Des syndicats en porte-à-faux avec la position de l’UGTA: Décalage entre Sidi-Saïd et sa base

Des syndicats en porte-à-faux avec la position de l’UGTA: Décalage entre Sidi-Saïd et sa base

P160607-12.jpgL’affaire de la retraite à 60 ans a mis à nu, à nouveau, le décalage existant entre la direction de l’UGTA, partenaire de la tripartite (gouvernement-Centrale syndicale-organisations patronales), et sa base syndicale.

Au lendemain de l’annonce de la décision de porter l’âge de départ à la retraite à 60 ans, de nombreux travailleurs et syndicats de l’UGTA, ainsi que d’anciens syndicalistes de cette organisation, sont montés au créneau pour dénoncer la remise en cause des “acquis” des travailleurs. Des régions du Sud, notamment les travailleurs de la Sonatrach, et les travailleurs de la SNVI, dans la zone industrielle de Rouiba, ont organisé des sit-in de protestation, en promettant de revenir à la charge. Les contestataires ont accusé, entre autres, le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, de céder devant les “injonctions” du patron du FCE, en lui reprochant d’avoir cautionné, par son silence, une telle décision qui ne sert pas les “intérêts des travailleurs”.

Pour ce qui est des causes invoquées pour justifier la suppression de la retraite anticipée, les syndicats UGTA et les syndicats autonomes convergent, quant au respect des droits des travailleurs, particulièrement les salariés ayant exercé pendant 32 ans. Non sans appeler à la révision des montants des retraites des “hauts cadres de l’État”, à la maîtrise des “évasions fiscales” et à la lutte contre “la fraude des patrons dans les cotisations de leurs employés”.

La Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) de l’UGTA, quant à elle, n’a pas opté pour la confrontation avec le SG de l’UGTA. Elle a qualifié la décision de la tripartite relative à la révision de l’ordonnance 97-13 limitant l’âge de la retraite à 60 ans, de “logique”, puisqu’elle assurera “la pérennité” de la CNR. Elle a cependant demandé que les salariés des professions pénibles, dans certains secteurs d’activité, bénéficient de leurs pensions de retraite dès l’âge de 55 ans, en plaidant pour la bonification du calcul de la retraite des travailleurs aux longues carrières (plus de 32 ans de travail).

L’autre son qui suscite l’adhésion de nombre de travailleurs est celui de Noureddine Bouderba, expert en relations sociales et ex-syndicaliste du secteur parapétrolier de l’UGTA. Selon lui, le règlement du déséquilibre de la CNR passe par la “rationalisation” de ses ressources et sa “gestion”, la recherche de nouvelles ressources de financement, en plus du déploiement du “salariat” et de la lutte contre “l’emploi informel ou exonéré de déclaration par l’État.”

Au discours sur le “vieillissement” de la population, l’expert oppose celui de “l’Algérie, pays très jeune”, rappelant qu’il y a 1,7 million de retraités pour une population de 40 millions.

Pour M. Bouderba, la décision de la tripartite pourrait nous entraîner sur “une voie dangereuse”, qui porterait un grave préjudice aux travailleurs et aux plus vulnérables d’entre eux, mais aussi à l’emploi.

Comme on le voit, seul Sidi-Saïd garde encore le silence sur une question qui intéresse directement les travailleurs, y compris ceux qu’il est censé représenter.