Des manifs contre le gaz de schiste dans plusieurs villes des sud, La tempête du désert…

Des manifs contre le gaz de schiste dans plusieurs villes des sud, La tempête du désert…
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Le gaz de schiste rajoute une bûche au brasier de la contestation

La protestation de In Salah affecte plusieurs autres villes du Sud telles que Tamanrasset, Adrar, Laghouat, Illizi, Ouargla et Ghardaïa.



La mobilisation contre le gaz de schiste dure et prend même de l’ampleur. Deux semaines déjà que le vent de la protestation souffle à In Salah pour empêcher l’exploitation de ce que les habitants de la région considèrent comme une malédiction.

Les «indignés» contre cette énergie non renouvelable ont marqué le début de leur deuxième semaine de protestation par des marches dans plusieurs villes du sud du pays tel que Tamanrasset, Adrar, Laghouat, Illizi, Djanet, Ouargla et Ghardaïa (Metlili). Ces marches ont rassemblé des milliers de personnes. D’autres marches du genre sont aussi prévues pour jeudi prochain. Elles viennent s’ajouter aux sit-in tenus à plusieurs reprises dans ces villes la semaine dernière pour soutenir leurs frères de In Salah.

Une solidarité qui encourage les habitants de In Salah dans leur inédite et pacifique contestation. Ils poursuivent ainsi leur rassemblement devant le siège de la daïra de In Salah (700 km au nord de Tamanrasset).

Ce mouvement de protestation avait été enclenché mardi dernier et a été ponctué par un blocage de la RN 01 sur le tronçon reliant In Salah à El Menea (Ghardaïa), avant sa réouverture à la circulation, suite à une intervention des éléments de la Gendarmerie nationale.

L’intervention des gendarmes avait donné lieu à l’interpellation de cinq individus qui ont été ensuite relâchés à la condition que les protestataires ne recourent plus à la fermeture de la route. Le mouvement de protestation a alors pris comme camp de base la place de la daïra, baptisée, place de la Résistance, depuis que ce grand espace de sable ocre est devenu le symbole de la protestation de la population locale contre l’expérimentation du gaz de schiste à Dar Lahmar, 28 km au nord de In Salah. Ce week-end, la mobilisation a même atteint son summum. Même le déplacement du ministre de l’énergie Youcef Yousfi n’a pas réussi à la convaincre de mettre fin à son mouvement qui est loin de s’essouffler. Tout comme les experts dépêchés d’Alger pour leur faire avaler la couleuvre en leur expliquant les «bienfaits»et «vertus» du gaz de schiste. Bien au contraire, cela a décuplé leur colère. Et même les femmes de In Salah se sont jointes à la contestation en organisant une marche imposante, défiant à la fois l’interdit et le conservatisme.

La marche s’est ébranlée à partir de la placette qui fait face à la daïra où elles campent depuis le 1er janvier, au même titre que les hommes. Elles ont sillonné le long boulevard de la ville en scandant: «Non au gaz de schiste», avant d’atteindre l’hôtel Tidikelt où se trouvaient le wali et les membres de la commission technique envoyée d’Alger.

En fait, cette mobilisation contre le gaz de schiste n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du Sud. Depuis 2013, cette région sensible du pays a connu un vent de protestation sans précédent. Habituellement calmes et sereins, ces dernières années, les habitants du Sud expriment violemment leur mécontentement.

Ces citoyens soulèvent d’autres problèmes encore plus graves avec la même tonalité, à savoir la marginalisation. Ils estiment que le Sud reste sous-développé malgré les richesses de son sous-sol.

Les problèmes sociaux que vivent les citoyens de cette région, particulièrement les jeunes, font d’eux une bombe à retardement.

La grenade peut être dégoupillée à n’importe quel moment.

D’ailleurs, le mouvement des chômeurs du Sud est revenu à la charge, hier, après plus d’une année d’éclipse à la faveur de la manifestation de solidarité contre le gaz de schiste. Ce changement d’attitude donc est très lourd de sens. Il résume à lui seul le sentiment de laissée pour-compte, de marginalisée d’une frange de la population vivant dans la région la plus riche du pays.

Les autorités doivent au plus vite répondre à ce SOS d’une population en détresse. Sinon le Sud risque de perdre le…Nord!