L’emploi et le pouvoir d’achat semblent préoccuper le plus de citoyens. Chômage et prix élevés des fruits et légumes, dont l’irremplaçable pomme de terre cédée partout à plus ou moins 100 DA le kg, déplacent l’intérêt d’électeurs de moins en moins intéressés par une campagne sans attraits.
Àprès une semaine de campagne électorale, les panneaux d’affichage sont restés désespérément vides. Seuls quelques partis ont placardé leurs affiches respectives dans quelques quartiers de l’Algérois. Face à cette situation, le citoyen algérien affiche son indifférence, quant aux prochaines législatives. En effet, un grand vide caractérise le volet affichage de la campagne à Alger.
ité pour un grand nombre de partis politiques. La lenteur de l’opération d’attribution des identifiants pour les listes est avancée comme alibi par certains partis politiques, au début de la campagne électorale. Maintenant que le tirage au sort a été effectué, les panneaux d’affichage sont restés jusqu’à hier désespérément vides ! Dans certaines communes, seuls deux ou trois panneaux sont occupés.
Des actes de sabotage ont été, en revanche, signalés dans différentes localités, où des affiches placardées ont été arrachées ou griffonnées, tout simplement. D’autres citoyens se sont à leur tour servis de ces mêmes panneaux comme support satirique : «Ne pas voter» et «Batata à 120 DA, sont autant de slogans s’y affichant.
À Kouba, à Hussein-Dey, à la place du 1er-Mai, seules les traces de quelques affiches déchirées ou griffonnées sont visibles sur les panneaux d’affichage. Même le panneau destiné à la sensibilisation des citoyens pour aller voter le 10 Mai a connu le même sort.
L’affichage sauvage, quant à lui, a pris bonne place sur les panneaux. Certains partis ne se sont pas contentés des emplacements qui leur ont été attribués, débordant, allègrement, sur ceux de leurs concurrents, à l’exemple de FLN qui a accaparé cinq places sur les panneaux d’affichage à Hussein-Dey, à la place du 1er-Mai et à Kouba.
LE BOYCOTT, UNE FATALITÉ
Le prochain scrutin du 10 mai est le dernier des soucis de la jeunesse et du citoyen algérien. Il semble que ce dernier est préoccupé par la cherté de la vie et les prix des produits de large consommation qui ne cessent de s’envoler, du jour au lendemain.
La majorité des Algériens ne s’intéressent plus aux élections comme auparavant. C’est surtout, le désespoir et l’indifférence totale du citoyen face aux tableaux d’affichage et de l’acte de vote. En effet, l’opinion en général dans les rues de la Capitale va entre ceux qui se désintéressent, totalement, de ce rendezvous électoral et ceux qui sont partisans d’un boycott plus réfléchi. Une virée à travers la Capitale nous a permis de sonder, à une semaine de la campagne, leur réaction face au volet affichage et surtout sur le prochain scrutin du 10 mai.
Les passants approchés ne cherchent pas à découvrir les affiches des partis et des candidats qui sont, d’ailleurs, inexistantes pour eux, alors que certains s’interrogent sur ce nombre impressionnant de candidats aux élections qui dépassent tout entendement. «Moi ce qui me préoccupe, c’est la pomme de terre à 120 DA, les prix des denrées alimentaires qui ne cessent d’augmenter, personne ne s’intéresse au simple citoyen, on fait appel à nous, juste, dans des occasions pareilles», nous dit une vieille dame rencontrée, hier, dans un marché à Kouba.
PAS DE CONFIANCE AU POUVOIR NI AUX CANDIDATS
«Moi je boycotte. On ne fait plus confiance au pouvoir ni au Parlement. Avec ce nombre impressionnant de nouveaux partis qui polluent la scène politique, le pauvre citoyen ne se retrouve plus, ils restent des gens inconnus, par ailleurs, ceux connus on ne leur fait pas confiance, parce qu’ils n’ont rien fait pour le citoyen, durant les mandats précédants.
Ce sont des opportunistes qui ne pensent qu’à s’enrichir», fulmine Mohammed, un jeune diplômé de la Faculté de droit. Pour Fifa, fonctionnaire: «Je n’ai jamais voté, idem pour cette fois-ci ! Tant qu’il n’y a pas de confiance entre le peuple et ses élus.» Un autres jeunes pizzaiolo nous a confié : « Je ne voterai pas parce que je ne me sens plus Algérien, parce que c’est kif-kif, rien ne va changer
C’est toujours les mêmes têtes qui reviennent, que l’on veuille on non.» Les jeunes pensent que le vote ne changera rien dans ce pays. «On en a marre des fausses promesses, c’est les mêmes marionnettes qui jouent depuis 50 ans», a relevé Abderrahmane. D’autres se demandent pourquoi donner leurs voix aux candidats qui ne pensent qu’à remplir leurs poches, allusion faite aux députés.
«Moi, je vais voter pour élire des députes qui vont toucher plus de 300 000 dinars», nous répond, Smaïl, un jeune musicien. Et de poursuivre: « Je n’ai pas pensé à demander ma carte d’électeur. Je n’ai jamais voté de ma vie, cela est le dernier de mes soucis». Enfin, une jeune femme nous surprend par sa réponse : « Qui mieux que moi peut défendre mes intérêts !!! Aucun des candidats, depuis des années, ne mérite que l’on vote pour lui.»
Louisa Ait Ramdane