Des milliers d’algériens bloqués à Alicante

Des milliers d’algériens bloqués à Alicante

Pour des milliers de passagers, le voyage a tourné au calvaire. Il y aurait, selon les estimations de personnes sur place, près de 7000 voyageurs et 2000 voitures dont « beaucoup de matricules français » bloqués dans le nouveau port d’Alicante.

Le fait est que le bateau Djazaïr II, qui venait d’Oran, a heurté, vendredi dernier, un quai du port lors de la manœuvre d’accostage, suite à de fortes rafales de vent, laissant plus de 1000 passagers sur le carreau.

Le retard occasionné par cet accident semble avoir entraîné un effet domino sur les autres dessertes.

Comble de malchance, des centaines d’autres passagers, qui ne disposaient pas de billets, ont fait le voyage pour Alicante dans l’espoir de trouver une place.

« C’est du jamais vu. Une véritable catastrophe », raconte Samir Chérifi, qui tient un kiosque non loin du port d’Alicante.

La situation semblait confuse, hier : la police municipale a interdit, selon M. Chérifi, l’accès du port aux voyageurs de peur d’une aggravation de la situation.

Des milliers d’émigrés algériens ont passé la nuit à la belle étoile. Les hôtels affichaient complet.

Le port étant loin du centre-ville, il est souvent difficile pour les voyageurs d’avoir accès à toutes les commodités.

Le nouveau port d’Alicante est, d’après nos interlocuteurs, fait pour les containers. Les passagers s’y sentent à l’étroit.

« Les voyageurs sont entassés près des containers. Certains peuvent contenir des produits toxiques dangereux », affirme Nadhir, résident à Alicante.

A cela s’ajoute le fait que les passagers sont « mal informés » et qu’« il n’y a aucune organisation ». « Les autorités n’ont rien fait pour taire les mécontentements.

Le Trans-Méditerranée ne fait plus de liaisons entre Alicante et l’Algérie, et les compagnies algériennes ont un déficit de navires.

Depuis jeudi dernier, ils n’ont pas renforcé les dessertes », nous explique-t-on. Le cafouillage est tel que certains passagers ont choisi de se diriger vers Almeria, à 280 km d’Alicante, dans l’espoir de trouver une place.

Dans une telle situation, Nadhir s’insurge contre le fait que « les prix des billets Alicante-Oran aient augmenté de 180 à 228 euros durant cette saison estivale ».

Il souligne qu’une indemnisation de 40 euros/jour a été accordée aux passagers disposant de billets. Nos tentatives pour joindre hier les responsables de la Cnan et ceux de l’ENTMV (à Alger et à Alicante) ont été infructueuses.

La seule intervention médiatique des entreprises algériennes a été la publication, dimanche dernier, d’un communiqué soulignant que le bateau Djazaïr II, « bloqué au port espagnol d’Alicante à cause d’une avarie, reprendra son programme commercial mardi (soit aujourd’hui) à 12h ».

Les passagers du navire seront, quant à eux, transportés dès lundi matin par un autre car-ferry de la compagnie, en signalant que ces derniers sont actuellement « totalement pris en charge ».

La compagnie algérienne impute « les débordements » provoqués au port à l’armateur espagnol qui n’active plus sur la ligne d’Alicante, précisant que la « majeure partie des ces voyageurs, restés en attente, se sont présentés au port d’Alicante sans billet de réservation ou avec une modification de leur date de départ ».

« Maintenant que le transméditerranée espagnol ne dessert plus Alicante, les compagnies algériennes ont le monopole. Elles auraient pu renforcer les dessertes, sachant qu’il y a beaucoup de ressortissants algériens qui rentrent au pays pendant la période des vacances », nous dit-on.

« Imaginons que les 7000 passagers étaient Espagnols et qu’ils étaient à Alger, les autorités espagnoles auraient fait des mains et des pieds pour les ramener chez eux, fut-ce par hélicoptère », souligne Nadhir.

Le consul d’Algérie à Alicante, Mohamed Chaâbane, a fait une halte au nouveau port pour s’enquérir de la situation.

Il a saisi la direction générale de la CNAN pour envoyer « dans les meilleurs délais » un autre ferry de remplacement pour assurer l’embarquement de tous les passagers.