Des millions d’Algériens attendus dans les rues demain : Un 9e vendredi décisif

Des millions d’Algériens attendus dans les rues demain : Un 9e vendredi décisif

Un week-end chargé attend les Algériens. Le hasard du calendrier a, en effet, voulu que le neuvième vendredi de la contestation qui s’exprime dans les rues du pays intervienne à la veille d’un autre évènement de taille, le 20 Avril, que les citoyens veulent inscrire dans la logique de la protestation en cours.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Les appels visant à faire de ces deux dates, deux longs jours de manifestation devant concerner l’ensemble du territoire national se sont multipliés tout au long de la semaine et il a été en même temps prévu d’observer une minute de silence ce vendredi en hommage au Printemps noir.

Le contenu des messages lancés avant le discours du chef d’état-major a cependant été modifié, a-t-on observé. Destinés à ôter la peur de l’intimidation ou de la répression après les évènements vécus le week-end dernier et les pratiques honteuses ayant ciblé quatre manifestantes, ils ont pris une toute connotation depuis hier.

Les Algériens ne se mobilisent plus pour la «marche du courage», mais pour faire «tomber les deux B restants (Bedoui et Bensalah)» et remplacer le «nom de Belaïz par Fenniche».

L’intervention du chef d’état-major, qui a tenté de rassurer le mouvement populaire en lui promettant de veiller à ce que de telles pratiques ne se répètent plus a-t-elle porté ses fruits ? La réponse en elle-même ne se fera connaître que le jour dit. Axé sur des revendications constantes, le mouvement populaire reste sceptique à l’égard de la démarche que tente d’imposer actuellement Gaïd Salah. On a eu à le constater après sa décision d’appliquer l’article 102 et lorsque ce dernier a eu à hausser le ton envers ce mouvement qualifiant les slogans appelant au départ de tous les symboles du système «d’irréalisables».

Dans leur majorité, les manifestants ont réagi, comme on le sait, en maintenant leur principale revendication «dégagez tous» mais beaucoup ont fait part aussi d’une opinion différente et qui consistait à lui demander, au contraire, de «finir le travail entamé». Il faut dire aussi que ce dernier slogan a été enregistré à la suite de la démission de Abdelaziz Bouteflika, car le vendredi suivant, Gaïd Salah figurait à nouveau dans la liste des symboles du régime.

Ce vendredi promet, d’ores et déjà, d’être à nouveau «chaud» et chargé en slogans très critiques, qui évoluent en fonction des évènements, puisqu’il intervient après plusieurs actes de répression au sein duquel figure l’épisode des quatre jeunes militantes arrêtées à la Grande-Poste puis conduites (samedi dernier) dans un commissariat de Baraki où elles ont été déshabillées. La DGSN a réagi, quelques jours après, en niant toute maltraitance mais sans faire allusion au fait le plus grave (l’injonction d’ôter les vêtements). L’affaire a provoqué une très vive réaction et condamnation des Algériens. Plusieurs partis politiques ont également dénoncé cette dérive dangereuse appelant à des sanctions contre les auteurs de ces pratiques et leurs responsables.

Dans son intervention de mardi, le chef d’état-major s’est donc voulu rassurant puisqu’il a annoncé avoir donné des instructions pour que ces faits ne se reproduisent plus. Le jour même, des milliers d’étudiants ont manifesté à travers tout le pays sans être réprimés, et il en a été de même hier lors du grand rassemblement organisé par les syndicalistes de différents secteurs devant le siège de l’UGTA pour réclamer le départ de Sidi Saïd.

Hier après-midi, et alors que la confiance commençait à se réinstaller, des arrestations se déroulaient au sein de l’Université de Saïd-Hamdine. Des étudiants ont été interpellés au sein même de leur campus. Saïd Salhi, vice-président de la Laddh, a réagi sans tarder en confirmant la nouvelle et en appelant à la libération des personnes arrêtées.

A. C.