Ce qui s’est produit le jour du réveillon à Hadjout, lorsqu’un citoyen a fait usage de sa kalachnikov, tuant deux personnes et blessant grièvement deux couples de sexagénaires, relance la question de la circulation des armes en Algérie.
Aujourd’hui, des nomades, des éleveurs, certains particuliers détiennent des armes. Combien sont-ils ? Combien d’armes circulent en Algérie ? Et quel en est l’impact sur la sécurité du pays ?
Le triste évènement qui a eu lieu mardi dernier à Hadjout, où un carnage s’est produit dans un village, où deux personnes ont été tuées et quatre autres blessées par balles, tirées par un forcené, a relancé la question sur le nombre d’armes circulant en Algérie.
Aujourd’hui, elles seraient à la portée de beaucoup de monde, comme chez les nomades du Grand Sud algérien, les éleveurs de cheptels et nombre de citoyens. Des dizaines de milliers d’armes circuleraient actuellement en Algérie. Le recours aux armes à feu pour défendre ses troupeaux est de plus en plus important dans certaines wilayas, notamment chez les nomades et les éleveurs.
Ces derniers achètent au marché noir des armes, à des prix «fous» rien que pour protéger leurs cheptels face à des vols qui se produisent de plus en plus fréquemment d’année en année. En effet, selon un constat fait par la Gendarmerie nationale, tiré d’un bilan établi en janvier 2012, les nomades et les éleveurs de cheptels représentent la catégorie de gens la plus nombreuse à porter des armes de façon illégale.
Ils résident dans certaines villes du pays, notamment à Médéa, Béchar, Aïn Defla, El-Bayadh, Tamanrasset, Chlef… et la liste est encore longue. Ils se sont armés, généralement, de fusils de chasse, acquis de manière illicite, à un prix dépassant les 5 millions de centimes l’unité. Il y a également des armes de poing, des armes automatiques comme le Beretta, d’origine italienne.
Durant le 1er trimestre de cette année, les unités de la Gendarmerie nationale ont traité 232 affaires liées au port illégal d’arme. En matière de crime organisé, le trafic d’armes et de munitions constitue près de 10 % des affaires délictuelles, en augmentation par rapport à la même période de l’année écoulée.
Au total, il a été notamment procédé à la saisie de 29 fusils de chasse, une arme de guerre, 5 armes de poing, 11 armes artisanales, 12 651 cartouches de différents calibres, 275 kg de poudre noire, 390 capsules. Il est relevé un fort pourcentage d’éleveurs et de nomades impliqués dans des crimes où les mis en cause assuraient de leur propre chef la protection de leurs biens, de leurs cheptels.
Un phénomène nouveau, constate la Gendarmerie nationale, car d’habitude, les personnes qui portent des armes à feu illégales sont des criminels, des narcotrafiquants ou des personnes appartenant à des réseaux de vol et de trafic en tous genres.
Ainsi, les gendarmes font face actuellement à des éleveurs, à nomades qui détiennent des armes à feu et n’hésitent pas à en faire usage pour protéger leurs troupeaux. Et les réseaux de trafic ciblent de plus en plus les cheptels. Depuis les cinq premiers mois de l’année en cours, plus de 5 000 bêtes ont été subtilisées à leurs propriétaires.
Ces animaux sont par la suite vendus sur les marchés de gros de bétails, à travers plusieurs wilayas du pays. Mais généralement, c’est au niveau du marché de Baraki, à Alger, que le gros de ces cheptels volés est vendu. Une situation qui met grandement en difficulté les éleveurs et les nomades qui ont décidé de sévir face à ces réseaux de trafic, en utilisant des armes à feu.
S. Abi