« Des propos et des actes inappropriés… »

« Des propos et des actes inappropriés… »

Le président Abdelaziz Bouteflika a averti hier Madani Mezrag, l’ex-chef de l’AIS, de tout acte provocateur pouvant nuire à la stabilité du pays. Le repenti avait, pour rappel, annoncé la création d’un parti politique sur les cendres de l’ex-FIS qu‘il a appelé le FARS.

« Je vous annonce officiellement la création du Front de l’Algérie pour la réconciliation et le salut », a-t-dit avec entrain et bombant le torse. Quelque 150 membres de l’ex-AIS, le bras armé du FIS dissous, se sont réunis dans leur fief à Texenna (Jijel), autour de Madani Mezrag.

Au cours de cette rencontre, les ex-membres de l’AIS ont souhaité la création d’un parti politique dénommé le Front de l’Algérie pour la réconciliation et le salut (FARS). Madani Mezrag et ses invités ont certainement oublié que la charte pour la paix et la réconciliation nationale leur interdit d’exercer une activité politique.

Cette déclaration de l’ex-émir de AIS a causé l’inquiétude parmi les Algériens quant à la possible remise en selle d’un FIS version Mezrag. Aujourd’hui, et même s’il jouit de ses droits civiques, il n’en demeure pas moins qu’il a tué un militaire et peut-être d’autres encore.

Faut-il rappeler que ce repenti n’a jamais demandé pardon ni aux familles des victimes ni au peuple ? Et qu’il continue même à narguer le commun des mortels en affirmant par exemple, toute honte bue, qu’il a agi par réflexe d’auto-défense.

Aujourd’hui la réponse du président Bouteflika est catégorique et cinglante à la fois. « Nous relevons aujourd’hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la Concorde civile, que nous préférons qualifier d’égarements, mais face auxquels nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l’Etat sera intransigeant », dit-il.

En somme un dernier avertissement en bonne et due forme. Et si d’aventure le repenti Mezrag se remet à rêver d’une telle incartade, les foudres de la République s’abattront sur lui. Madani Mezrag est allé jusqu’à dire qu’il bénéficie du soutien des éléments de l’ex-FIS.

Or, la majorité des dirigeants de l’ex-parti dissous se sont désolidarisés de cet énergumène qui a continué à narguer les plus hautes autorités du pays. Se sentant revigoré et peut-être adoubé par l’audience que lui a accordé le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, dans le cadre des consultations sur la révision de la Constitution, il se lance dans des interprétations hasardeuses de l’accord signé avec le DRS en 1997.

Et depuis quelques temps, il n’avait de cesse de provoquer l’opinion nationale via quelques chaînes de télévision privées, prêtes à le recevoir à tout instant, dérogeant ainsi à la règle bien écrite de s’abstenir de toute activité politique. Et en l’occurrence, la charte sur la réconciliation nationale qui exclut clairement ceux qui sont impliqués dans la tragédie nationale de se lancer dans les activités politiques.

La charte pour la paix et la réconciliation nationale impose aux individus impliqués dans la tragédie nationale des obligations qu’ils doivent observer. Cette règle avait été déjà rappelée par le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui avait exclu tout retour à la vie politique de l’ex-FIS ou d’autres ayant participé à la tragédie nationale.

« Nous ne permettrons pas aux personnes impliquées dans la tragédie nationale d’enfreindre la charte pour la paix et la réconciliation nationale et de créer un parti politique, et ce, dans le cadre des lois de la République notamment l’article 26 de ce texte », a-t-il indiqué avant d’ajouter pour clore le débat : « Il ne sera permis à quelque personne que ce soit de rééditer la crise que le peuple algérien a vécue dans les années 1990 ».

Sellal a souligné qu’aucun agrément ne sera délivré pour la création d’un parti fondé sur les décombres du FIS dissous. Doit-on pour autant avancer, sans risque de nous tromper, que ce dossier est définitivement clos et enterré une fois pour toutes.