«Le dossier des retraités sera étudié par le gouvernement afin de prendre des mesures exceptionnelles pour l’amélioration du pouvoir d’achat de cette frange sociale». C’est ce qu’a déclaré au JT du 20h avant-hier soir Tayeb Louh, ministre du Travail, de l’Emploi et la Sécurité sociale, invité vendredi soir du journal de l’ENTV.
En outre le ministre de la Sécurité sociale, imperturbable, affichant la sérénité qu’on lui connaît, dira que ce dossier sera étudié «dans les plus brefs délais (…). Nous allons explorer toutes les voies pour prendre une mesure exceptionnelle», tout en insistant sur «l’importance de prendre des mesures en faveur des retraités» pour compléter et consolider les mesures prises antérieurement en leur faveur. Dans ce contexte, il expliquera qu’un groupe de travail issu de la tripartite sera mis sur pied pour plancher sur la réforme du financement du système des retraites. Ce qui, dira le ministre, «nous permettra de compléter les procédures de réformes engagées auparavant pour mieux protéger le système de la sécurité sociale, les pensions des retraites et d’aller vers la préservation du pouvoir d’achat de cette catégorie sociale».
Par ailleurs, tout en rappelant les deux augmentations précédentes des pensions de retraites effectuées en 2006 et 2009, Tayeb Louh estimera que «les augmentations, à elles seules, ne suffisent pas pour améliorer le pouvoir d’achat des retraités». Mais qu’il faut également, «à travers une politique globale du gouvernement parvenir à la maîtrise des prix, l’augmentation de la production puis celle des salaires et des retraites selon les capacités financières de l’Etat». Ce qui en parallèle permettra à l’Algérie l’édification d’une économie forte et concurrentielle, soulignera le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.
De ce fait, avec cette déclaration, Tayeb Louh aura pris ses devants pour apaiser cette tranche sociale et prévenir tout signe de colère de leur part.
Pourtant annoncé comme 4e dossier inscrit à l’ordre du jour de cette 15e tripartite qui s’est déroulée jeudi et vendredi derniers à Alger, l’étude consacrée par les différentes parties prenantes de cette rencontre au dossier des retraites n’a pas franchement satisfait les attentes et les aspirations des deux millions de personnes en retraite en Algérie en ce sens où aucune mesure concrète n’a été prise en leur direction pour améliorer leur pouvoir d’achat au vu de l’évolution du coût de la vie. Nul n’ignore que la situation économique et sociale des retraités est pour le moins que l’on puisse dire précaire pour la majorité d’entre eux. Beaucoup plus que n’importe quelle autre frange de la société, ils restent confrontés aux dures réalités économiques totalement désarmée et livrée à elle-même. Tous dénoncent leur exclusion des mesures de revalorisation, les promesses jusque- là non tenues.
L’article 87 bis sera révisé…
Sur un autre volet, abordant la question de l’article 87 bis du code du travail relatif au mode de calcul du Salaire minimum garanti ainsi qu’à son montant, Tayeb Louh indiquera que cet article sera révisé par un groupe de travail. Il faut savoir que lors de cette tripartite, l’UGTA partenaire social du gouvernement, a plaidé pour l’abrogation dudit article afin d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs d’une manière générale.
Pour rappel, sur cette question des retraites, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, lors de la conférence de presse donnée à l’issue de la tripartite, avait annoncé que le gouvernement fera un geste de solidarité envers les retraités.
Expliquant que «l’augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG) signifie aussi
20 % de plus pour les petites retraites. A travers le groupe de travail, nous allons examiner la possibilité de relever les cotisations sociales destinées à la Caisse des retraites, de sorte à ce qu’elle s’occupe à l’avenir de l’amélioration de la situation des retraités». En outre, le Premier ministre, pour dissiper tout équivoque, précisera que «nul retraité ne touche moins de 75 % du Salaire national minimum garanti (SNMG)», et qu’«il y a des gens qui bénéficient d’allocations parce qu’ils ont travaillé cinq ans.
Il ne faut pas les abandonner mais travailler cinq ans ne donne pas droit à une retraite». Rappelant dans ce contexte, les difficultés financières, depuis une vingtaine d’années, de la Caisse nationale des retraites (CNR).
Aussi, M. Ouyahia parlant du fonds de réserve des retraites alimenté par les 3 % de la fiscalité pétrolière, avertira qu’«un jour l’Algérie aura peu d’hydrocarbures. Donc, il n’y aura pas de parts de fiscalité pétrolière à donner aux retraités. Il faut penser à demain. La bataille des retraites est planétaire».
Par Lynda N. Bourebrab