Des services d’espionnage ciblent le pays, Guerre souterraine de taupes en Algérie

Des services d’espionnage ciblent le pays, Guerre souterraine de taupes en Algérie

Jeunes filles recrutées et envoyées en formation à Chypre par des sociétés étrangères, pour revenir «enquêter» sur l’aspect économique et même faire dans le «sondage» économique sans  l’agrément du ministère de la Communication.

Affaire BRC (créée par Sonatrach et l’Américain Halliburton appartenant à l’ancien vice-président des Etats-Unis, Dick Cheney) dans laquelle le premier responsable de la «filiale» en Algérie a été jugé pour «espionnage».

L’autre affaire, celle de l’ex-chef du bureau du Central Intelligence Agency (CIA, services secrets américains) qui abusait de femmes algériennes et les incitait, par la force du chantage, à «espionner» pour son compte. Celle du Français J. P. M., qui abusait, à Annaba, d’adolescentes avant de les forcer à travailler pour le réseau d’espionnage tissé dans la wilaya, après les avoir filmées.

Affaire de l’Algérien «espion» de Hannibal Kadhafi, que l’ambassade suisse en Algérie avait accueilli, aidé, financièrement et lui a demandé de ne pas communiquer de renseignements «sensibles» aux services de sécurité algériens, selon le dossier de justice. Toutes ces affaires, et bien d’autres non rendues publiques peuvent démontrer d’un certain effort en matière de renseignements dirigé vers l’Algérie.

L’installation, fin 2011, du général Athman Tartag à la tête du contre-espionnage algérien démontre une prise de conscience de la part des services algériens quant aux défis imposés à l’Algérie et à relever par le pays. L’homme est connu pour sa longue expérience dans ce domaine et les affaires traitées par le département du renseignement et sécurité (DRS, services secrets algériens) donnent une idée sur le caractère sérieux du défi et du travail de renseignements fait en direction de l’Algérie.

Comment expliquer toutes ces affaires ? Il y a d’abord cette remarque à faire, celle que les tribunaux civils disposent des prérogatives de juger des affaires liées à «l’intelligence avec une superpuissance étrangère», même si le premier responsable de BRC a été jugé par le tribunal militaire.

Il est vrai que, selon l’accusation, des moyens sophistiqués de télécommunications ont été retrouvés en sa possession. Pas seulement, puisque le ministère de la Défense nationale comptait parmi les clients de BRC pour des travaux d’engineering. L’affaire a été scindée en deux : l’une relative à l’espionnage, confiée au tribunal militaire, et celle liée à des surfacturations remise au tribunal de Bir Mourad Raïs qui, faut-il le rappeler, a ordonné un complément d’enquête en attendant le procès attendu depuis 2006.

Un rapport a, par ailleurs, été élaboré et adressé par un des corps des services de sécurité sur une société étrangère établie en Algérie. Cette dernière recrutait de jeunes étudiantes et les envoyait à Chypre pour suivre une formation avant de revenir au pays pour accomplir une mission de «sondage», pour laquelle la société en question n’avait pas l’agrément du ministère de la Communication. Des sondage qui ont trait à l’aspect économique, en particulier la consommation des Algériens en matière d’habillement, notamment. Rien n’était laissé au hasard puisque les sondages s’intéressaient même à l’accoutumance des Algériens à la marque des boissons gazeuses Hamoud Boualem.

Le Français J. P. M., quant à lui, séquestrait des adolescentes, abusait d’elles et les filmait, dans un domicile à Annaba, avant de leur faire subir un chantage : espionner pour le réseau (qu’il avait tissé) ou les films seront divulgués. Les cibles seraient des personnalités de la région. L’enquête en cours tente de remonter la filière pour savoir à qui tous ces renseignements étaient destinés. J. P. M., qui se disait sans travail, disposait, pourtant, d’importantes sommes d’argent qu’il utilisait pour soudoyer ses victimes.

De son côté, S. Skander, alias Mourad, a écopé de quatre ans de prison ferme au terme d’un procès tenu, cette semaine, au tribunal criminel de la cour d’Alger. Selon le dossier judiciaire, l’ambassade suisse l’a accueilli, aidé financièrement et lui a demandé de ne pas informer les services de sécurité algériens des renseignements sensibles dont il disposait sur Hannibal Kadhafi, un des fils de Mouammar El Kadhafi.

L’ambassade suisse aurait, selon lui, préféré entrer, exclusivement, en possession de ces renseignements. L’accusé aurait été recruté par Hannibal Kadhafi pour trois années, à raison de 5000 dollars par mois pour espionner à son compte.

L’exception algérienne quant au «printemps arabe» ne semble pas épargner à ce pays la concentration d’efforts en matière d’espionnage, bien au contraire. Il peut aller crescendo.

M. A.