Des milliers d’Egyptiens occupent toujours la place Tahrir au Caire

Des milliers d’Egyptiens occupent toujours la place Tahrir au Caire
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Plusieurs milliers d’Egyptiens ont poursuivi mercredi matin leur mouvement de contestation à la place Tahrir au Caire pour réclamer le départ du pouvoir militaire, malgré la promesse du chef du Conseil suprême des forces armées égyptiennes (CSFA), le Maréchal Hussein Tantaoui, de remettre le pouvoir à un président élu à la mi-2012.

Selon les médias, le maréchal, Tantaoui, s’est engagé dans un rare discours la veille à organiser une élection présidentielle avant la fin de juin 2012 et s’est dit même prêt à remettre le pouvoir tout de suite en vertu d’un référendum. Mais beaucoup d’Egyptiens qui ont manifesté par dizaines de milliers mardi sont restés toute la nuit à la place Tahrir pour exprimer leur refus de cette offre, affirmant ne pas croire un mot aux paroles du maréchal, ministre sous l’ancien régime.



Lors du soulèvement qui a renversé l’ex-président en février, la foule avait occupé en permanence la place Tahrir, dans le centre de la capitale, réclamant inlassablement le départ de celui qui a régné pendant trente ans sur l’Egypte. Chaque discours de M. Moubarak attisait davantage la colère des manifestants jusqu’à ce qu’il se voit obligé de quitter le pouvoir le 11 février.

La détermination de la rue, qui a déjà provoqué la démission du gouvernement mis en place par le pouvoir militaire, laisse présager un bras de fer de longue durée, alors que les premières législatives depuis le départ de M. Moubarak doivent débuter dans cinq jours, le 28 novembre.

Le maréchal Tantaoui

Cinquante ans de carrière militaire, trois guerres contre Israël et vingt ans passés au gouvernement : Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, dépositaire du pouvoir, n’est pas vraiment le jeune révolutionnaire post-Moubarak que la foule attendait après dix-huit jours de soulèvement. Cet apparatchik de 75 ans apparaît surtout comme le candidat des Etats-Unis et il doit encore prouver qu’il est capable d’effectuer la  » transition pacifique  » promise, samedi 12 février, par le Conseil suprême des forces armées.

Apparatchik expérimenté. Mohamed Tantaoui devra représenter le pays  » auprès de toutes les parties à l’intérieur et à l’extérieur « . Né en 1935, il a passé les deux tiers de sa vie dans l’armée, où il est entré en 1956, participant ainsi à la première crise internationale qu’a connue l’Egypte, celle du canal de Suez qui l’avait opposée à Israël, à la France et à la Grande-Bretagne.

M. Tantaoui a par la suite participé à deux autres conflits armés contre l’Etat hébreu, lors de la guerre des Six Jours en 1967, puis celle du Kippour en 1973. En 1991, il a ensuite joué un rôle-clé en conduisant les forces armées au sein de la coalition qui est intervenue au Koweït après l’invasion irakienne. Quatre ans plus tard, il fut nommé au poste qu’il occupe encore aujourd’hui, celui de commandant général des forces armées.

Au-delà de ces faits d’armes, le CV du nouvel homme fort de l’Egypte présente aussi un lourd volet politique, puisque celui-ci a occupé la fonction de ministre de la défense et de la production miliaire pendant vingt ans (1991-2011). Enfin, Mohamed Tantaoui a reçu une promotion aussi récente qu’éphémère : le 29 janvier, Hosni Moubarak l’avait nommé vice-premier ministre, pensant calmer les ardeurs des révolutionnaires de la place Tahrir.