Oued Tlélat – Gaspillage du pain
Pas un jour ne passe, sans que les citoyens ne constatent amèrement, le gaspillage inacceptable du pain, soutenu à coups de milliards par l’Etat. La baguette de 250 grammes est taxée à 8,50 DA, mais souvent, vendue à 9 voire 10 dinars par les revendeurs, au vu et au su de tout le monde. «Ce pain jeté dans les poubelles, c’est de l’argent jeté par les fenêtres», lance un retraité.
Mais pourquoi ce gaspillage ?
Les raisons sont diverses. D’abord le prix de la baguette qui, certains le jugent abordable, voire encourageant pour le gaspillage. Puis, il y a la mauvaise qualité du pain, car aucun contrôle de la qualité n’est opérationnel à Oued Tlélat. Ensuite, le cas des restaurateurs, des cantines et des fast-foods où la facture du pain jeté, est déjà réglée par les clients (ou le contribuable), sans qu’ils ne le sachent.
D’autres raisons sont soulevées telles la pauvreté des menus quotidiens que des centaines de familles concoctent et le manque de planification pour certains, favorisant ainsi l’achat de grande quantité de pain. Du coup, un grand nombre de citoyens n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur le prix soutenu par l’Etat. «Le soutien du pain est une mauvaise solution. Ce sont les moulins de farine et les boulangers qui trouvent leur compte. Le consommateur est en fait le dindon de la farce», précise un ancien cadre de l’ERIAD, avant d’ajouter : «Les moulins privés n’importent plus de blé, vu les prix élevés pratiqués dans le marché mondial, donc aucun frais d’achat. C’est l’OAIC qui se charge du problème et offre un blé soutenu aux moulins privés, dans le but de préserver le pouvoir d’achat.
D’autre part, le non-respect du poids et de la qualité du pain, permettent aux boulangers de duper le consommateur, pour ensuite jouer les victimes. Certes, certains professionnels sont à encourager, mais ils sont une minorité à l’échelle de la wilaya d’Oran», précise-t-il.
Pour faire profiter les consommateurs à faibles revenus, il est souhaitable de verser directement l’argent du soutien des prix aux salaires et les pensions de ces derniers en guise d’augmentation et pratiquer le prix réel du pain. Ainsi, les consommateurs seront conscients des efforts de l’Etat et de la gravité de la situation à propos de la sécurité alimentaire.
Chaque jour, des dizaines de sacs de 50 kilogrammes de pain sont jetés, souvent récupérés par des initiatives individuelles pour arrondir leurs fins de mois. Puis, généralement, le butin est cédé aux éleveurs de moutons et autres, contre une poignée de dinars, et qui sera transformé en aliment de bétail. Le reste sera jeté à la décharge publique, s’il n’y a pas preneur. Un vrai gâchis! Pour le moment, aucune association de récupération du pain jeté, n’active au niveau de la daïra d’Oued Tlélat. Ce qui accentue les pertes en dinars et en devises. Du côté des boulangers, aucun chiffre des invendus n’est déclaré. Par contre, les commerçants chargés de la commercialisation du pain, affirment en revanche le revendre à bas prix à des revendeurs. Cependant, les fours traditionnels de pain «syrien», poussent comme des champignons, ce qui montre que le créneau du pain est porteur.
Une couronne de 150 grammes est cédée à 20 dinars, alors que le prix de vente d’un kilogramme de farine, cédé au consommateur, ne dépasse pas les 20 dinars, car la farine est plafonnée à 2.000 dinars le quintal.Entre la préservation du pouvoir d’achat, et la chasse au gaspillage, il n’y a pas mille solutions, mais deux pour le moment, si on se fie aux déclarations des personnes bien avisées.
«Il n’y a que deux solutions. Soit vendre au prix réel la baguette de pain, soit sensibiliser les consommateurs et les grands consommateurs de pain (exemple : les restaurateurs), de la nécessité de combattre le gaspillage», affirme un économiste. En effet, des familles entières font du porte-à-porte pour pouvoir acheter une baguette de pain, alors que d’autres se permettent le luxe de jeter des dizaines de baguettes par mois, à la décharge publique.Ecoles, mosquées, télévisions et tous les moyens de communication, doivent être mis à contribution, pour faire face à ce fléau, car c’en est un.
Evoquer la protection de l’environnement, c’est d’abord éviter le gaspillage du pain, de l’eau, de l’électricité… En plus simple, la chasse au gaspillage doit être une règle partout et sur tout.
A noter que l’Etat a fixé le prix d’achat du blé dur algérien à 4.500 DA le q et 3.500 DA le q pour le blé tendre (soit 75 kilogrammes de farine et 25 kg de son). On comprend aisément que le prix de revient de 100 kg de farine locale dépasse les 4.000 dinars pour l’Etat, mais est plafonné à 2.000 dinars.
Noureddine Benabbou