L’Algérie est devenue un pays de destination de milliers de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne. Leur nombre est en constante hausse, en raison de la pauvreté et de l’instabilité régnant dans bien de pays. Une fois les frontières sud de l’Algérie franchies, ces aventuriers poursuivent leur périple jusqu’au nord. Faute de moyens, la plupart d’entre eux s’y installent. De nos jours, des jeunes et des moins jeunes migrants irréguliers, pour la plupart d’entre eux, sont perceptibles dans nos rues.
Les services de sécurité affichent une certaines souplesse à leur égard et n’interviennent généralement qu’en cas de dépassements ou d’infractions. Cependant, l’on assiste ces derniers temps, à bien d’affaires douteuses dans lesquelles ils sont impliqués, tel que le trafic de fausse monnaie, le trafic de drogues dures, escroquerie etc… et ce, bien qu’une autre catégorie de ces jeunes migrants ait opté pour des travaux manuels en vue de survivre, tels que le bâtiment, la cordonnerie ou les petits travaux dans les marchés et les lieux publics. Pour tenter de comprendre le phénomène et trouver des solutions à bien de problèmes pouvant y découler, des experts ont été dépêchés par la commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (Cncppdh) en Italie, afin d’étudier l’expérience des autres pays en la matière.
« L’Algérie est devenue un pays de destination d’un flux important de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne, d’où la nécessité d’étudier l’expérience des pays ayant déjà connu ce phénomène à l’exemple de l’Italie », a indiqué Yasmina Taya, membre de la commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (Cncppdh). L’oratrice qui a conduit la délégation d’experts algériens, lors d’une mission d’étude en Italie, dans le cadre des échanges d’expériences avec ce pays, a affirmé que « l’Algérie était, auparavant, un pays de transit, mais elle est devenue un pays d’installation, surtout des populations en provenance d’Afrique subsaharienne, et ceci depuis de nombreuses années ».
Elle a précisé que ces flux migratoires mixtes s’ »accentuent » et « deviennent de plus en plus importants », d’où, a-t-elle noté, la nécessité de connaître toutes les procédures et les systèmes mis au point par l’Italie et d’autres pays ayant connu ce phénomène, et qui avaient acquis une expérience en matière d’octroi d’asile, de travail et dans la régularisation des permis de séjour. S’agissant de l’expérience italienne en la matière, elle a indiqué qu’en raison de sa position géographique, ce pays a longtemps été un pays de transit et d’installation pour une grande partie des immigrants qui se rendent en Europe depuis l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Pour faire face à cette situation, l’Italie a mis au point « un système national approprié en matière de migration et d’asile conformément au cadre légal européen, au droit international et dans le respect des droits de l’Homme », a-t-elle relevé.
Ce système a permis la mise en place de procédures pour l’asile, l’intégration et la régularisation avec possibilité de trouver un travail et obtenir un permis de séjour et de conditions d’accueil conformes aux normes en matière de gestion des flux migratoires mixtes, a-t-elle encore expliqué. Cette mission d’étude en Italie, ambitionne de faire de la coopération régionale, un point de démarrage pour mieux comprendre et appréhender le phénomène des flux migratoires mixtes, a-t-elle dit.
De son côté, le président du Conseil italien pour les réfugiés (CIR), Christopher Hein a relevé la nécessité d’une « approche régionale » entre les pays méditerranéens et ceux du Sahel afin de trouver des « solutions communes » à la problématique du flux migratoire mixte. Il a précisé que l’Algérie et l’Italie sont pour le développement d’une « approche régionale » pour faire face à ce phénomène. Il a expliqué que l’ampleur de ce phénomène nécessiterait une « approche internationale », tout en indiquant que beaucoup de migrants quittent leurs pays d’origines, soit pour des raisons socio-économiques ou à cause de la guerre comme c’est la cas au Mali.
A. F.