longtemps. Du fait que cette maladie avait déjà emporté sa mère et sa tante, elle avait de tout temps redouté de voir son tour arriver, elle nous confie son tumultueux parcours «je savais qu’un jour on m’annoncerait ce diagnostic, parce que ce mal rôde dans notre famille depuis des générations. Suite à un examen de mammographie que j’effectue régulièrement, ce jour l’annonce est tombée comme un couperet. Mon médecin traitant se désole de me dire que j’avais une tumeur au sein droit et s’empresse de me rassurer, en évoquant les grandes avancées enregistrées en matière de traitement de cette maladie.

LG Algérie

Pourquoi moi?

Je quitte le cabinet de mon médecin avec une seule question à l’esprit pourquoi moi? Puis rapidement dépassé, le choc de la première annonce fait place à l’hospitalisation et à l’intervention. Dans mon cas, vu que la maladie était au premier stade, on m’a retiré la tumeur, sans procéder à l’ablation. Le plus dur a été la suite, les séances de chimiothérapie m’ont complètement anéantie, physiquement et surtout moralement. J’ai perdu mes cheveux, j’ai eu des périodes de grosses fatigues et très rapidement mon visage se ridait.

J’ai combattu cette maladie pour survivre, mais surtout pour ma famille, sans laquelle je n’aurais pas tenu le coup. Après une année et demie de lutte sans répit, aujourd’hui je suis en convalescence. L’espoir a toujours été mon unique arme».

Quant à Lamia, mère de trois enfants et fonctionnaire âgée de 42ans, elle s’effondre littéralement à l’annonce de ses examens. Elle est atteinte du cancer du sein, à un stade avancé. En plus du diagnostic, l’aspect d’urgence l’avait lourdement affectée. Elle qui commençait à peine à reprendre une vie normale, avec ses enfants, après un douloureux divorce. Elle nous confie le récit de cette période:

«j’ai vraiment déprimé, je pensais que ce n’était pas juste, je venais juste de trouver un semblant de vie normal, un travail stable et des enfants en bas âge, qui avaient besoin de moi.

Le plus dur a été d’accepter la maladie, d’autant plus que mon pronostic vital était engagé et que je n’avais pas grand monde autour de moi. Face à la peur, au désarroi et à l’amertume, j’ai décidé de me battre. Consciente que j’allais me retrouver seule dans cet orage, j’ai fait le serment de croire que chaque jour qui passait était une victoire sur la maladie.

Le plus dur a été l’incapacité de croire à un avenir. Tout ce qui m’était permis, était de survivre. J’ai réussi malgré tout et surtout la solitude, à dépasser la période de l’opération, où j’ai subi une ablation du sein et la longue et douloureuse période de la chimiothérapie. Aujourd’hui j’ai 53 ans, je suis toujours en rémission et je continue de croire que chaque jour qui passe est une victoire sur la maladie.» Pour M’hamed, également fonctionnaire, âgé de 51 ans les choses se sont déroulées différemment, suite à des douleurs intenses et régulières à l’estomac. L’examen fibroscopique qu’il a effectué, dévoile la présence d’une tumeur maligne dans l’estomac, le diagnostic était sans appel, il est atteint d’un cancer gastrique. Il prend la nouvelle avec beaucoup d’humilité et nous dit «c’est vrai que cela me fait peur, mais j’essaie d’accepter, pour moi c’est une affaire de foi. Le plus dur ce sont les effets secondaires des traitements. Je dois faire quatre séances de chimiothérapie avant l’intervention. Les premières m’ont mis à plat, j’étais tout le temps fatigué.

Le seul réconfort, c’est l’efficacité et l’humanisme de l’équipe médicale du service oncologie, nouvellement installée au sein de l’hôpital de Sidi Ghilès.

Par contre les effets du traitement ont eu raison de ma patience.Ma peau se déchaussait; j’avais l’impression de muer, de changer de peau.

Après, ce sont les nausées et les vomissements. Actuellement, je suis à ma dernière séance, pour moi c’est la dernière ligne droite avant l’intervention.

Il s’agit d’une gastrectomie, une ablation totale de l’estomac. Les médecins m’ont expliqué, comment je devais manger après l’intervention et les différentes règles à observer, je les crois. Car ils me parlent de vie après l’intervention, pour eux il s’agit d’une guérison après l’intervention, je n’ai presque pas le droit de désespérer».

Il est utile de rappeler que 9000 nouveaux cas de cancer sont signalés chaque année en Algérie, dont 25% sont des cas de cancers du sein.

Nausées et vomissements

Selon les spécialistes, ce chiffre risque de doubler d’ici 2020, à cause du diagnostic tardif. Malgré tous les efforts consentis par les centres anticancer, les différents services d’oncologie et les mouvements associatifs. Il est évident que beaucoup reste à faire dans le domaine de la lutte contre cette maladie.

Les malades atteints du cancer souffrent toujours d’une absence terrible d’efficacité en matière de prise en charge, de disponibilité de médicaments et d’un protocole médical des plus lourds, à l’image des attentes interminables pour des rendez-vous de scanner ou de chimiothérapie. Malheureusement, il est tout aussi difficile pour eux d’être suivi en dehors des soins, notamment en matière d’effets secondaires et de prise en charge psychologique.

Néanmoins, si ces cas de convalescence ne représentent qu’un pourcentage dérisoire devant la prolifération de cette maladie, ils ont le mérite de dénoter d’une avancée scientifique aussi timide soit-elle.

A travers ces quelques exemples, il est désormais permis de croire et de parler de guérison et d’espoir au sujet d’une maladie, qu’on appelait autrefois, «la maladie deuil».

Le centre d’oncologie de l’EPH Sidi Ghilès: une bouffée d’oxygène, pour les malades

Depuis son ouverture en 2013, le centre d’oncologie de l’EPH Sidi Ghilès, dans la wilaya de Tipasa, a pris en charge près de 1000 malades atteints du cancer. Il s’agit de malades de la région de Tipasa et d’autres wilayas voisines.

Ces derniers étaient contraints de se rendre, soit à Alger soit à Blida, pour recevoir leurs soins. Actuellement, ce centre représente un véritable allègement dans le quotidien difficile des malades. Par ailleurs, ce centre remplit également la tâche de recenser les cas de cancer dans la région. Et ce, suite à l’ouverture d’un registre du cancer pour l’établissement de statistiques dans la région.

Ce plan englobe le dépistage, la prévention, le traitement et le suivi du malade, la modernisation des plateaux techniques, le développement de l’imagerie médicale et la création de nouvelles structures de prise en charge des malades.