Ah! les bonnes vieilles cartes postales…
Le SMS (Short Message Service) a-t-il détrôné l’écriture épistolaire?
Dans un passé relativement récent, c’était tout un rite empreint de plaisir que d’écrire une carte de voeux de bonne année. On prenait sa «plus belle plume» pour coucher «à souhait» ses voeux de bonheur, de santé, d’amour et de succès… sur une carte multicolore, quelque part «enneigée» reproduisant des tableaux de chalets de montagne ou des sapins pliant sous de lourds flocons ou encore des scènes naïves… On prenait un plaisir particulier à choisir une carte de voeux personnalisée qui épouse souvent le profil du destinataire. Elle était envoyée la dernière semaine de décembre, ou peu avant, afin qu’elle parvienne à destination au «bon moment».
C’était le temps où l’Internet et le téléphone cellulaire n’existaient pas encore. Fini ce bon temps où l’on vivait pleinement la vie en prenant le temps de se faire plaisir! Aujourd’hui, c’est le cauchemar du «copier-coller» que nous offre, sans égard aucun, à nos sentiments l’ère du numérique. Des messages de voeux sans âme et non personnalisés circulent à tout vent et parviennent sous la même étiquette, à une multitude de destinataires d’un coup de clic.
Désuètes, sont donc devenues ces jolies et originales phrases que l’on s’appliquait à construire, les mots doux enrobés parfois de candeur qui restaient individuels, personnels et pleins de chaleur.
Le SMS (Short Message Service) a-t-il détrôné l’écriture épistolaire? Oui, malheureusement sommes-nous autorisés à dire, du moins pour certains encore nombreux à le penser. De nombreux facteurs culturels et sociaux sont susceptibles d’expliquer, un tant soit peu, ces nouvelles attitudes comme cité en exemple le retard de distribution du courrier qui est endémique chez nous, ceci dit en passant.
Dans certains pays, l’utilisation des SMS est devenue pour le moins effarante. Ainsi, à la seule occasion des voeux de l’an dernier (2013), un 1,4 milliard de SMS et 35 millions de Multimédia Messaging Service (MMS) ou «Service de Messagerie Multimédia» ont été envoyés de par le monde. 54 millions ont été transmis dans le Royaume-Uni et 40 millions aux Etats-Unis. En France, l’envoi de cartes virtuelles a atteint six millions par an, les chiffres de 2014 n’étant que partiellement disponibles à l’heure de la rédaction de l’article. Ces cartes foisonnent d’idées nouvelles, charmantes, candides, tendres ou parfois insolites… On y souhaite par exemple pour 2014, «deux fois plus de bonheur, zéro souci, une santé d’enfer et quatre tonnes de bonnes nouvelles». On y exprime également comme voeux, «12 mois de plaisir, 8 760 heures de succès, 525 600 minutes d’amour et 31 536 000 secondes de bonheur».
Au-delà de l’intention louable de l’émetteur à l’aide du numérique, qui veut à tout prix que ses voeux parviennent à minuit tapante, pour souhaiter à ses relations la joie de vivre l’année nouvelle, ce procédé conduit inéluctablement à l’embouteillage des canaux de communication.
Il laisse indubitablement en errance des dizaines de milliers de messages jamais arrivés à bon port, au grand dam de l’inconsolable chroniqueur de bons «souhaits numériques».
Il reste cependant de nombreuses associations altruistes qui maintiennent la tradition d’envoi de cartes de voeux à l’image de l’Unicef qui les «commercialise» et dont les fonds recueillis sont utilisés dans ses actions caritatives très louables.