La souffrance des cancéreux se poursuit et s’accentue et ce, en l’absence d’appareils de scintigraphie, une technique d’imagerie médicale qui procède par l’administration dans l’organisme d’isotopes radioactifs, destinés à produire une image par la détection des rayonnements émis par ces isotopes après captation par les organes à examiner.
L’indisponibilité de cet appareil de radiologie dans les hôpitaux d’’Oran dont l’EHU du 1er novembre, contraint les cancéreux à se déplacer jusqu’à Tlemcen pour y subir cet examen, alors que d’autres ont recours aux aides émanant des associations pour leur payer les frais de cet examen qui coûte, dans les cliniques privées, 15.000 dinars.
Cette situation fort inadmissible est dénoncée par les malades atteints de cancer et qui déplorent en même temps, l’absence d’une stratégie de lutte contre le cancer dans notre pays, vu que les moyens matériels basiques pour la prise en charge de cette maladie, ne sont pas disponibles.
A Oran, les malades qui n’ont pas les moyens pour s’acquitter des frais de cet examen radiologique dans les établissements privés n’ont d’autres choix que d’essayer de décrocher un probable rendez-vous pour pouvoir l’effectuer gratuitement à Tlemcen. Parmi ces malades, M. Aïcha qui réside dans la commune de Tafraoui et qui souffre d’un cancer du sein, depuis 03 ans.
Cette malade que nous avons rencontrée dans un bus, révèle qu’en dépit de l’ablation des seins qu’elle a subie, il y a de cela 02 ans, elle continue à suivre une chimiothérapie au CHU d’Oran. A son grand malheur, les médecins lui ont appris que la tumeur avait récidivé et qu’elle était toujours là, vu qu’elle n’avait pas fait l’objet d’un traitement par radiothérapie.
Le non-respect de ce protocole, notre interlocutrice l’explique par la surcharge et la grande pression constatée à l’hôpital des cancéreux Emir Abdelkader, à cela s’ajoute le dysfonctionnement de l’appareil de radiothérapie du CHU d’Oran qui dure depuis près d’une année.
«Ce qui complique davantage la situation, dira M. Aïcha, c’est l’indisponibilité de l’examen de scintigraphie dans les hôpitaux d’Oran.» Elle fera aussi savoir que, depuis quelque temps, elle se rend régulièrement à Tlemcen pour effectuer cet examen.
Pire encore, notre interlocutrice a révélé que des fonctionnaires de cet hôpital ont tenté, plusieurs fois, de la convaincre de passer l’examen de scintigraphie dans une clinique privée et ce, pour 15.000 Da.
Les malades cancéreux sont, sans doute, les premiers à souffrir plus que d’autres de l’indisponibilité de la totalité des appareils d’examens radiologiques nécessaires au suivi de l’état des personnes atteintes de graves maladies.
Et seules donc les associations des malades cancéreux tentent, un tant soit peu, de soulager la souffrance de cette frange et ce, en ayant recours aux dons des bienfaiteurs. A l’échelle nationale, la dernière mouture portant le plan cancer sera remise au président de la République, à la fin du mois d’octobre.
Une réunion d’évaluation du rapport préliminaire s’est tenue, la semaine dernière, sous la présidence du coordinateur du plan cancer, le professeur Zitouni, nommé par Abdelaziz Bouteflika il y a une année, rapportent plusieurs sources médiatiques. Des propositions, tant attendues depuis plusieurs années, seront alors présentées lors de la prochaine rencontre au coordinateur de ce plan.
Pour le Pr. Bouzid, chef de service d’oncologie au niveau du Centre Pierre et Marie Curie et président de la société algérienne d’oncologie, en dehors du problème lié à la radiothérapie dont le processus d’installation des équipements dans les centres anti-cancer est en cours.
Il y a lieu d’optimiser les moyens humains en affectant un personnel qualifié dans les différentes régions du pays. Comme il est aussi important de régler définitivement le problème des ruptures de stock en médicaments et ce, bien que «la situation se soit améliorée cette année».
«Il faut justement maintenir le rythme afin que les malades algériens soient traités d’une manière efficace », a-t-il ajouté et de prévenir que le taux d’incidence du cancer connaîtra une véritable hausse d’ici 2020.
«Le nombre de personnes atteintes de cancer, toutes localisations confondues, augmentera d’une manière significative dans les cinq prochaines années et atteindra l’incidence des pays développés. Actuellement, l’Algérie enregistre 130 cas pour 100 000 habitants.
Ce taux est appelé à croître pour égaler celui enregistré dans les pays avancés. En France, a-t-il dit, il est question de 300 cas pour 100.000 habitants et 400 cas pour le même nombre aux Etats- Unis, indiquent les mêmes références.
Sifi F.