Le rapport de la mission européenne d’observation des élections législatives divise la classe politique. Si le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) l’ « applaudissent », il n’en demeure pas moins que les autres partis, dont le FJD et le FNA soulignent que ce document est loin d’être crédible.
Pour Abdelhamid Si Afif, membre du bureau politique de l’ancien parti unique, ce rapport est un document intéressant, qui va servir les autorités du pays car, a-t-il estimé, «celui-ci va leurs permettre d’assurer, à l’avenir, des élections plus perfectionnées et plus assainies». Le rapport de la mission européenne d’observation des élections législatives, ajoute encore Si Afif, permettra en outre de lever toutes les zones d’ombre qui ont jusque-là entaché les différentes échéances électorales.
«C’est un document intéressant qui va inéluctablement aider à accroitre la transparence des scrutins à venir», a déclaré notre interlocuteur, que nous avons joint hier par téléphone. S’agissant du point relatif à l’absence de résultats détaillés au niveau de chaque wilaya, qui a été soulevé comme insuffisance par la mission de José Ignacio Salafranca, le membre du BP du FLN, Si Afif a précisé que ce point sera traité et pris en charge par les instances compétentes.
Pour ce qui est de l’accès au fichier électoral, l’orateur a rappelé que les observateurs européens n’y ont pas eu droit par «mesure de sécurité» et parce que, a-t-il enchaîné, celui-ci revêt un caractère confidentiel. En revanche, Abdelhamid Si Afif a tenu à préciser que la mission de la délégation européenne d’observation des élections législatives était juste limitée à l’observation du processus électoral et l’établissement d’une série de recommandations sur la base des insuffisances et des lacunes constatées. «La mission européenne n’avait pas le droit de valider ou d’invalider le processus électoral.
Ce détail est mentionné dans le cahier des charges», a-t-il souligné. «Celle-ci (la mission) était invitée par l’Algérie pour observer le processus électoral et faire des recommandations. C’est tout !», a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le même orateur fera remarquer qu’il n’y a pas de grande différence entre la déclaration préliminaire de cette mission, faite quelques jours après la tenue du scrutin du 10 mai écoulé, et le contenu du rapport rendu public dimanche lors d’une conférence de presse animée à Alger.
Pour sa part, le porteparole du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi, s’est réjoui du fait que le « rapport européen » ait crédibilisé le scrutin du 10 mai écoulé. «Ledit rapport qui confirme, entre autres, la participation de 44 partis aux dernières élections prouve que les réformes menées par le président de la République ont été menées à bon port», a-t-il estimé. «Le RND se dit satisfait du rapport de la mission européenne d’observation des élections législatives», at- il conclu.
«UNE MISSION INDÉPENDANTE ET IMPARTIALE»
Néanmoins, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, contacté par nos soins hier, n’est pas allé par trente-six chemins pour dire que «la mission européenne d’observation des élections législatives a été complaisante avec l’État algérien». Selon lui, le contenu du rapport de cette mission, qui a souligné que les élections se sont globalement déroulées dans de bonnes conditions, renseigne, on ne peut mieux, sur le fait que celle-ci (la mission) n’est pas «crédible». Plus loin encore, le président du FNA croit dur comme fer que la délégation européenne a reçu un «grand paquet» en contrepartie.
«L’Europe souffre, comme tout le monde le sait, d’une crise financière sans précédent. Et l’Algérie représente actuellement un bon partenaire pour les pays de ce continent dans de telles circonstances», a-t-il déclaré. Moussa Touati se dit même contre la venue de cette mission en Algérie. De son côté, le président du Front de la justice et du développement (FJD), cité dans la presse, a indiqué que son parti «regrette le contenu du rapport qui, a-t-il relevé, n’a aucune valeur».
Il a d’autre part ajouté que «la délégation des observateurs européens ne peut pas donner son opinion sur la transparence du scrutin du 10 mai écoulé puisque le nombre des observateurs était minime comparativement au nombre de bureaux de vote existant à l’échelle nationale». Pour rappel, le rapport de la mission européenne d’observation des élections législatives a été remis, mercredi dernier, aux autorités algériennes.
Le chef de cette mission, José Ignacio Salafranca, a souligné, avant-hier, lors d’une conférence de presse animée à Alger, que le scrutin du 10 mai écoulé s’est globalement déroulé dans de bonnes conditions, si l’on excepte certaines insuffisances qui ont «affaibli» sa transparence, dont le vide juridique existant dans certaines dispositions de la loi relative aux élections, l’absence de résultats au niveau de chaque wilaya et le manque de transparence dans les phases de compilation des résultats.
Le chef de la délégation des observateurs européens a aussi rejeté catégoriquement l’idée selon laquelle sa mission aurait négocié le contenu du rapport avec les autorités du pays. «Notre mission est indépendante et impartiale», a-t-il affirmé.
Soufiane Dadi