Des villes et agglomérations urbaines en Algérie sont de véritables ensembles anarchiques, sans adresse, ni référence, parfois inaccessibles et méconnue des services administratifs.
Une véritable «jungle» ou l’on a remplacé la verdure par le béton, les arbres par les constructions. Si certaines cités, réceptionnées depuis plusieurs années, ont pour nom, des numéros insignifiants «200 logements, 1000 logements, etc), d’autres n’ont ni référence ni numérotation ou autre moyens pour les identifier. Elles existent et c’est tout. Elles sont situées sur un tel virage, elles portent le nom d’une usine ou d’un pays quelconque tel que Taïwan, dans la commune de Draria à Alger.
Selon la directrice de la gouvernance locale au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, Fatiha Hamrit, quelque 23 636 lieux, cités, rues et édifices publics à travers 23 wilayas du pays ne sont pas baptisés. Un chiffre à multiplier fois deux, puisqu’il ne concerne que près de la moitié des wilayas du pays. Pour tenter de reprendre les choses en main, un recensement visant à répertorier et numéroter tous les sites concernés pour faciliter la mise en place du système de géolocalisation (GPS) a été lancée en mai 2014.
Cette opération consistant à recenser tous les lieux baptisés et non baptisés, vise à donner une identité aux rues en Algérie et une adresse aux citoyens, en plus de pérenniser la mémoire populaire, en accordant la priorité aux symboles et héros de la Révolution algérienne et à des personnalités ayant servi l’humanité, a affirmé Mme Hamrit. L’opération concerne également la débaptisation d’autres lieux qui n’ont pas de repères et l’adoption d’une nouvelle numérotation pour tous les lieux. Une initiative, certes louable, mais qui arrive très en retard.

D’ailleurs, il est même difficile de changer les noms, puisque ceux déjà existant, sont adoptés par la population, et résistent, avec force, aux mesures bureaucratiques de l’administration. Outre le caractère scandaleux de cette situation, l’Algérie ne manquant pas de grands hommes et de martyrs dont les noms méritent d’être immortalisés, des établissements publics et des opérateurs économiques trouvent toutes les peines du monde à accéder dans certains coins pour effectuer des travaux ou offrir des prestations.
Le cas le plus édifiants est celui de l’acheminement du courrier et des colis. Selon la représentante du ministère de l’Habitat, qui a insisté sur les dimensions socio-économique, culturelle et historique de l’opération, le recensement des sites sera finalisé en juin prochain, à travers l’ensemble du territoire national.
Dans un bilan sur l’état d’avancement de cette opération à l’échelle nationale, elle a indiqué qu’au 1er mars 2015, l’opération a été finalisée dans huit wilayas, relevant un taux variant entre 30 et 80% dans d’autres. Les nouvelles appellations sont proposées par l’APC avec la participation des citoyens.
Une commission de wilaya présidée par le wali ou un représentant valide celles à retenir. S’agissant de l’adoption d’une nouvelle numérotation des rues et cités, Mme Hamrit a souligné que «chaque commune prend en charge la numérotation à travers l’élaboration d’un plan de numérotation à soumettre à l’APC pour validation». La responsable a, toutefois, appelé les APC à impliquer les citoyens lors de la numérotation pour pallier d’éventuelles entraves. La couleur des plaques de baptisation et de numérotation sera unifiée (blanc et bleu) à travers l’ensemble du territoire national.
Il est à ajouter au problème de la baptisation, celui de l’anarchie dans la construction, les cités dortoirs, les bidonvilles et constructions inachevées, des problèmes qui font des villes algériennes des lieux invivables, voire insupportables pour des milliers d’habitants n’ayant qu’à prendre leur mal en patience.
M. S.