Des spécialistes en sécurité industrielle tirent la sonnette d’alarme : Béjaïa est-elle assise sur une poudrière ?

Des spécialistes en sécurité industrielle tirent la sonnette d’alarme : Béjaïa est-elle assise sur une poudrière ?

La zone industrielle de Béjaïa est située en plein centre urbain. Cette zone, à l’époque des implantations des grands complexes industriels dans les années 1970, était presque inhabitable.

Seulement, après quelques années, l’extension de la ville et la croissance démographique aidant, ont obligé les autorités à lancer d’autres projets de construction de cités d’habitations ainsi que la réalisation de lotissements pouvant aider les constructions privées.

Tout cela a été fait en l’espace de quelques années, sans parler des opérations de squat qui ont donné lieu à de véritables villes et villages parallèles. C’est après coup que les autorités se sont rendu compte que la zone industrielle est en plein centre urbain.

Les problèmes liés à la pollution se font de plus en plus ressentir. À titre d’exemple la cité d’lhaddaden est quotidiennement envahie par des fumées provenant de cette zone industrielle située juste en face de ce lieu d’habitations. Quelles en seront à l’avenir les conséquences ? Nul ne semble capable de répondre à cette question. La grande gifle qui a servi de déclic aux autorités et aux citoyens, c’était l’explosion d’une chaudière au niveau de l’Entreprise des corps gras (COG Béjaïa) qui a fait un mort. C’était à la fin des années 1990. À partir de cet incident, qui a couté la vie à un travailleur de cette entreprise, que les autorités se sont rendues compte que la ville de Béjaïa est réellement assise sur une poudrière. Nous avons pris attache avec un spécialiste en matière de sécurité industrielle, travaillant depuis des années, pour le, compte d’une grande entreprise étrangère installée en Algérie et sa réponse donne froid au dos.

« L’Algérie a dernièrement durci les lois concernant la sécurité au sein des entreprises comme il est mentionné dans le Journal, officiel n° 65 datant du 4 novembre 2001 ainsi que celui portent le n° 43 datant du 20 juillet 2003 », nous a déclaré ce spécialiste avant de lancer froidement : «Le drame en Algérie c’est qu’il n’y a aucun contrôle et j’ai vu de mes propres yeux, ici, à Béjaïa, des défaillances et matière de sécurité qui font craintes pire ». Pour sa part, un cadre d’une grande entreprise privée qui, sans aller par mille chemins, nous a déclaré ceci : «Écoutez, même certains coopérants techniques appelés de l’étranger ont refusé de travailler, ici, à Béjaïa à cause du non-respect des normes de sécurité», assène notre interlocuteur avant d’ajouter que ces « coopérants ont fui Béjaïa par peur de mourir dans les entreprises qui les a engagés mais aussi par acquis de conscience, ne voulant pas ainsi assister à d’autres accidents qui risquent de coûter la vie à des travailleurs».

Suite à cela nous avons pris langue avec Djamel Ferdjellah, député de la région, pour donner son avis sur un tel sujet qui concerne toutes les couches de la société. «C’est un très bon sujet.

Car c’est un sujet qui n’a jamais été abordé sérieusement du fait des événements tragiques qu’a connus notre pays durant des années, lesquels événements ont absorbé la majorité de notre temps et de notre énergie». Ayant saisi l’urgence de prendre en charge ce chapitre lié à la sécurité, Djamel Fredjellah promet : «Le rôle de l’élu est de veiller d’abord à la sécurité des citoyens et je saisirai toutes les autorités de la wilaya, à leur tête le wali, pour débattre de ce sujet, il y va de la vie de toute une population.» Nous avons par ailleurs appris que l’Assemblée de wilaya a déjà débattu de ce problème et compte actuellement avancer plus profondément dans ce sujet.

Nous avons contacté un syndicaliste pour lui parler de ce problème et du rôle du syndicat dans le travail de sensibilisation pour parer à toute éventualité. « Il est vrai, qu’avant, nous avons abordé ce genre de sujet au niveau de l’Union de wilaya et de toutes les unions locales mais plus maintenant», reconnaît le syndicaliste.

La sonnette d’alarme est tirée. « Reste maintenant, comme le dit un cadre spécialisé eu sécurité industrielle au sein d’une entreprise implantée à Béjaïa, à aller vers la recherche de solutions à concrétiser rapidement et avant que ces produits chimiques manipulés, à longueur de journée, dans plusieurs entreprises publiques et privées ne fassent l’effet d’une véritable bombe à destruction massive. » «Ce n’est pas de l’alarmisme, tientil à souligner, mais de la prévention…».

Boubekeur Amrani