Des mesures urgentes pour éviter les écoutes de la NSA, L’Algérie a-t-elle été espionnée?

Des mesures urgentes pour éviter les écoutes de la NSA, L’Algérie a-t-elle été espionnée?

Des pratiques qui ont semé la panique dans tous les gouvernements du monde

La ministre de la Ptic sait pertinemment que devant l’absence d’un réseau Intranet, la majorité des institutions algériennes et plus particulièrement celui de la Présidence, du Premier ministère et surtout des Affaires étrangères sont vulnérables.



«Toute la planète est espionnée!» c’est en ses termes que l’expert algérien, Arslan Chikhaoui, membre du Conseil d’experts au forum de Davos, explique la grande panique qui anime la majorité des gouvernements du monde et plus particulièrement le gouvernement algérien suite aux dernières révélations d’espionnage des Etats-Unis de la majorité des pays sur la planète.

Selon certaines sources, la nouvelle ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (Ptic), Fatma-Zohra Derdouri a alerté la majorité des départements du gouvernement à commencer par le Premier ministère, sur le danger de la réception des correspondances électroniques confidentielles par le service de surveillance électronique américain la NSA, (National Security Agency), la plus secrète et la plus perfectionnée des agences de renseignement au monde La ministre ira jusqu’à adresser une correspondance à tous ses cadres: chef de cabinet, directrice générale des technologies de l’information, la communication, le directeur général de la société de l’information, les inspecteurs généraux ainsi que les directeurs centraux, les instruisant d’éviter toute utilisation de la messagerie: gmail, hotmail, yahoo ou wanadoo pour le transfert de documents confidentiels ou tout autre document professionnel jusqu’à nouvel ordre. Tout doit passer par le courrier traditionnel.

Mme Derdouri qui était l’ancienne gendarme des Télécoms avait pourtant annoncé la couleur il y a un mois à l’occasion du 2e Forum arabe sur la gouvernance de l’Internet, en avisant que l’Algérie a décidé de mettre en place un point d’échange Internet au niveau national afin d’avoir une interconnexion directe entre les fournisseurs d’accès au Web sans passer par les réseaux américains et cela afin d’éviter la réception des données internes. La ministre de la Ptic sait pertinemment que devant l’absence d’un réseau Intranet, la majorité des institutions algériennes et plus particulièrement celui de la Présidence, du Premier ministère et surtout des Affaires étrangères sont vulnérables.

Mais pour les experts, cette décision algérienne d’éviter toute correspondance par mail ne va pas empêcher la surveillance des données par les organismes de renseignement américains.

Pour M.Arslan Chikhaoui, expert international et spécialiste de la cybercriminalité: «Cette décision de la ministre va provoquer un ralentissement des activités et ne va pas empêcher la surveillance du territoire algérien. A l’heure de la vitesse électronique, toute la planète est espionnée. Seulement voilà, 95% des informations échangées sur Internet sont publics ou blancs comme le définissent les spécialistes. Le reste des informations jugées confidentielles est limité dans le temps. Le temps est court pour le traitement de l’information. Aujourd’hui, l’espionnage est mondial. Cette entrée dans les données électroniques ne touche pas la vie privée, elle touche surtout la sécurité et le domaine commercial où l’espionnage économique fait rage.»

M.Chikhaoui indique que contrairement à l’Europe qui est espionnée pour des raisons économiques, l’Algérie est espionnée pour des raisons de sécurité, essentiellement liées aux activité d’Al Qaîda dans le Maghreb. Durant l’affaire Tiguentourine, les satellites américains avaient envoyé des images de la base In Amenas et transféré toutes les conversations téléphoniques et échanges mails et SMS activés dans cette région.

Une pratique légale et courante dans le cadre du droit international de lutte contre le terrorisme et le problème a été exposé par les Américains dans le cadre des échanges d’informations avec les Etats du Maghreb.

Mais cette affaire n’aurait jamais provoqué un réveil «tardif» des autorités algériennes si il n’ y avait pas l’affaire Edward Snowden, un informaticien américain, ancien employé de la CIA et de la NSA, qui a révélé les détails de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques. Snowden venait de révéler la plus vaste opération d’espionnage jamais réalisée par un pays dans le monde. Les Etats-Unis n’avaient plus besoin d’un agent spécial, leur véritable force c’est la récolte de données et son nouveau agent est une machine ou plutôt un programme «US-985D». En France, par exemple, le quotidien Le Monde a révélé avant-hier qu’une période de 30 jours, entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013, 70,3 millions d’enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA.

Le Monde a révélé que quand certains numéros de téléphone sont utilisés dans l’Hexagone, ils activent un signal qui déclenche automatiquement, l’enregistrement de certaines conversations. Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l’historique des connexions de chaque cible.

Par ailleurs, selon les documents de la NSA, obtenus par Le Monde, l’agence américaine s’est intéressée de près, entre le 1er et le 31 janvier 2013, aux adresses de messagerie wanadoo.fr, ancienne filiale d’Orange qui compte encore

4,5 millions d’utilisateurs, et Alcatel Lucent, l’entreprise franco-américaine de télécommunications.

Cette opération d’espionnage d’un nouveau genre a poussé le ministre français des Affaires étrangères, Fabius à convoquer «immédiatement» l’ambassadeur américain et accueillir froidement le chef de la diplomatie américain, John Kerry, à Paris. Si la France, pays allié politique et militaire des Etats-Unis, est traitée ainsi, qu’en est-il du traitement électronique américain affligé à l’Algérie qui est connu pour ne pas être le partenaire économique, politique et militaire privilégié des Américains?