La Gendarmerie nationale vient de localiser des centaines de milliards de faux billets en fausses coupures de 1000 dinars.
Ces fausses monnaies ne portent pas le point sur la lettre «B» du mot «banque» mentionné en arabe sur les billets, selon une enquête menée par les gendarmes. C’est ce détail très important qui a permis à la GN de localiser les faux billets et d’arrêter plusieurs personnes impliquées dans ce trafic, révèle la même source. Les trafiquants de faux billets, pourtant très vigilants dans ce genre de trafic, ont oublié de mettre le point sur le mot «banque».
C’est à partir de là que les faux billets ont été localisés par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale, explique toujours la même source. Il s’agit de dizaines de milliards de faux billets qui sont écoulés. Récemment, 500 milliards de fausses coupures de 1000 dinars ont été saisis dans la wilaya de Mostaganem par la Gendarmerie nationale qui a alerté les banques publiques et privées.
Ces établissements financiers procèdent depuis ces derniers jours à la vérification de chaque billet de 1000 dinars. Une vérification manuelle, explique notre source, car il est quasi-impossible de repérer les faux billets en utilisant les détecteurs de faux billets. Les trafiquants ont utilisé pour cela des machines très sophistiquées. Selon plusieurs enquêtes menées par les gendarmes, le filtre utilisé par les trafiquants est importé d’Italie, le papiers et filigrane proviennent de Chine.
Les réseaux de trafic de faux billets sont bien structurés que ce soit en Algérie ou dans les autres pays du monde comme l’Italie, la France, la Espagne ou encore la Chine. Le marché algérien attire de plus en plus ces réseaux de trafic de faux billets. De son côté, le gouverneur de la Banque d’Algérie est quotidiennement interpellé par les responsables des banques sur les faux billets. Cette situation mécontente la Banque d’Algérie.
La Banque d’Algérie se mobilise pour arrêter l’hémorragie
D’autre part, selon l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF), de nouveaux matériels très sophistiqués seront importés prochainement au profit des Agences de banques du pays, afin de faire face au trafic de faux billets qui prend aujourd’hui une ampleur sans précédent.
En effet selon l’ABEF, près de 2 000 scanners et des centaines de compteuses de billets seront installés dans les établissements financiers du pays. Plus efficaces pour contrôler et identifier les faux billets, ces machines à compter seront plus adaptées pour vérifier l’authenticité des billets mis en circulation dans les banques du pays. Désormais, les anciennes machines ne font plus de poids.
Ainsi, des centaines de milliers de dinars en coupures de faux billets de 200 et 1000 dinars, mais également des fausses pièces de 100 dinars circulent dans nos banques sans êtres repérés. Souvent, ces faux billets sont dans un état lamentable, ce qui permet aux trafiquants d’écouler sur le marché de fausses coupures sans rencontrer de problème.
Toutefois, la vigilance est plus que jamais de mise dans les banques, entre autres, la vérification du numéro et la signature que portent ces faux billets. Mais cette prise de conscience n’a pas pu arrêter l’hémorragie de faux billets. Devant cette situation, les banques sont déjà en alerte, et le contrôle a été poussé afin de localiser les faux billets.
Face à ce contrôle draconien, les trafiquants ont trouvé d’autres solutions. Désormais, ils fabriquent des faux billets de 1000 dinars dans d’autres pays, en France ou en Chine à titre d’exemple. Une solution qui s’avère très payante pour ces réseaux.
C’est le cas d’un puissant réseau international qui alimentait Alger depuis Arjowiggins en fausses coupures de 1000 dinars. Des centaines de millions de dinars en coupures de faux billets de 1000 dinars ont été découvertes à l’intérieur d’une mystérieuse usine située en pleine forêt en Seine-et-Marne, à Paris. Le 18 avril 2009, la police lyonnaise a découvert une importante affaire de fabrication de faux billets en fausses coupures de 1000 dinars.
Un réseau a été démantelé lors de ce coup de filet de la police française (polices judiciaires de Lyon et de Marseille) qui a permis d’interpeller près de 200 personnes, selon les propos d’un chef de la sûreté de Lyon, rapportés par une revue française qui dévoile l’affaire. Ces personnes ont été mises en examen. Aujourd’hui, une quantité de ces faux billets est écoulée en Algérie, selon une source de la Banque d’Algérie. Cette fabrique de faux billets était une vraie passoire pour Alger, à l’instar de plusieurs autres villes du monde.
De nouvelles révélations viennent d’être faites par les enquêteurs de la police lyonnaise au sujet de cette affaire, et ce, après une année. En effet, après un long travail d’investigation la police lyonnaise a pu localiser d’autres lieux où les trafiquants fabriquaient de grosses quantités de faux billets en dinars, mais également en euro et en dollar. Outre les 20 milliards de centimes en faux billets de 1000 dinars envoyés vers Alger, le même réseau avait l’intention de transférer d’autres quantités plus importantes, selon les enquêteurs lyonnais.
Revenons à l’usine d’Arjowiggins, là où le gros lot de faux billets était en fabrication. Trous dans les murs, convois désarmés, pendant des années cette usine a produit des montagnes de papier billets au mépris des règles de sécurité. Pendant des années, l’usine d’Arjowiggins, qui ne possédait pas d’agrément auprès des forces de l’ordre, a laissé sortir de ses entrepôts des camions bourrés de dinars sans la moindre escorte armée (pour tromper la vigilance des policiers). Les faux convoyeurs se contentaient de porter des lampes torches sous leurs vestons pour faire croire qu’ils avaient des flingues.
Autant dire que le papier qui, dans chaque fourgon, permettait ensuite d’imprimer 100 à 200 millions de centimes de faux dinars, était à la portée du gang pistolet à eau, révèle un chef de la sûreté lyonnaise. Un autre réseau international a été démantelé, cette fois-ci en Chine.
C’est la police judiciaire de Annaba qui a découvert les premiers tuyaux de ce réseau. Ces «vrais-faux billets» qui auraient été confectionnés en Chine et introduits au pays par des filières spécialisées, ont déjà fait plusieurs victimes, dont le Trésor public. En effet, au mois de juillet dernier, quelque 36 millions de centimes en coupures de
1 000 dinars ont été versés au Trésor public. C’est le caissier, en clôturant ses comptes, qui a découvert le pot aux roses. Il s’est rendu compte à l’œil nu que de faux billets figuraient parmi la somme qui avait été versée durant la journée. Aussitôt alertés, les services de sécurité ont procédé à la vérification des liasses suspectes, malheureusement, aucune des machines à ultraviolets, pourtant de dernière génération, n’a pu détecter les fausses coupures.
Quelques semaines après l’apparition à Annaba de faux billets de 1 000 dinars, les services de sécurité allaient réussir un véritable coup de filet en démantelant un réseau structuré et spécialisé dans le trafic et le blanchiment d’argent. Composé de nombreux individus et avec des ramifications s’étendant à plusieurs wilayas limitrophes, et même jusqu’en Chine, le démantelement de ce réseau a été réussi avec la collaboration des services spécialisés dans la lutte contre le crime organisé. Mardi dernier, deux éléments de ce réseau mafieux sont tombés à Berrahal, à 30 km à l’ouest du chef-lieu de wilaya.
Par Sofiane Abi