Des organismes de lutte contre la corruption sous influence

Des organismes de lutte contre la corruption sous influence
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Il est tout à fait curieux qu’au moment où les organismes officiels de lutte contre la corruption se sont multipliés, certains rattachés directement à la Présidence de la République, pour les mettre à l’abri de toute influence, ce sont des ONG qui mènent le combat au quotidien, en offrant du concret à la Justice.

Ainsi, après le forcing fait par le Forum pour la lutte contre la corruption, basé en Espagne, qui a tour à tour déposé plainte contre Chakib Khelil et Bouabdallah Ghoulamallah, c’est au tour de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), dont le porte-parole est Djilali Hadjadj, de porter l’estocade à l’incontournable Chakib Khelil, mais aussi à Amar Ghoul.

Il y a quelques semaines, le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), Abdenour Hibouche, déclarait que « depuis la création en 2005 de cette cellule de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le nombre de déclarations de soupçon, en nette augmentation, a été de l’ordre de 11 déclarations de soupçon, en 2005, pour passer à 1 083 en 2010, puis à 1 576 en 2011 et, enfin, à 1 373 en 2012 », et que « sept dossiers seulement ont été transmis à la justice. Il s’agit de suspicion de capitaux transférés à l’étranger, mais aussi liés à des transactions immobilières ».

Pourquoi donc tout marche au ralenti quand il s’agit de corruption des grands ? Pourtant, « en février 2012, le président de la République a instruit le gouvernement, la Banque d’Algérie et les autorités à apporter leur plein concours à la CTRF, placée sous la tutelle du ministère des Finances ».

Pourquoi la Justice ne se saisit-elle d’affaires avérées de corruption que pour les noyer dans d’interminables procédures ? Et pourquoi les organismes, observatoires et autres mécanismes officiels de lutte contre la corruption ne fonctionnent-ils pas ?

Dans tous les cas de figure, les magistrats de la Justice restent tributaires du ministre lui-même, qui dépend du Premier ministre avant de lancer les grandes affaires, et le Premier ministre doit toujours, toujours, en référer au président de la République avant de décider de quoi que ce soit.

Le même constat peut être dressé pour l’Office central de répression de la corruption. Inauguré en grande pompe le 3 mars 2013, l’OCRC, régi par le décret présidentiel du 8 décembre 2011 ainsi que par la loi de lutte contre la corruption de 2006, et placé sous la tutelle du ministère des Finances, est officiellement chargé de lutter contre la corruption et de traiter les dossiers transmis par des institutions comme la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances (IGF) et la Cellule d’investigation financière.

Le président de l’Office Abdelmalek Sayah a certes laissé entendre que les grands dossiers de corruption ayant un préjudice avéré sur l’économie nationale, comme les dossiers Sonatrach et l’autoroute Est-Ouest, seront traités en priorité, mais à ce jour, rien n’a été fait…

Annane Imad-Eddine