Des pays arabes craignent l’effet domino de la révolte Tunisienne, Des mesures sociales pour éviter le chaos

Des pays arabes craignent l’effet domino de la révolte Tunisienne, Des mesures sociales pour éviter le chaos

Que ce soit en Libye, en Egypte, au Soudan, au Maroc ou en Algérie, les pouvoirs publics ont pris des mesures importantes face à l’envolée des prix afin de rassurer les populations.

Mais la multiplication des tentatives de suicide par immolation et des émeutes font craindre dans la région du monde arabe une contagion de la révolution du peuple tunisien qui a fait chuter le président Ben Ali et son régime.

Un homme s’est immolé par le feu hier à proximité de la présidence de la République mauritanienne à Nouakchott, car il était «mécontent» du régime, a rapporté hier l’AFP.

En Egypte, un homme s’immole par le feu devant l’Assemblée du peuple au Caire, selon la même source. «L’homme s’est versé de l’essence sur le corps avant d’y mettre le feu, mais un policier qui se trouvait à proximité est arrivé à éteindre les flammes et l’homme a rapidement été emmené dans une ambulance pour être conduit dans un hôpital», a rapporté hier l’AFP.

Selon l’agence Mena, l’homme, Abdo Abdelmoneim, est un propriétaire de restaurant à Qantara, une ville proche d’Ismaïliya, sur le canal de Suez.

Il aurait commis son geste pour protester contre le fait «qu’il n’avait pas reçu de coupons pour acheter du pain pour son restaurant».

Après le cas de Mohammed Bouazizi en Tunisie, l’Algérie a connu également depuis quelques jours des cas de suicide par immolation.

Il s’agit de personnes qui vivent une situation sociale critique, souffrant notamment de chômage. La situation en Tunisie, qui a été suivie avec attention dans plusieurs pays arabes et européens, semble accentuer la situation à telle enseigne que des responsables politiques ne se gênent pas d’exploiter la détresse des populations pour prédire le chaos.

En Egypte, le pays connaît des tensions sociales et politiques souvent comparables à la Tunisie, signale l’AFP, en ajoutant que «la chute du président Ben Ali avait été fêtée vendredi soir par des dizaines d’Egyptiens, qui s’étaient retrouvés avec des Tunisiens devant l’ambassade de Tunisie au Caire pour scander : Ecoutez les Tunisiens, c’est votre tour les Egyptiens».

Vers la chute du royaume alaouite ?

Au Maroc, la presse a salué hier la chute du président Zine El Abidine Ben Ali sous la pression de la rue et souligné que cet événement est une «leçon» pour les responsables notamment du royaume chérifien qui a adopté pratiquement le même modèle socioéconomique tunisien et entretient des relations privilégiées avec la France, les Etats-Unis et Israël.

«Ce qui s’est passé en Tunisie pèsera sur le Maghreb et le monde arabe. Les responsables de cette région sont appelés à en tirer les leçons», écrit le quotidien arabophone Al Alam.

Un soulèvement populaire comme en Tunisie est «probable» au Soudan, soutient le chef de l’opposition islamiste, Hassan Tourabi, dans un entretien accordé à l’AFP.

«Ce pays a connu d’autres soulèvements populaires dans le passé, ce qui s’est passé en Tunisie est un rappel. Il est probable que cela se produise au Soudan, si cela ne se produit pas il y aura un bain de sang, car le pays entier est armé»,

a déclaré M. Tourabi lors d’un entretien à Khartoum. Le gouvernement soudanais, confronté à des difficultés financières, a été forcé de couper les subventions d’Etat à des produits alimentaires de base, une décision mal perçue par une partie de la population.

«La population est sous le choc, elle est vraiment préoccupée par la désintégration du pays», a ajouté M. Tourabi, ajoutant que «le Soudan n’est pas un petit pays comme la Somalie, il est exposé à un risque de chaos pire qu’en Somalie», a soutenu cheikh Tourabi (78 ans). Un autre pays arabe, et non des moindres, qui a anticipé sur les préoccupations sociales des populations.

Il s’agit de la Syrie, qui a décidé de créer un fonds national pour l’aide sociale d’un montant de 250 millions de dollars, destiné à venir en aide à quelque 420 000 familles parmi les plus défavorisées, ont indiqué hier des médias. Les contestations populaires ont également gagné la Libye, où une situation de tension liée aux attributions de logements est perçue, ont rapporté des médias citant des témoins libyens.

Certaines sources évoquent des affrontements survenus dans plusieurs villes libyennes. Des projets immobiliers neufs ont été envahis à Benghazi, à Bayda et dans d’autres villes par des personnes mal logées.

Par Farouk Belhabib