La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD Barakat) a tenu son premier meeting à la salle Atlas de Bab el Oued à Alger le 25 mars 2011, en présence d’un peu moins d’un millier de personnes.
ALGÉRIE. Après le Front des forces socialistes (FFS) le 4 mars 2011 puis l’Alliance nationale pour le changement (ANC) le 11 mars, la salle Atlas du quartier populaire de Bab el Oued a vibré au son des slogans des représentants d’associations (Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, Sos disparus, Coordination des familles de disparus en Algérie, Tharwa N’Fatma N’Soumeur, Rassemblement action jeunesse…), de syndicats (Syndicat national autonome des personnels de l’Administration publique, Conseil des lycées d’Algérie, Conseil des enseignants du supérieur solidaires…) et de différents mouvements (Coordination nationale des chômeurs, Mouvement pour la paix et la non-violence, comités de quartier et mouvements de blogueurs comme Algérie pacifique …).
L’affirmation d’une forte sensibilité sociale
Le meeting de la CNCD Barakat (le mot Barakat signifie «Ca suffit») n’est que l’une des multiples initiatives prises ces dernières semaines en faveur d’un changement démocratique en Algérie.
Mais cette Coordination semble se singulariser par l’affirmation assez marquée d’une sensibilité sociale.
Son discours s’adresse particulièrement aux chômeurs, aux travailleurs, aux femmes, aux étudiants, aux enseignants, aux avocats, aux médecins… à qui la CNCD Barakat lance un appel : «Il est temps que la jeunesse marginalisée, les chômeurs exclus, les travailleurs spoliés, les femmes opprimées, les étudiants désespérés prennent collectivement leur destin en main.»
Cette sensibilité sociale amène la CNCD Barakat à dénoncer «la grille de salaire imposée par le pouvoir» et à «dire halte à l’oppression des syndicalistes, associations, journalistes, chômeurs, jeunes et femmes».
Cet aspect est particulièrement apparu dans les interventions de syndicalistes qui mènent des luttes depuis de nombreuses années, à l’université, dans l’Education…
Elle a également été rappelée par les chômeurs et les associations de jeunes, les comités de quartiers, les étudiants, les blogueurs ainsi que les représentantes de disparus ou d’associations de femmes…
A côté de la revendication d’amélioration des salaires, exigence portée par les syndicalistes, sont apparues les revendications d’un emploi avancée par le mouvement des chômeurs et d’un logement par pratiquement tous les intervenants.
Démocratie et justice sociale
La majorité des orateurs a lié les revendications sociales aux revendications politiques démocratiques.
Le sit-in permanent des enseignants contractuels aux abords du siège de la présidence de la République à El Mouradia a été cité à de multiples reprises comme un exemple de détermination.
L’infatigable militant syndical universitaire d’Oran, Kaddour Chouicha, a en particulier insisté sur le fait que l’on ne pouvait appeler à la «chute du régime» sans se solidariser avec cette lutte exemplaire, mais aussi avec Dalila, cette jeune femme de Mostaganem diplômée et chômeuse qui risque la prison pour avoir distribué un tract du comité national des chômeurs.
C’est toute la situation des femmes algériennes qui «refusent de rester à la maison, qui exigent un emploi, qui sortent dans la rue» que symbolise le cas de Dalila.
Aller vers le changement
Les initiateurs de la rencontre n’ont pas manqué de préciser que leur combat ne s’oppose pas à celui des partis politiques et de tous ceux qui luttent pour le changement démocratique en Algérie.
Ils considèrent néanmoins que les citoyens de base, ceux qui souffrent au quotidien, doivent prendre leur destin en main, lutter, s’organiser et se rassembler pour ne pas rester isolés. Se lever sans attendre de tuteur.
La CNCD Barakat se veut être ainsi un réceptacle des nombreux mouvements sociaux qui se développent dans le pays, mais qui sont encore fragmentaires, atomisés.
Enfin les intervenants inscrivent leur action dans le cadre du mouvement de révoltes général des peuples du monde arabe. C’est à ce titre qu’elle invitera un vieil opposant syrien, Djallal Okab Yahia, à prendre la parole pour dénoncer la répression qui s’abat sur les contestataires dans son pays.