Plusieurs milliers de passagers de la compagnie Air Algérie sont bloqués dans les aéroports algériens et français après la radicalisation du mouvement de grève entamé lundi par le personnel navigant.
Hier, tous les vols prévus par la compagnie ont dû être annulés pour le troisième jour consécutif. Pour des centaines de personnes qui comptaient rentrer en Algérie, le départ en vacances vire au cauchemar. Air Algérie a dû annuler hier encore ses vols depuis Paris et Marseille. A l’aéroport d’Alger, les avions de la compagnie publique sont restés coulés au sol, alors que des milliers de passagers étaient immobilisés. Seuls 35 vols sur les 150 programmés ont pu décoller. Devant l’ampleur de l’anarchie engendrée par ce mouvement de grève, une cellule de crise a été mise en place afin de procéder en priorité au rapatriement de ressortissants algériens résidant à l’étranger, notamment en France, bloqués depuis trois jours dans les aéroports en attente d’embarquement. De nombreux voyageurs reprochaient à la compagnie aérienne un manque d’information
d’autant que beaucoup d’enfants et de personnes âgées sont au nombre des voyageurs bloqués. A Oran, sur les cinq vols internationaux et huit vols nationaux programmés pour la journée d’hier, aucun avion n’a décollé. Ainsi, au moment où l’on s’attendait à une solution du conflit par la prise en charge des revendications du personnel navigant, la direction générale d’Air d’Algérie a décidé de hausser le ton et de passer aux sanctions. En effet, le président-directeur général de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, a annoncé hier le licenciement des meneurs de la protestation et appelé les grévistes à la reprise du travail. «Une fois la reprise du travail assurée, nous étudierons le cas des licenciés» a-t-il déclaré sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Ces sanctions prises à l’encontre des meneurs n’ont pas dissuadé les grévistes. Les avions d’Air Algérie sont toujours cloués au sol et plusieurs vols ont été annulés. Cette situation n’a pas suscité la réaction des hautes autorités du pays. Le ministre des Transports, Amar Tou, premier responsable du secteur, n’a soufflé mot sur ce conflit. C’est le ministre français des Transports, Thierry Mariani, qui vole au «secours» des passagers d’Air Algérie. Le ministre s’est rendu dans la soirée d’hier à l’aéroport d’Orly, où les voyageurs ont passé une deuxième nuit consécutive dans l’espoir de pouvoir prendre un avion. Le ministre des Transports algérien n’a pas fait de même. Il ne s’est pas rendu à l’aéroport d’Alger pour s’enquérir de la situation des voyageurs qui se trouvent au bord de l’asphyxie. C’est un nouveau signe de mépris à l’égard des Algériens en général.
Air France et les bateaux de l’ENTMV à la rescousse
En cette période de vacances, les vols sont réservés depuis longtemps et les solutions de repli sont difficiles à trouver. Thierry Mariani, a réuni hier «des représentants de l’ambassade d’Algérie en France, de la compagnie Air Algérie, des aéroports de Paris et des services de l’État», selon un communiqué répercuté par l’agence française AFP. Lors de cette réunion, le ministre «a insisté sur les obligations de la compagnie envers ses clients, notamment le devoir d’assurer l’information la plus complète des passagers afin, notamment, d’éviter qu’ils ne se rendent inutilement dans les aérogares», selon le communiqué. Air Algérie doit «mettre en œuvre tous les moyens alternatifs d’acheminement que ce soit par les airs ou par d’autres modes (train/bus + bateau) à destination de l’Algérie», a exhorté Thierry Mariani. La compagnie publique, de son côté, a demandé mardi aux passagers de ne pas se présenter à l’aéroport et propose un report des voyages ou un remboursement des billets. Devant cette situation d’urgence, Air France a affrété hier deux avions supplémentaires à destination d’Alger. Un vol a été programmé vers 16h de l’aéroport parisien d’Orly. Il a été assuré par un appareil Airbus A319 d’une capacité de 142 places.
L’autre vol a été assuré de Lyon à la même heure, avec un Airbus A318 de 131 places. Pour sa part, le directeur de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (Entmv), Ahcene Grairia, a affirmé que les voyageurs algériens bloqués par la grève dans des aéroports algériens et européens «ont commencé à être pris en charge».
Dans une déclaration à l’APS, le responsable a affirmé que son entreprise a déjà transporté mardi vers Alger 116 voyageurs à partir de Barcelone via Palma de Majorque, alors que 30 autres voyageurs arriveront à Oran à bord du navire Ariadne, en partance d’Alicante. Il a souligné également que l’Entmv a la capacité de prendre en charge aujourd’hui, jeudi, «entre 500 et 600 passagers d’Oran vers le port d’Alicante (Espagne) et qui devraient embarquer sur le car ferry Ariadne». M. Grairia a ajouté que 450 autres voyageurs seront pris en charge le même jour à partir du port français de Marseille.
Hocine Larabi