Sans crier gare
Sans préavis et sans délai, des pilotes d’Air Algérie ont décidé, hier, d’entamer une journée de grève qui a causé d’énormes désagréments à des milliers de passagers.
L’aéroport national et international Houari-Boumediene, a connu, hier matin, un climat d’anarchie. Depuis 5 heures du matin, tous les vols prévus par la compagnie aérienne Air Algérie ont été retardés. Pour cause, les commandants de bord ont créé la surprise en décidant de ne pas assurer les vols, mettant les voyageurs devant le fait accompli. Dès les premières heures de la matinée, la grève observée, sans préavis, a paralysé toute la flotte. Sur place, c’était l’anarchie totale. La paralysie a touché toutes les lignes internationales. A l’intérieur de l’aéroport, plusieurs centaines de personne, des enfants, des femmes, et des vieux étaient entassés. Aucune explication n’a été donnée aux passagers qui affluaient vers l’aéroport, ne se doutant pas un seul instant que leurs vols allaient être retardés.
Ce n’est qu’à 8 heures, qu’une hôtesse a lancé: «La compagnie nationale Air Algérie s’excuse des désagréments causés par un mouvement social du personnel technique navigant.» Entre-temps, des milliers de passagers étaient abandonnés à leur triste sort. Impatients, fatigués et énervés, n’était leur civisme, l’irréparable aurait pu se produire. Allongés à même le sol, Sonia et son frère Amir ne tiennent plus debout. Ils devaient s’envoler sur Nice. Leur vol était prévu à 8h. «Nous sommes arrivés pour l’enregistrement deux heures à l’avance, c’est-à-dire à 6h du matin. A notre grande surprise, les guichets n’étaient pas ouverts!», témoigne Amir, épuisé par l’attente. Un tour dans les halls, les écrans affichent: enregistrement fermé.
Et c’est la panique. «On croyait qu’on avait raté l’avion. C’est bien après que l’agent d’escale nous a informés que l’enregistrement n’était pas encore ouvert», raconte Sonia, épuisée par l’attente. Le cauchemar commence! Les gens arrivent et s’entassent les uns près des autres sans aucune explication. Encore une fois, «les passagers d’Air Algérie ont été abandonnés dans les aérogares du monde entier.
C’est ça l’image que mérite mon pays? Arrêtez de la ternir!», s’écrie un vieux au milieu de cette marée humaine. La tension monte d’un cran. Il y a des gens qui viennent hors de la wilaya d’Alger. «Moi je n’ai pas fermé l’oeil toute la nuit. Qu’ils nous informent au moins de ce qui se passe!», s’alarme une vieille femme allongée par terre. Pour ce qui est des raisons de cette grève, les pilotes d’Air Algérie réclament, entre autres, «l’application du régime de travail signé en 2011 entre leur syndicat et la direction de l’entreprise».
Pour les dirigeants de la compagnie, il s’agit d’une «grève sauvage» déclenchée sans aucun préavis. Après une matinée de négociations entre la direction et les représentants des pilotes, un accord a été trouvé entre la direction et les pilotes grévistes. Après que la direction ait répondu favorablement aux revendications des grévistes, les vols devraient reprendre. En fait, selon nos sources, c’est un Syndicat autonome des pilotes d’Air Algérie qui est à l’origine de cette grève. «La grève a touché 30% des pilotes», nous indique-t-on.
120 millions… par mois
«Ils sont pour la plupart des pilotes récupérés lors de la déchéance de la fameuse compagnie privée Khalifa Aiways. Ils touchent un salaire allant de 45 à 120 millions de centimes par mois. Ils revendiquent des prêts de 500 millions. Ils demandent à se partager entre eux seulement les primes sociales de la compagnie….», s’indigne notre source. Il faut savoir que beaucoup de pilotes n’ont pas rejoint ce mouvement de grève. Beaucoup sont même venus remplacer les grévistes afin de ne pas pénaliser les milliers de passagers. A 5h du matin déjà, «certains de ces pilotes sont venus pour empêcher d’autres qui ont accepté de les remplacer. En même temps, d’au- tres ont pris carrément les carnets de bord!», s’indigne un pilote sous couvert de l’anonymat. Enfin, les grévistes se sont regroupés durant toute la matinée d’hier à proximité de l’aile des vols spéciaux. Approchés par les journalistes qui voulaient s’enquérir de la situation, quelques pilotes ont réagi violemment. Une consoeur s’adressant à un pilote, s’est vu «arrosée» d’un déluge de vulgarités. «Nous sommes ici pour draguer et non pour observer une grève!», a-t-il répondu avant d’atterrir encore plus bas en disant: «Nous sommes en train de parler de choses vulgaires, alors veuillez vous éloigner pour qu’on puisse poursuivre nos vulgarités.» C’est en ces termes que des pilotes d’Air Algérie se sont adressés aux journalistes. C’est en tentant de défendre sa consoeur, que le journaliste du quotidien L’Expression s’est fait physiquement agresser par un «pilote». Cette scène s’est déroulée sous le regard médusé des services de sécurité et des autres pilotes en grève. Notre journaliste a failli être lynché, n’était l’intervention des services de sécurité.