Des mesures de relance en Chine font décoller les Bourses européennes

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Les Bourses européennes ont bondi mardi en fin de matinée après l’annonce par la banque centrale chinoise de mesures de relance de la deuxième économie mondiale, dont le ralentissement brutal a semé la panique chez les investisseurs.

La Banque populaire de Chine a décidé d’abaisser de 0,25%, à 4,60%, le taux d’emprunt à un an qui sert de référence, tout en abaissant les réserves obligatoires des banques, autorisées à prêter davantage.



Cette dernière mesure équivaut à une injection massive de liquidités dans l’économie.

Suite à cette décision, les Bourses de Paris et de Milan prenaient plus de 4%, Francfort, Londres et Madrid plus de 3%.

Observateurs et hommes politiques s’interrogeaient sur les répercussions de la grande instabilité boursière des marchés sur l’activité économique, alors que les banques centrales ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour la soutenir.

Tous les regards vont désormais se tourner vers l’ouverture de Wall Street, qui a lourdement chuté lundi.

Avant la décision de l’institut d’émission chinois, la Bourse de Shanghai chutait encore de 7,63% en clôture, tandis que Tokyo terminait la journée sur une baisse de près de 4%.

« Le vent de panique qui secoue les marchés, probablement amplifié par les faibles volumes échangés l’été, parait tout à fait surfait », estime Eric Cheney, chef économiste du groupe d’assurances Axa.

La Chine, un risque

Les analystes prennent au sérieux le ralentissement économique en Chine mais relativisent son impact sur la reprise aux Etats-Unis et en Europe.

« Un ralentissement marqué de la Chine n’est pas du tout anodin ni potentiellement catastrophique », puisque cela n’amputerait, via les échanges commerciaux, que de 0,4 point de pourcentage la croissance des PIB américain et européen, souligne Gilles Moec, chef économiste chez Bank of America-Merrill Lynch.

Le président français, François Hollande, a d’ailleurs estimé lundi à Berlin que l’économie mondiale était « suffisamment solide » pour que sa croissance ne soit « pas seulement liée à la situation en Chine ». Le ministre français de l’Economie Emmanuel Macron, lui, a considéré que la Chine représentait actuellement un facteur de risque pour la reprise économique mondiale.

De son côté, le ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel a mis en avant mardi l’impact limité de la crise chinoise sur l’Allemagne, première économie du Vieux continent et moteur de la croissance européenne. « La part de la Chine dans les exportations de l’Allemagne est de 8%, la part de l’Europe dépasse les 40% ». (…) Une grande part des exportations allemandes est à destination de la zone euro », a-t-il souligné.

Pour le courtier Aurel BGC, « si le ralentissement de l’économie chinoise n’est pas discutable, le scénario de +hard landing+ (atterrissage brutal, ndlr) est en revanche beaucoup plus hypothétique ».

Le tableau économique ne cesse toutefois de s’assombrir en Chine, au fil d’indicateurs décevants.

La dévaluation soudaine du yuan il y a deux semaines –largement perçue comme un effort de Pékin pour doper la compétitivité de ses exportations– a renforcé la nervosité.

Un indice manufacturier de référence publié vendredi, tombé à son plus bas niveau en six ans et signalant une violente contraction de l’activité manufacturière chinoise en août, n’a rien fait pour calmer les esprits.

S’efforçant de rassurer, Pékin avait annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension chinois allait investir une partie de ses actifs colossaux dans les Bourses locales, mais sans parvenir à convaincre.

La grande question est désormais de savoir si les mesures prises par Pékin parviendront à restaurer la confiance.

Les investisseurs chinois –pour l’écrasante majorité des particuliers et des petits porteurs– semblaient en effet suspendus à d’éventuelles mesures supplémentaires de « l’équipe nationale » (gouvernement et structures étatiques) mais surtout à de nouvelles décisions d’assouplissement monétaire pour soutenir l’économie dans son ensemble.

Avant d’abaisser ses taux, la banque centrale (PBOC) avait déjà indiqué mardi avoir injecté 150 milliards de yuans (20,3 milliards d’euros) dans le système financier via des opérations de marchés régulières, pour apaiser des tensions sur les liquidités disponibles.

Pékin est désormais condamné à agir pour « au moins encourager les marchés » et enrayer « des mouvements de ventes irrationnels », jugeait Zhang Qi, analyste du courtier Haitong.

Les Bourses chinoises s’étaient envolées de 150% en l’espace d’un an, dopées par un endettement massif et déconnectées de l’économie réelle, avant de finalement s’effondrer à partir de mi-juin, en dépit des efforts répétés de Pékin.