Des Moudjahidines se remémorent: «C’était une gifle pour la France»

Des Moudjahidines se remémorent: «C’était une gifle pour la France»

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Les Algérois qui donnaient l’impression au début qu’ils étaient contents des gestes de l’administration française, ne faisaient en réalité que refouler leur colère.

Invités, hier, par le forum d’El Moudjahid pour évoquer la date du 11 décembre 1960, Mohamed Bousmaha et Saïd Bouraoui, respectivement commandant de l’ALN dans la zone autonome et moudjahid dans la Wilaya IV historique, ont préféré s’étaler sur des détails non-connus jusque-là. Pour Mohamed Bousmaha, les manifestations du 11 décembre 1960 ont commencé à Alger. «Il faut que ce soit clair une bonne fois pour toutes», a insisté le commandant. Pourquoi c’est si important de préciser cela pour les générations montantes, le commandant de l’ALN indique que la capitale a vécu des circonstances et des événements particuliers.

«Les Algérois sont sortis dans la rue le 11 Décembre 1960 parce qu’ils en avaient marre de la pression que l’administration française exerçait sur eux et pour dire aussi stop aux rumeurs, selon lesquelles, les Algérois ne s’intéressaient plus à la révolution.» Développant davantage ses propos, Mohamed Bousmaha a indiqué que la France a opté pour deux politiques à Alger durant la révolution et particulièrement durant l’année 1960. «La politique répressive et celle de la manipulation», dira-t-il. «La politique répressive consistait en la multiplication des postes de contrôle et le bouclage des quartiers.

Tandis que la politique de manipulation consistait en l’organisation des évènements culturels pour détourner l’attention des Algérois et la diffusion de fausses informations, quant au sort de la révolution, en disant qu’elle est complètement sous-contrôle et maîtrisée», a expliqué le conférencier. «L’administration française avait sérieusement investi dans sa politique de manipulation. Elle s’était intéressée même aux femmes au foyer en leur distribuant des machines à coudre pour les occuper et ne plus s’intéresser à la révolution», fera-t-il savoir. «Les Algérois qui donnaient l’impression au début qu’ils étaient contents des efforts de l’administration française, savaient en réalité, exactement ce qu’ils faisaient. Ils ne faisaient au fait que refouler leur colère pour l’exprimer au moment opportun.

Le moment opportun est venu quand De Gaulle avait décidé de se rendre à Alger», fera remarquer Mohamed Bousmaha. «Tel un seul homme, les jeunes de Belcourt, de la Casbah, de Bab El Oued, d’El Harrach…, sont sortis dans les rues d’Alger pour crier haut et fort: «Vive le FLN, vive l’ALN, vive Ferhat Abbas, l’Algérie algérienne», témoigne le conférencier. «Le choc des Français d’Algérie était indescriptible. Ils avaient du mal à croire ce qui se déroulait sous leurs yeux», a-t-il conclu. De son côté, Saïd Bouraoui qui a pris ensuite la parole, a préféré revenir sur les circonstances qui avaient marqué son aventure de rejoindre le maquis et les actes d’armes qu’il avait effectués en compagnie de ses camarades moudjahidine dans la Wilaya IV historique particulièrement.

Le moudjahid a raconté aussi l’ambiance qui régnait au sein des maquis. «Malgré le recul du nombre des moudjahidine et l’accentuation de la France pour sa politique de la terre brûlée, les moudjahidine avaient tenu bon et surmonté l’épreuve», souligne-t-il. Pour le moudjahid Saïd Bouraoui, les manifestations du 11 décembre 1960 avaient donné un nouveau souffle aux moudjahidine en ce sens que ces derniers se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas seuls et que le peuple était avec eux. Said Bouraoui qui a créé et présidé l’Association du 11 Décembre 1960 après l’indépendance a été honoré à cette occasion par l’Association Mechaâl Echahid, coorganisatrice de l’évènement d’hier.

Pour rappel, l’Association du 11 Décembre 1960 a dirigé et réalisé de nombreux travaux de recherche en rapport avec la Révolution.