«Dans nos filets, il y a plus de déchets que de poissons !»
La richesse halieutique n’est plus ce qu’elle était, affirment des pêcheurs. «La pollution maritime a réduit les richesses halieutiques. Dans nos filets, il y a plus de déchets et d’ordures que de poissons !», affirme un jeune armateur.
«C’est un problème qui prend de l’ampleur mais il n’est pas encore pris au sérieux. La preuve, nous continuons toujours d’attraper des bidons et des sachets noirs au lieu de poissons!», ajoute-t-il.
Les pêcheurs relèvent également le problème de remboursement de leurs dettes au niveau de leur banque, la Badr. «Il est impossible pour pratiquement tous les pêcheurs et armateurs d’honorer leurs engagements auprès de la banque.
Nous avons beaucoup de frais à notre charge. Nos dépenses dépassent de loin nos revenus. Non seulement la production halieutique a diminué mais en plus, nous ne bénéficions pas de réduction, d’impôt par exemple.
Par ailleurs, l’assurance des navires est terriblement coûteuse sans oublier le matériel, les outils et le mazout que nous utilisons en grande quantité pour parcourir la mer», expliquent-ils.
L’Etat, ajoute-t-il, a certes soutenu les gens de la mer. Dans l’achat notamment de navires modernes avec une contribution financière de 40%. «Mais cela reste insuffisant», estime un armateur qui n’est dans le domaine de la pêche que depuis un an. «Je n’ai jamais travaillé dans le domaine de la pêche auparavant. Mais quand l’Etat a appelé les investisseurs à investir dans ce domaine en promettant de leur accorder des aides, j’ai répondu présent.
J’avais des économies et j’ai acheté un navire avec 10% comme apport personnel. Le reste est assuré par l’Etat et la banque. Mais très vite, je me suis rendu compte que ce n’était pas vraiment une bonne affaire», confie-t-il.
«L’Etat accorde un financement mais il n’ y a pas de suivi, au niveau notamment des chantiers où sont construits nos bateaux, à l’étranger, en Italie ou en Espagne. C’est à nous de le faire. Ce qui nous revient trop cher. Les institutions concernées n’effectuent pas, par ailleurs, des contrôles sur les bateaux qui nous ont été acheminés, ne vérifient pas s’ils fonctionnent correctement ou s’ils sont toujours en activité», déplore-t-il.
Une fois les navires réceptionnés et en activité, poursuit-il, ils sont livrés à eux-mêmes. «Les navires ont besoin d’entretien, de réparation régulièrement.
Mais nous n’avons pas assez d’espaces et ne sont pas suffisamment larges pour abriter nos navires le temps d’effectuer les réparations et l’entretien nécessaires.
Ces espaces coûtent en plus les yeux de la tête ! Franchement, si c’était à refaire, je n’aurai pas investi dans ce secteur. Ce qui est sûr, c’est que je ne pourrais pas récupérer mes économies de si tôt !», conclut-il.
Farida Belkhiri.