En plus du déficit annuel causé par l’effondrement de dizaines d’habitations vétustes, le parc immobilier se rétrécit également en raison de la transformation de dizaines de logements du rez-de-chaussée en locaux commerciaux et d’autres, des étages supérieurs, en cabinets pour les professions libérales.
De ce fait, l’équilibre entre l’offre et la demande ne sera jamais atteint et ce ne sont pas les 30.000 autres unités inscrites dans le cadre du plan quinquennal 2009-2014, qui permettront de réaliser l’objectif tant attendu, à savoir loger toutes les familles dans des conditions décentes, comme c’est stipulé clairement dans la Constitution.
Cependant et même si on a le droit de disposer librement de son logement, il est aberrant que des logements attribués à des catégories professionnelles soient transformés sans aucune norme ni architecturale ni encore moins dans le respect des règles élémentaires de sécurité des constructions.
Des murs porteurs démolis
De visu et à travers tout Oran, des murs porteurs sont souvent démolis pour plus d’espace dans les magasins. Cette pratique est, officiellement, interdite, notamment après le constat fait à la suite des expertises effectuées sur les ruines des immeubles tombés comme des châteaux de cartes, lors du séisme de mai 2003 à Boumerdès. A ce titre, l’exemple du bâtiment de 10 étages de Reghaïa est édifiant.
Or, la transformation des logements en locaux commerciaux est rendue inévitable, notamment dans les grands ensembles immobiliers réalisés dans les années 80, juste pour répondre à une demande en logements devenue pressante, mais sans la moindre infrastructure d’accompagnement, surtout commerciale.
Souvenez-vous de l’USTO, qui, durant des années, a été une véritable cité dortoir et que, pour le moindre achat, il fallait se déplacer jusqu’à Seddikia. Ce n’est que plusieurs années après que ce monstre immobilier a été doté de certaines structures d’accompagnement et une vie commerciale est née progressivement.
Cette défaillance a été, quelque peu, corrigée pour les nouveaux sites, où des magasins sont consacrés aux commerces et autres prestations. Toutefois, des acquéreurs, soucieux d’avoir plus d’espace dans leurs locaux, n’ont pas hésité de supprimer des murs porteurs entre deux magasins mitoyens.
Des cas concrets
Sur l’avenue Mekki Khelifa, devenue après son élargissement, l’une des artères les plus commerciales de la ville d’Oran, avec l’implantation de plusieurs agences bancaires, d’assurances et de magasins d’électroménagers, le temps des villas fleuries est révolu et place à l’activité commerciale.
Après les propriétés privées achetées à coup de milliards avec un coût avoisinant les 150.000 DA le mètre carré, c’est au niveau d’autres cités, comme celle des Lauriers roses, réalisées à l’intention de corporations bien distinctes que des interrogations demeurent sans réponse, notamment pour les logements affectées initialement pour des agents de l’APC d’Oran mal logés.
Ici, des logements situés au rez-de-chaussée ont déjà changé de vocation et, au fur et à mesure de la venue de commerçants, la valeur immobilière augmente et cela donne matière à réfléchir pour certains habitants de vendre et d’aller s’installer, ailleurs, tout en économisant de l’argent pour une quelconque «affaire».
Ainsi, et en raison d’un vide juridique flagrant, des logements de ce type sont-ils vendus et achetés au prix fort et, plus ils sont à des niveaux inférieurs, plus ils sont prisés. N’a-t-on pas vu une crèche au premiers étage alors que la réglementation stipule contraire ?
Le même phénomène est observé aussi à Es Seddikia ou dans une cité proche du rond-point donnant sur la route Akid Lotfi. Un premier logement, puis un second et, d’ici quelques années, des dizaines de logements seront transformés en commerces.
Hichem Badaoui