Après avoir dépassé la barre des 4.800 le gramme cassé à Oran
La cherté de la vie, la baisse du pouvoir d’achat chez les ménages algériens ainsi que la frénésie des dépenses, chaque année, à l’approche du mois de Ramadhan, les Algériens sont de plus en plus nombreux à recourir au prêt sur gages.
La cherté de la vie, la pauvreté et la misère poussent dans la plupart des cas les petites bourses à hypothéquer leurs bijoux au niveau de la banque de développement local BDL, pour survivre en ces temps peu cléments.
Surtout que le prix de ce précieux métal a franchi la barre des 4.800 pour le gramme cassé, depuis le début du mois de carême. Beaucoup d’Oranais, à l’instar du reste de leurs concitoyens, cassent leur tirelire ou raclent le fond de leurs escarcelles pour faire face aux multiples dépenses inhérentes au mois de Ramadhan. Mais à peine le mois de piété entamé, qu’on pense déjà aux frais de l’Aïd el-Fitr et ceux de la rentrée scolaire.
Les citoyens qui se trouvent dans le besoin et ils sont nombreux, sont donc pris entre le marteau et l’enclume. Recourir au prêt sur gages, s’endetter auprès des proches, quitte à perdre leur estime, vendre leurs bijoux de famille et se retrouver sur la paille, ou se laisser tenter par un emprunt auprès des usuriers et passer des années à payer une dette qui aura atteint plus de trois fois son montant initial.
Du coup, pour bon nombre de ces ménages, le moyen le plus sûr et moins risqué, pour ceux qui veulent s’en sortir sans trop de dégâts, reste le prêt sur gages. Cette formule, héritée de l’ex-Crédit municipal, lors de la première restructuration du secteur bancaire, est une activité traditionnelle et exclusive de la BDL qui assure ce genre de crédit aux citoyens en difficulté et non bancable.
“Ce prêt, soutient-on, à la banque publique à laquelle ont recours de plus en plus de personnes et pas uniquement celles de condition très modeste est un produit de plus en plus usité par une frange d’une large population pour le financement de certains besoins sociaux. A Oran, le grand rush a été constaté une semaine avant le mois de Ramadhan et les responsables de la banque s’attendent à ce qu’il y ait un flux plus important vers la fin du mois de carême.
En général, les clients optent pour le prêt sur gages durant les périodes de grandes dépenses, comme le Ramadhan, l’Aïd El- Fitr, la rentrée scolaire et l’Aïd El-Adha. En effet, des femmes accompagnées de leurs enfants, des jeunes gens, ainsi que de vieilles femmes, l’air déboussolé, arrivent en masse dès les premières heures de la journée.
Une femme, au moment de sortir de la banque, nous dira, après quelque réticence: «J’ai été obligée d’hypothéquer les deux dernières bagues que j’ai héritées de ma mère. Il faut bien manger. La viande est à 1.350 Da/kg!» Une autre dame, accompagnée de sa petite fille, semblant hésitante, nous dira, avant de franchir la porte de la banque: «Je n’aurais jamais pu imaginer qu’un jour je serai obligée d’hypothéquer les quelques bijoux que je possède. »
Du côté des banques de l’or, les ménages estiment que, depuis quelques années, elles exigent des «conditions draconiennes, presque impossibles à satisfaire, disent-ils. En effet, nos interlocuteurs révèlent que les guichetiers au niveau de cette banque n’acceptent d’hypothéquer que les bijoux portant le poinçon algérien et refusent l’or italien, français ou saoudien. Il faut savoir aussi que ces banques ne donnent que 1.000 dinars sur le gramme brut.
Une somme jugée dérisoire pour de nombreuses femmes et mères de familles. «Franchement avec 1.000 Da/gramme, ça reste insignifiant, sauf que cela me permet de ne pas vendre mes bijoux à un prix sacrifié et de souffler un peu en ce mois de jeûne”, dira une femme venue hypothéquer ses bijoux. Il faut savoir que pour en bénéficier, Il faut être un particulier habitant en Algérie et le seuil maximum ou le prêt plafond, est de 250.000 Da. Le crédit est rémunéré à un taux d’intérêt de 8%.
Un droit de garde fixé à 0,5%, hors taxes, du montant du prêt consenti est perçu semestriellement et reste acquis, même si le remboursement intervient avant l’échéance initialement fixée. Le prêt en espèces est octroyé pour une durée de 6 à 36 mois maximum. Il peut être renouvelé au terme de l’échéance fixée initialement, moyennant le paiement des intérêts décomptés sur la période en cours.
Au cas où le prêt n’est pas remboursé dans les délais, les bijoux sont vendus aux enchères. Il y a lieu de souligner que le prix de l’or qui frôle actuellement les 5.000 Da/le gramme cassé, avait enregistré, quelques semaines avant le mois de ramadan, une hausse fulgurante à travers les nombreux points de vente et les bijouteries de M’dina J’dida. En effet, le gramme de l’or importé d’Italie avait atteint les 6.000 dinars le gramme, alors que celui de l’or dit «local» oscillait entre les 5.000 et 5.400 dinars le gramme.
Le prix du gramme de l’or cassé a enregistré, quant à lui, un bond de 50%. Depuis le début du mois de carême, une légère baisse sur le prix de vente de ce métal a été enregistrée et selon de nombreux connaisseurs, le marché de l’or enregistre traditionnellement une baisse de la demande durant le mois sacré et ce, en raison des dépenses excessives qu’il nécessite.
Boukhellat Nadia