Des pannes d’électricité assez courantes

Des pannes d’électricité assez courantes

Depuis le début de l’été, plusieurs wilayas ont enregistré une fréquence notable de coupures intempestives d’électricité. Et les désagréments engendrés en cette période

de grandes chaleurs sont importants : rupture de la chaîne de froid et détérioration des appareils électroménagers.

Alors que les populations touchées pestent, Sonelgaz reconnaît explicitement la persistance du problème de distribution de cette énergie.

Elle semble ainsi dépassée par l’ampleur du problème à caractère, faut-il souligner, itératif.

«Les problèmes de distribution sont d’ordre structurels : des câbles qui lâchent, des transformateurs qui brûlent, des lignes de conducteurs de tension moyenne qui tombent (…) Les redondances des lignes causent des coupures.

On ne peut pas assurer le service continu», reconnaît Nourdine Bouterfa, président-directeur général (PDG) du groupe Sonelgaz. S’exprimant, avant-hier soir, lors d’un conférence de presse organisée au siège du groupe à Alger, M. Bouterfa a estimé à 3000 le nombre de clients subissant des coupures durant la période de pointe, avec une moyenne inférieure à une heure par jour, sur les 6 millions de foyers.

«On est dans les normes», s’empresse-t-il de dire, en précisant que Soneglaz enregistre, par contre, environ 200 coupures par jour en période normale. Selon lui, les temps moyens de coupures diminuent au même titre que les coupures massives, depuis le second semestre 2009.

Accusé de partout, y compris par la Seaal qui lui reprochait récemment d’être à l’origine des coupures d’eau dans l’Algérois, mais les responsables de Sonelgaz s’en lavent les mains. «Il faut revenir à la raison.

Il n’y a pas de coupure zéro. On est sur un système technique. Et les risques existent partout», se défend M. Bouterfa, en soulignant que le problème de distribution est inextricable. «Le réseau d’électrification algérien a été conçu dans le but d’apporter la lumière et de faire fonctionner le frigidaire et la télévision. Avec l’avènement des ordinateurs et climatisation, c’est un bond de consommation de près de 6% ces deux dernières années.

Et nous ne pouvons pas assurer une qualité de service parce que les ouvrages mis en place n’ont pas été pas conçus pour cela. Il faut du temps pour que tout rentre dans l’ordre», explique-t-il, en indiquant que les coupures d’électricité risquent de persister si les contraintes ne sont pas levées.

Or, sur ce point, les boulets s’accumulent. Le PDG de Sonelgaz s’est plaint de l’indisponibilité du foncier. «L’accès au foncier est devenu le parcours du combattant. Sans terrains, pas d’amélioration dans la distribution de l’électricité. Des postes sont terminés depuis 2 ans et nous n’arrivons pas à avoir les autorisations», dira le PDG du groupe, en pointant du doit le laxisme des collectivités locales.

L’orateur a également évoqué le problème des heurts avec des citoyens, dans certains cas, pour l’implantation d’ouvrages du groupe. «Pour les opérations d’entretien de transformateurs, nous rencontrons des oppositions parfois des populations.

Elles empêchent les réparations. Nos agents ne savent plus où donner de la tête. On ne peut pas continuer comme ça. Les gens doivent revenir à la raison», recommande-t-il. Dans le cas des expropriations de terrain, M. Bouterfa s’en est pris aux walis et chefs de daïra, incapables, selon lui, de mobiliser la force publique pour l’exécution des décrets de prises de position immédiate du terrain.

Interrogé par ailleurs sur la question des prix, M. Bouterfa reste alarmiste quant à l’avenir de l’entreprise. «Nous consommons beaucoup et nous ne payons pas beaucoup. Ceci ne couvre même pas les frais d’exploitation. L’Etat ne nous a rien donné. Il essaie d’assurer les financements des investissements.

Y a pas de cadeau. Nous avons signé une convention avec la BNA de 140 milliards de dinars. Elle couvre quelques projets de 2010, mais ne couvre pas le années prochaines. Ce n’est pas une solution.

Rien n’est réglé», déplore-t-il, en mettant en garde contre l’incapacité de Sonelgaz à rembourser ses dettes en 2020, l’échéance fixée par l’Etat pour le différé de payement.

Quelle solution ? M. Bouterfa plaide pour que le gouvernement procède à l’augmentation des tarifs par étape afin d’éviter de corser l’addition, à cette date. Sur un autre chapitre, le conférencier s’est montré catastrophé par le montant du niveau des créances détenues sur les clients (50% relèvent de l’Etat), des sociétés de distribution qui ont atteint 43 milliards de dinars à fin juin 2010, celui de la TVA (7 milliards de dinars), qui n’est pas restituée par l’administration des impôts, ainsi que par l’ampleur du manque à gagner engendré, entre autres, par les branchements illicites et les atteintes sur les compteurs.

Hocine Lamriben