Trente députés ont déposé, jeudi après-midi au bureau de l’APN, une résolution portant interpellation du gouvernement sur la question de la restitution, à leurs propriétaires, des fusils de chasse confisqués par les services du ministère de l’Intérieur en 1993 pour des raisons sécuritaires.
Tarik Mira, député de Béjaïa et délégué des signataires de la motion, explique qu’il y a dix-neuf ans, 300 000 citoyens «se sont vus confisquer leurs armes de chasse au nom de la lutte antiterroriste. Toujours dans le cadre de celle-ci, l’État avait, à la même époque, distribué des milliers d’armes de chasse aux citoyens, y compris à certains parmi ceux auxquels leurs propres fusils avaient été confisqués» pour qu’ils s’organisent en groupes d’autodéfense. Au-delà de ce paradoxe, Tarik Mira estime que le net recul du terrorisme plaide en faveur de la restitution de ces armes. Pourtant, leurs propriétaires, qui les réclament depuis des années souvent en recourant aux manifestations de rue, ne parviennent pas à obtenir gain de cause. Pis encore, ils sont ballotés entre les autorités militaires et les pouvoirs publics. «Des walis jusqu’à la présidence de la République et aux deux chambres du Parlement, en passant par les divers échelons des services de sécurité et de l’Armée, les victimes n’ont jamais pu obtenir la restitution de leurs biens ou une indemnisation conséquente, ni pu établir l’identité exacte du centre de décision d’État qui gère ce dossier». Selon les députés signataires de la résolution d’interpellation du gouvernement, «les services de gendarmerie ont été instruits, il y a près d’un an, sous la pression des revendications des concernés, de leur réclamer des dossiers administratifs et médicaux censés leur permettre de récupérer leurs biens. Pourtant aucun engagement officiel public ni délai déterminé n’a confirmé le sérieux de cette opération». À ce titre, les députés exigent du gouvernement de communiquer aux parlementaires «toutes les informations disponibles sur ce dossier (nombre d’armes confisquées, sont-elles toujours dans les magasins de l’État ?) et d’exposer les mesures qu’il compte prendre dans les meilleurs délais pour un règlement définitif satisfaisant qui garantisse les droits des citoyens par la restitution des fusils à leurs propriétaires légitimes ou par une juste indemnisation des concernés selon les prix en cours».
A. F.